Télérama - Pierre Murat: Les Invasions barbares
" Si le film a provoqué l'enthousiasme du festival de Cannes, et s'il suscite immédiatement la connivence, l'entente et la complicité, c'est que Denys Arcand s'en est allé frôler, tout près, la vérité du sentiment. En révélant, en chaque être, son « insoutenable légèreté », comme dirait Milan Kundera. A savoir sa lucidité, sa dérision et sa tendresse. Denys Arcand n'est pas un délicat. Il fonce, il râle, il dénonce. Son ironie est aussi féroce que son humanisme. S'il lance quelques flèches acérées sur le système social canadien des hôpitaux pas terribles où personne ne veut aller, des syndicats terribles auxquels personne ne peut échapper , il tonne, aussi, contre les bien-pensants, les hypocrites, les catholiques. Mieux vaut aller en enfer, fanfaronne Rémy, que de « jouer de la harpe sur un nuage, assis entre Jean-Paul II, un Polonais sinistre, et mère Teresa, une Albanaise gluante ». Pour Denys Arcand, seule la veulerie est impardonnable. Avec leurs faiblesses et leurs blessures, ses personnages se découvrent le courage de violer les règles s'il s'agit de porter assistance à un ami en danger. Mais, pas un instant, ces blessés, ces désenchantés de la vie n'accepteraient l'idée d'être lâches. A commencer par Nathalie (Marie-Josée Croze, prix d'interprétation à Cannes), une droguée, une paumée, que le cinéaste choisit pour emblème, pour bouée de sauvetage. Ce sera à cette jeune femme, brinquebalante et solide, de résister à ce que l'empire américain, encore triomphant, a de redoutable. Et à toutes ces invasions barbares qui le menacent."
" Si le film a provoqué l'enthousiasme du festival de Cannes, et s'il
suscite immédiatement la connivence, l'entente et la complicité, c'est
que Denys Arcand s'en est allé frôler, tout près, la vérité du
sentiment. En révélant, en chaque être, son « insoutenable légèreté »,
comme dirait Milan Kundera. A savoir sa lucidité, sa dérision et sa
tendresse.
Denys Arcand n'est pas un délicat. Il fonce, il râle, il dénonce. Son
ironie est aussi féroce que son humanisme. S'il lance quelques flèches
acérées sur le système social canadien des hôpitaux pas terribles où
personne ne veut aller, des syndicats terribles auxquels personne ne
peut échapper , il tonne, aussi, contre les bien-pensants, les
hypocrites, les catholiques. Mieux vaut aller en enfer, fanfaronne
Rémy, que de « jouer de la harpe sur un nuage, assis entre Jean-Paul
II, un Polonais sinistre, et mère Teresa, une Albanaise gluante ».
Pour Denys Arcand, seule la veulerie est impardonnable. Avec leurs
faiblesses et leurs blessures, ses personnages se découvrent le courage
de violer les règles s'il s'agit de porter assistance à un ami en
danger. Mais, pas un instant, ces blessés, ces désenchantés de la vie
n'accepteraient l'idée d'être lâches. A commencer par Nathalie
(Marie-Josée Croze, prix d'interprétation à Cannes), une droguée, une
paumée, que le cinéaste choisit pour emblème, pour bouée de sauvetage.
Ce sera à cette jeune femme, brinquebalante et solide, de résister à ce
que l'empire américain, encore triomphant, a de redoutable. Et à toutes
ces invasions barbares qui le menacent."