28 FÉVRIER 2011

Quelques notes sur les chansons du film

Dans "La France", le récit s'interrompt parfois pour laisser les soldats chanter de façon singulière. Serge Bozon explique ses choix musicaux à contre-courant.

" Les mélodies sont plutôt d’inspiration anglo-saxonne, tentative de synthèse de la popsike anglaise (nerveuse, acide, rapide, comptine victorienne pervertie par l’arrogance) et de la sunshine pop californienne (solaire, éthérée, lente, horizontale, angélisme vocal alangui par la drogue), mais une synthèse enfouie, car les instruments et les conditions d’enregistrement n’ont rien à voir avec le matériel électrique en jeu (dans les deux genres cités) : ni basse, ni guitare, ni batterie, ni orgue, etc.

Au contraire, les acteurs ont joué en (son) direct et dans la nature, comme les poilus de 1917, sur des instruments (acoustiques) de fortune fabriqués, comme en 1917, à partir de matériaux de récupération : guitare « charbonnière », « choucroutophone », violon carré, épinette des Vosges, etc.

Pourquoi une telle synthèse ? Parce que l’idée du film de guerre comme trajectoire en plein air d’une petite unité en mouvement, loin du front, des états-majors et de l’affrontement quotidien, est anglo-saxonne (Walsh, Fuller, etc.), comme l’est l’horizon lointain du film d’aventure, sinon le goût de l’aventure. Le résultat : quatre chansons, composées et arrangées par Fugu et Benjamin Esdraffo."

Serge Bozon