Rachid Bouchareb : "Nous avons reconstitué un camp en pleine jungle pour travailler dans un réalisme total..."

« J’ai souvent tourné avec des non-professionnels. Avec les enfants le travail est difficile, mais ils possèdent deux richesses : leur innocence et leur curiosité. Dans ma collaboration avec eux, j'essaie surtout de les accompagner dans la traduction spontanée des sentiments et des émotions qu'ils me donnent sur le plateau.

Au moment du tournage, nous avons essayé de travailler dans un réalisme total. On avait construit un camp en pleine jungle, dénué de tout confort. Les enfants découvraient les scènes au jour le jour. Pour faciliter les choses, on avait fait un plan de tournage quasiment chronologique. La veille, on travaillait les scènes, on les lisait ensemble, et le jour du tournage, ils se retrouvaient devant la caméra un peu perdus, mais forcément spontanés! Pendant trois mois, cela a été physiquement difficile pour eux, non seulement à cause du lieu où nous tournions, mais aussi à cause des scènes qui, vers la fin du film, étaient assez éprouvantes. Et puis il a fallu compter également avec leur ras-le-bol… Ils en avaient parfois assez de jouer avec le cinéma !

Dès les premiers moments du casting, je me suis senti proche de ces enfants. Ils avaient beau parler une langue que je ne comprenais pas, je ne me sentais pas du tout perdu. Cette mixité qui est la leur faisait que je me sentais proche d’eux. Même si je ne suis pas issu d’un couple mixte, je suis né dans un pays qui n’est pas celui de mes parents et je porte en moi un mélange de cultures.

Et puis, ce n’est pas la première fois que je mets en scène des enfants et des adolescents. C’était déjà le cas avec Bâton rouge et Cheb. Peut-être parce que je suis encore un enfant. Peut-être parce que c'est là où se concentrent les souvenirs et les moments les plus forts de ma vie… »

Rachid Bouchareb