03 JUIN 2017

Télérama - Louis Guichard: La Faute à Voltaire

"... il a tout pour être un film dossier de plus et échappe pourtant au simple constat social. S'il évoque la galère d'un étranger à Paris, c'est aussi le récit impressionniste d'un parcours sentimental et sexuel, mais encore un film sur la solitude, sur l'entraide, sur l'envie de vivre (..) l'histoire se divise en deux blocs qui tournent chacun autour d'une fille différente (...) Kechiche se révèle le plus inspiré, à la fois comme auteur et comme metteur en scène lorsqu'il filme Aure Atika (La vérité si je mens !, et autres comédies plus ou moins mémorables) telle qu'on ne l'avait jamais vue, en mère célibataire blessée et endurcie par une première vie ratée. Il capte des moments d'intimité où se mêlent la gêne et le désir, la frustration et la tendresse. Il mise avec succès sur le frémissement des gros plans et sur la durée des scènes. Le même étirement fructueux et le même trouble caractérisent la fin de l'« épisode Nassera » sur les marches d'une mairie où s'échoue le rêve de Jallel de devenir français via un mariage d'amour. Terriblement réaliste quant aux conséquences ultimes de la solitude et du découragement, c'est dans un service psychiatrique que le film rebondit. Et sous les traits d'une seconde fille (pensionnaire du lieu, comme Jallel), aussi ouvertement fêlée et sexuellement vorace que la précédente feignait la solidité et se dérobait aux étreintes : Elodie Bouchez, alias Lucie. Nouvelle souffrance, nouvelle chance. Il s'agit cette fois de s'en sortir à deux, c'est-à-dire de hisser hors de l'eau la tête de l'autre pour respirer soi-même..."

"... il a tout pour être un film dossier de plus et échappe pourtant au simple constat social. S'il évoque la galère d'un étranger à Paris, c'est aussi le récit impressionniste d'un parcours sentimental et sexuel, mais encore un film sur la solitude, sur l'entraide, sur l'envie de vivre (..) l'histoire se divise en deux blocs qui tournent chacun autour d'une fille différente (...) Kechiche se révèle le plus inspiré, à la fois comme auteur et comme metteur en scène lorsqu'il filme Aure Atika (La vérité si je mens !, et autres comédies plus ou moins mémorables) telle qu'on ne l'avait jamais vue, en mère célibataire blessée et endurcie par une première vie ratée. Il capte des moments d'intimité où se mêlent la gêne et le désir, la frustration et la tendresse.

Il mise avec succès sur le frémissement des gros plans et sur la durée des scènes. Le même étirement fructueux et le même trouble caractérisent la fin de l'« épisode Nassera » sur les marches d'une mairie où s'échoue le rêve de Jallel de devenir français via un mariage d'amour.

Terriblement réaliste quant aux conséquences ultimes de la solitude et du découragement, c'est dans un service psychiatrique que le film rebondit. Et sous les traits d'une seconde fille (pensionnaire du lieu, comme Jallel), aussi ouvertement fêlée et sexuellement vorace que la précédente feignait la solidité et se dérobait aux étreintes : Elodie Bouchez, alias Lucie. Nouvelle souffrance, nouvelle chance. Il s'agit cette fois de s'en sortir à deux, c'est-à-dire de hisser hors de l'eau la tête de l'autre pour respirer soi-même..."