03 JUIN 2017

Télérama - Mathilde Blottière: Notre pain quotidien

"... une série de tableaux futuristes, comme sortis d'une imagination malade. Dépeçage des porcs, ramassage des choux ou triage des poussins : rien ne nous est épargné, mais tout est horriblement sublimé. Dans cet univers privé de paroles et saturé de nourriture, les abattoirs briqués succèdent aux serres immenses et les combinaisons high-tech frôlent les chairs à nu. Invariablement, la mécanique finit par envahir le cadre. Ici, c'est un avion qui largue une pluie de pesticides sur un champ de tournesols ; là, un bras métallique qui secoue un olivier comme un hochet. Un glissement ironique s'opère : les machines semblent se mouvoir toutes seules, comme dotées d'une intelligence propre, tandis que les travailleurs accomplissent les gestes automatiques du travail à la chaîne. Mais le plus dérangeant est sans doute de savoir qu'en bout de chaîne il y a notre estomac (...) Terrifiant panorama d'une industrie devenue folle, Notre pain quotidien nous convie à l'ultime bombance, un vrai repas de funérailles."

"... une série de tableaux futuristes, comme sortis d'une imagination malade. Dépeçage des porcs, ramassage des choux ou triage des poussins : rien ne nous est épargné, mais tout est horriblement sublimé. Dans cet univers privé de paroles et saturé de nourriture, les abattoirs briqués succèdent aux serres immenses et les combinaisons high-tech frôlent les chairs à nu.

Invariablement, la mécanique finit par envahir le cadre. Ici, c'est un avion qui largue une pluie de pesticides sur un champ de tournesols ; là, un bras métallique qui secoue un olivier comme un hochet. Un glissement ironique s'opère : les machines semblent se mouvoir toutes seules, comme dotées d'une intelligence propre, tandis que les travailleurs accomplissent les gestes automatiques du travail à la chaîne.

Mais le plus dérangeant est sans doute de savoir qu'en bout de chaîne il y a notre estomac (...) Terrifiant panorama d'une industrie devenue folle, Notre pain quotidien nous convie à l'ultime bombance, un vrai repas de funérailles."