03 JUIN 2017

Télérama - Frédéric Strauss: L'Exercice de l'Etat

" L'Exercice de l'Etat entre de plein fouet dans une matière bien plus intéressante qu'une reconstitution du décorum politique : la politique au quotidien, là où elle se fait, en marge des guerres de partis. (...) Le carburant du film, c'est le travail, les relations de ce ministre des Transports avec ses collaborateurs. Un directeur de cabinet (Michel Blanc), une chargée de communication (Za­bou Breitman), des conseillers, et aussi un chauffeur, chômeur de longue durée, recruté dans le cadre d'un contrat initiative emploi. Cet homme, joué par un non-professionnel (belle intuition dans ce choix), est comme le cobaye d'un système politique où tout ce qui est problème doit devenir solution, illico. L'équipe de Saint-Jean est chargée de prouver que ça marche : trouver un passeport en urgence à la fille du ministre ou reprendre la main sur un dossier. Problème, solution, toujours... On y croirait presque. Saint-Jean y croit totalement. Pierre Schoeller, pas du tout. (...) Comment tenir la route (en politique), comment garder le cap ? La dimension de parabole est évidente, mais jamais théorique. Pour faire du chômeur un chauffeur expert, on le met au volant les yeux bandés. Il doit juste obéir aux ordres qui lui sont donnés. Ça marche, mais ça fait froid dans le dos, et pas seulement symboliquement. L'Exercice de l'Etat est un film en tension constante, et c'est sa grande réussite. Musique tonitruante sur image de ministère feutré, sms s'affichant sur l'écran, visions de rêve ou de cauchemar hantant Saint-Jean, parole politique dans tous ses états (des petites phrases à un discours de Mal­raux) : toutes sortes de matériaux sonores et visuels se télescopent pour créer une matière cinématographique dense, originale. Avec un regard inquiet, Pierre Schoeller nous montre la politique sous un jour parfois presque désespérant, mais toujours passionnant. Ce film-là manquait. Il nous comble."

" L'Exercice de l'Etat entre de plein fouet dans une matière bien plus intéressante qu'une reconstitution du décorum politique : la politique au quotidien, là où elle se fait, en marge des guerres de partis.

(...) Le carburant du film, c'est le travail, les relations de ce ministre des Transports avec ses collaborateurs. Un directeur de cabinet (Michel Blanc), une chargée de communication (Za­bou Breitman), des conseillers, et aussi un chauffeur, chômeur de longue durée, recruté dans le cadre d'un contrat initiative emploi. Cet homme, joué par un non-professionnel (belle intuition dans ce choix), est comme le cobaye d'un système politique où tout ce qui est problème doit devenir solution, illico. L'équipe de Saint-Jean est chargée de prouver que ça marche : trouver un passeport en urgence à la fille du ministre ou reprendre la main sur un dossier. Problème, solution, toujours... On y croirait presque. Saint-Jean y croit totalement. Pierre Schoeller, pas du tout.

(...) Comment tenir la route (en politique), comment garder le cap ? La dimension de parabole est évidente, mais jamais théorique. Pour faire du chômeur un chauffeur expert, on le met au volant les yeux bandés. Il doit juste obéir aux ordres qui lui sont donnés. Ça marche, mais ça fait froid dans le dos, et pas seulement symboliquement. L'Exercice de l'Etat est un film en tension constante, et c'est sa grande réussite. Musique tonitruante sur image de ministère feutré, sms s'affichant sur l'écran, visions de rêve ou de cauchemar hantant Saint-Jean, parole politique dans tous ses états (des petites phrases à un discours de Mal­raux) : toutes sortes de matériaux sonores et visuels se télescopent pour créer une matière cinématographique dense, originale. Avec un regard inquiet, Pierre Schoeller nous montre la politique sous un jour parfois presque désespérant, mais toujours passionnant. Ce film-là manquait. Il nous comble."