03 SEPTEMBRE 2018

Télérama - Nicolas Didier: The Ride

"À l’instar de la Chinoise Chloé Zhao (Les Chansons que mes frères m’ont apprises), la Française Stéphanie Gillard prend fait et cause pour les Indiens d’Amérique. Dans ce documentaire remarquable — son premier long métrage —, elle suit la trace de dizaines de cavaliers sioux lakota, à travers les plaines battues par le vent glacial et les reliefs rocailleux du Dakota du Sud. Chaque hiver, quinze jours durant, ils parcourent 450 kilomètres pour commémorer le massacre de leurs ancêtres à Wounded Knee par le 7e régiment de cavalerie, en décembre 1890. Dans ces paysages majestueux, la cinéaste accompagne leur avancée par des travellings fluides, comme John Ford le faisait dans La Prisonnière du désert (1956). Le périple devient alors une école de vie, où les aînés transmettent aux plus jeunes la culture séculaire et les valeurs de la tribu (le courage, l’abnégation…). Franchissant les barbelés, coupant à travers champs, les Sioux tracent leur propre chemin, hors du temps, hors de la civilisation, comme si la colonisation blanche n’avait jamais eu lieu — voir leur passage, puissamment allégorique, sous un pont autoroutier. Par ce beau geste de cinéma, Stéphanie Gillard leur redonne leur dignité et leur restitue leurs terres."

"À l’instar de la Chinoise Chloé Zhao (Les Chansons que mes frères m’ont apprises), la Française Stéphanie Gillard prend fait et cause pour les Indiens d’Amérique. Dans ce documentaire remarquable — son premier long métrage —, elle suit la trace de dizaines de cavaliers sioux lakota, à travers les plaines battues par le vent glacial et les reliefs rocailleux du Dakota du Sud. Chaque hiver, quinze jours durant, ils parcourent 450 kilomètres pour commémorer le massacre de leurs ancêtres à Wounded Knee par le 7e régiment de cavalerie, en décembre 1890.

Dans ces paysages majestueux, la cinéaste accompagne leur avancée par des travellings fluides, comme John Ford le faisait dans La Prisonnière du désert (1956). Le périple devient alors une école de vie, où les aînés transmettent aux plus jeunes la culture séculaire et les valeurs de la tribu (le courage, l’abnégation…). Franchissant les barbelés, coupant à travers champs, les Sioux tracent leur propre chemin, hors du temps, hors de la civilisation, comme si la colonisation blanche n’avait jamais eu lieu — voir leur passage, puissamment allégorique, sous un pont autoroutier. Par ce beau geste de cinéma, Stéphanie Gillard leur redonne leur dignité et leur restitue leurs terres."