03 JUIN 2017

Télérama - Pierre Murat: Baby Balloon

" Voici un film très « belge » : le seul cinéma actuel à mêler avec naturel un hyperréalisme, par moments sordide, à des bons sentiments à l'italienne, style Vittorio De Sica. Comme son confrère Felix Van Groeningen dans La Merditude des choses, Stefan Liberski filme de petites gens pas vraiment fins, ni délicats, mais au coeur gros comme ça : des rescapés, toujours vaillants, d'une société en friche. Les effets de la crise mondiale, on la sent dans les paysages industriels sinistrés que traverse l'héroïne. Dans le personnage de la mère, aussi, saisie de « fièvre acheteuse », accumulant, comme pour conjurer son angoisse, des appareils ménagers inutiles... Autre médoc antistress : l'humour. Belge, forcément : moitié provoc, moitié dérision. Dans une scène loufoque, les « bitches » de Bici s'en prennent aux sandwichs dégueu d'un marchand de frites sinistre : moment irrésistible et dérangeant... Modeste et rythmé, le film repose sur l'entrain et le naturel d'Ambre Grouwels. Bici se déguise en lapin rose, couvre de couleurs son visage pour tenter de masquer son corps, rit beaucoup, pleure un peu devant l'échec de son amourette adolescente. Et elle chante... Sur scène, face au public, elle ressemble, brusquement, aux héroïnes des mélos d'autrefois, sauvées par leur art : Judy Garland dans Une étoile est née, Barbra Streisand dans Funny Girl."

" Voici un film très « belge » : le seul cinéma actuel à mêler avec naturel un hyperréalisme, par moments sordide, à des bons sentiments à l'italienne, style Vittorio De Sica. Comme son confrère Felix Van Groeningen dans La Merditude des choses, Stefan Liberski filme de petites gens pas vraiment fins, ni délicats, mais au coeur gros comme ça : des rescapés, toujours vaillants, d'une société en friche. Les effets de la crise mondiale, on la sent dans les paysages industriels sinistrés que traverse l'héroïne.

Dans le personnage de la mère, aussi, saisie de « fièvre acheteuse », accumulant, comme pour conjurer son angoisse, des appareils ménagers inutiles... Autre médoc antistress : l'humour. Belge, forcément : moitié provoc, moitié dérision. Dans une scène loufoque, les « bitches » de Bici s'en prennent aux sandwichs dégueu d'un marchand de frites sinistre : moment irrésistible et dérangeant...

Modeste et rythmé, le film repose sur l'entrain et le naturel d'Ambre Grouwels. Bici se déguise en lapin rose, couvre de couleurs son visage pour tenter de masquer son corps, rit beaucoup, pleure un peu devant l'échec de son amourette adolescente. Et elle chante... Sur scène, face au public, elle ressemble, brusquement, aux héroïnes des mélos d'autrefois, sauvées par leur art : Judy Garland dans Une étoile est née, Barbra Streisand dans Funny Girl."