03 JUIN 2017

TéléCinéObs - Marie-Elisabeth Rouchy: Le Secret de l'enfant fourmi

"Révélée par Claude Lelouch ( Roman de gare, 2008), la bio d'Audrey dana déborde, addition d’expériences un peu folles, de paris dangereux et de zigzags heureux entre théâtre et cinéma. Elle circule en scooter. On l’imagine se faufilant comme un bolide entre les voitures dans les embouteillages. L’image vaut pour sa carrière, menée tambour battant, à l’arrache et aux coups de cœur : au pied du mur, elle est du genre à tout escalader. Pour le Secret de l’enfant fourmi, beau premier long-métrage de fiction de la documentariste Christine François, où une Française (qu’elle interprète) tente de comprendre pourquoi le petit Béninois qu’elle a adopté a été abandonné à la naissance, victime des pratiques d’infanticides rituels toujours en cours dans le pays, Audrey Dana n’a pas hésité à s’immerger plusieurs semaines au nord du Bénin, en pays Bariba. Chez l’actrice, la mère et la militante ne sont jamais loin. « Tous les jours, des centaines de milliers d’enfants sont tués sur le continent africain au nom de ces pratiques. Considérés comme des enfants sorciers, parce qu’ils naissent prématurés, ou qu’ils ne se présentent pas par la tête, visage tourné vers le ciel, ou parce que, quelques mois plus tard, comme c’est le cas dans le Secret de l’enfant fourmi, ils présentent de légères malformations, ils sont fracassés contre des arbres ou enterrés dans des termitières. Si le film ne servait qu’à sauver, ne serait-ce que deux de ces enfants, ce serait formidable. » Sujet fort, tournage épique mêlant comédiens professionnels et amateurs – des bariba, des militants, comme le père Pierre Bio-Sanou, et même le neveu d’un vrai bourreau – le film soulève des questions presque insolubles. « En se soumettant à ces rituels, les villageois pensent vraiment sauver leur village. Et leur croyance est si forte, si intense qu’on peut se demander si elles ne finiraient par pousser l’enfant maudit à leur faire du mal. Quel est le pouvoir de la sorcellerie ? Celui de la psychologie ? Des croyances ? Quand on arrive là-bas, on se cogne à des milliers de questions, on est dans une autre dimension, c’est presqu’un autre espace-temps. » L’actrice se fait généralement rare dans les médias. On la verra beaucoup ces temps-ci sur les plateaux de télévision et elle est déjà sur les starting-blocks pour une tournée de promotion au Bénin. « Une traversée du pays en bus avec un écran de projection pour pouvoir montrer le film dans les villages. Les réactions risquent d’être violentes. Sur le tournage, déjà, le simple fait qu’une actrice blanche présente un faux enfant sorcier à un faux villageois a déclenché une véritable panique chez les autochtones. C’était comme s’ils avaient vu le diable. » L’ONU s’est également emparé du Secret de l’enfant fourmi pour en faire le matériel d’une campagne contre ces pratiques infanticides."

"Révélée par Claude Lelouch ( Roman de gare, 2008), la bio d'Audrey dana déborde, addition d’expériences un peu folles, de paris dangereux et de zigzags heureux entre théâtre et cinéma. Elle circule en scooter. On l’imagine se faufilant comme un bolide entre les voitures dans les embouteillages. L’image vaut pour sa carrière, menée tambour battant, à l’arrache et aux coups de cœur : au pied du mur, elle est du genre à tout escalader.

Pour le Secret de l’enfant fourmi, beau premier long-métrage de fiction de la documentariste Christine François, où une Française (qu’elle interprète) tente de comprendre pourquoi le petit Béninois qu’elle a adopté a été abandonné à la naissance, victime des pratiques d’infanticides rituels toujours en cours dans le pays, Audrey Dana n’a pas hésité à s’immerger plusieurs semaines au nord du Bénin, en pays Bariba.

Chez l’actrice, la mère et la militante ne sont jamais loin. « Tous les jours, des centaines de milliers d’enfants sont tués sur le continent africain au nom de ces pratiques. Considérés comme des enfants sorciers, parce qu’ils naissent prématurés, ou qu’ils ne se présentent pas par la tête, visage tourné vers le ciel, ou parce que, quelques mois plus tard, comme c’est le cas dans le Secret de l’enfant fourmi, ils présentent de légères malformations, ils sont fracassés contre des arbres ou enterrés dans des termitières. Si le film ne servait qu’à sauver, ne serait-ce que deux de ces enfants, ce serait formidable. »

Sujet fort, tournage épique mêlant comédiens professionnels et amateurs – des bariba, des militants, comme le père Pierre Bio-Sanou, et même le neveu d’un vrai bourreau – le film soulève des questions presque insolubles. « En se soumettant à ces rituels, les villageois pensent vraiment sauver leur village. Et leur croyance est si forte, si intense qu’on peut se demander si elles ne finiraient par pousser l’enfant maudit à leur faire du mal. Quel est le pouvoir de la sorcellerie ? Celui de la psychologie ? Des croyances ? Quand on arrive là-bas, on se cogne à des milliers de questions, on est dans une autre dimension, c’est presqu’un autre espace-temps. »

L’actrice se fait généralement rare dans les médias. On la verra beaucoup ces temps-ci sur les plateaux de télévision et elle est déjà sur les starting-blocks pour une tournée de promotion au Bénin. « Une traversée du pays en bus avec un écran de projection pour pouvoir montrer le film dans les villages. Les réactions risquent d’être violentes. Sur le tournage, déjà, le simple fait qu’une actrice blanche présente un faux enfant sorcier à un faux villageois a déclenché une véritable panique chez les autochtones. C’était comme s’ils avaient vu le diable. » L’ONU s’est également emparé du Secret de l’enfant fourmi pour en faire le matériel d’une campagne contre ces pratiques infanticides."