30 AVRIL 2020

Télérama - Louis Guichard: Au bout du conte

" Qui n'a jamais été, ou ne sera un jour, cette jeune fille préoccupée avant tout d'elle-même et de trouver son prince charmant ? Pour Agnès Jaoui, une telle rêveuse mérite des gifles et rien d'autre. Voilà l'ambiance d'Au bout du conte, comédie sentimentale qui distille son humanisme au goutte-à-goutte, entre deux giclées de fiel. Depuis Cuisine et dépendances, la première pièce écrite par Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, en passant par Le Goût des autres, leur grand hit au cinéma, la formule reste identique : un portrait de groupe imprégné de l'air du temps. Des milieux sociaux qui se croisent. Des personnages qui disent leurs quatre vérités à d'autres, avant d'être rattrapés par la leur. Que viennent faire les contes de fées dans cette histoire, de Cendrillon à Blanche-Neige ? Ils dessinent un sous-texte, une cartographie imaginaire de l'intrigue. Visuellement, le film y gagne, tiré vers une stylisation pas si éloignée d'Alain Resnais (qui mit en scène deux scénarios du tandem Jaoui-Bacri). Le merveilleux croise aussi l'un des thèmes d'Au bout du conte : ces croyances, ces aveuglements qui nous guident ou nous piègent. (...) Les Jaoui-Bacri sont même de moins en moins donneurs de leçons. Ils montrent des gens qui se débrouillent comme ils peuvent avec ce qu'ils n'ont pas ou plus. Et avec les consignes sociales, la compétition dans le travail. De l'amoureuse éconduite au musicien contraint, pour réussir, de sacrifier une amitié, les jeunes perdent tous leur innocence. Les vieux perdent parfois leur contenance — belle crise de larmes de Bacri devant son fils. Le film absout les parents fatigués de raconter à leurs enfants qu' " on va au ciel après la mort ". Prône l'acceptation bienveillante de l'infidélité dans un couple. Et comme tout finit plutôt bien, Agnès Jaoui nous ferait presque croire qu'on peut vivre plus heureux avec moins d'illusions..."

" Qui n'a jamais été, ou ne sera un jour, cette jeune fille préoccupée avant tout d'elle-même et de trouver son prince charmant ? Pour Agnès Jaoui, une telle rêveuse mérite des gifles et rien d'autre. Voilà l'ambiance d'Au bout du conte, comédie sentimentale qui distille son humanisme au goutte-à-goutte, entre deux giclées de fiel. Depuis Cuisine et dépendances, la première pièce écrite par Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, en passant par Le Goût des autres, leur grand hit au cinéma, la formule reste identique : un portrait de groupe imprégné de l'air du temps. Des milieux sociaux qui se croisent. Des personnages qui disent leurs quatre vérités à d'autres, avant d'être rattrapés par la leur.

Que viennent faire les contes de fées dans cette histoire, de Cendrillon à Blanche-Neige ? Ils dessinent un sous-texte, une cartographie imaginaire de l'intrigue. Visuellement, le film y gagne, tiré vers une stylisation pas si éloignée d'Alain Resnais (qui mit en scène deux scénarios du tandem Jaoui-Bacri). Le merveilleux croise aussi l'un des thèmes d'Au bout du conte : ces croyances, ces aveuglements qui nous guident ou nous piègent. (...)

Les Jaoui-Bacri sont même de moins en moins donneurs de leçons. Ils montrent des gens qui se débrouillent comme ils peuvent avec ce qu'ils n'ont pas ou plus. Et avec les consignes sociales, la compétition dans le travail. De l'amoureuse éconduite au musicien contraint, pour réussir, de sacrifier une amitié, les jeunes perdent tous leur innocence. Les vieux perdent parfois leur contenance — belle crise de larmes de Bacri devant son fils. Le film absout les parents fatigués de raconter à leurs enfants qu' " on va au ciel après la mort ". Prône l'acceptation bienveillante de l'infidélité dans un couple. Et comme tout finit plutôt bien, Agnès Jaoui nous ferait presque croire qu'on peut vivre plus heureux avec moins d'illusions..."