28 FÉVRIER 2011

Walter Salles : "Trouver cette étincelle constante"

Dora ? Une femme telle qu'on en rencontre tous les jours... interprétée par une actrice exceptionnelle, Fernanda Montenegro... " qui est un peu notre Gena Rowlands ou notre Giulietta Masina", s'enthousiasme le réalisateur de "Central do Brasil".

" Dora, c’est une femme que l’on rencontre tous les jours dans la rue. Elle fait partie de ces gens aigris dans les années 1970-1980, qui ont coupé toutes relations avec ceux qui sont différents d’eux et qui n’ont aucun problème moral à vivre de petites mesquineries. Les gens se reconnaissent en elle parce que, d’une manière ou d’une autre, tout le monde a plus ou moins exercé ce genre d’action.Le film fait passer des valeurs universelles, comme le respect et l’amour de son prochain… mais sans entrer dans une défense des valeurs chrétiennes. S’il y a quelque chose qui ne m’intéresse pas du tout en tant que spectateur ou réalisateur, c’est justement la catéchisation.Par contre, le fait que Dora puisse avoir une deuxième chance à travers le contact avec l’enfant crée une relation intéressante avec le public. Fernanda Montenegro est une actrice exceptionnelle d’intelligence et d’intuition. Elle a compris combien ce personnage était représentatif d’une situation qui transcendait le personnage en lui-même. Et elle a commencé à le vivre d’une telle manière, qu’elle n’arrivait pas à s’en défaire après le tournage. Pour nous, Fernanda Montenegro est un peu notre Gena Rowlands ou notre Giulietta Masina. Comme elle fait beaucoup de pièces de théâtre, souvent difficiles et qui durent des années, elle fait peu de films. D’ailleurs, quand elle est arrivée sur le tournage, elle avait l’impression de débuter !

Le rôle a été écrit pour elle et cela faisait dix ans qu’on essayait de trouver un sujet pour travailler ensemble. Elle est arrivée avec une croyance, quelque chose qui tenait presque de la foi, et même de la foi adolescente ! Tout lui semblait possible. La distance entre le personnage et Fernanda s’est réduite très clairement à mesure que l’on avançait dans le désert brésilien. Elle n’a jamais refusé de travailler quinze heures par jour pour tenter de trouver cette étincelle constante. Et cela a eu un effet contagieux sur toute l’équipe..."

Walter Salles