Réalisation

Michaël Prazan

En 1892, Ellis Island, dans la baie de New York, devient la principale porte d&rsquo;entr&eacute;e aux &Eacute;tats-Unis pour les immigrants qui arrivent de plus en plus nombreux d&rsquo;Europe. Inaugur&eacute; en 1900, apr&egrave;s un incendie qui a ravag&eacute; les anciens b&acirc;timents, l&rsquo;immense centre aujourd&rsquo;hui transform&eacute; en mus&eacute;e va voir passer, jusqu&rsquo;&agrave; sa fermeture, quelque 12 millions de personnes. Parmi elles, l&rsquo;actrice Pola Negri ou le producteur de cin&eacute;ma Sam Goldwyn, venus de Pologne, l&rsquo;&eacute;crivain tch&egrave;que George Voskovec, le gamin sicilien Salvatore Lucania, qui deviendra le chef supr&ecirc;me de la mafia sous le nom de Lucky Luciano, l&rsquo;Irlandais William O&#39;Dwyer, futur maire de New York... Comme les autres, ils ont travers&eacute; l&#39;Atlantique pour fuir une existence mis&eacute;rable, pers&eacute;cut&eacute;e ou incertaine en Europe, vers une nouvelle Terre promise qui ne les accueille pas toujours &agrave; bras ouverts. En tirant les fils de ces quelques destin&eacute;es exemplaires, qui font &eacute;cho &agrave; d&rsquo;autres voix anonymes, ce documentaire montre combien, face aux drames europ&eacute;ens de la premi&egrave;re moiti&eacute; du XXe si&egrave;cle, l&rsquo;Am&eacute;rique fut ambivalente. Mais il explique aussi pourquoi ces parias irlandais, juifs et italiens brocard&eacute;s par les x&eacute;nophobes vont renouveler et incarner le&nbsp;&quot; r&ecirc;ve am&eacute;ricain &quot;. Des archives, souvent poignantes, tissent avec fluidit&eacute; les souvenirs des &eacute;migrants et la parole des historiens pour un voyage passionnant dans la m&eacute;moire complexe du melting-pot am&eacute;ricain.

Ellis Island, une histoire du rêve américain

Originaire de Varsovie, Abram Prazan arrive en France dans les ann&eacute;es 1920. &Agrave; Paris, il &eacute;pouse Estera. Juive polonaise comme lui, elle vient d&#39;un shtetl de la r&eacute;gion de Lodz. Deux enfants naissent&nbsp;: Jeannette, en 1932, et Bernard, trois ans plus tard. Abram ouvre deux boucheries&nbsp;; ses affaires tournent bien jusqu&#39;&agrave; la guerre. Apr&egrave;s la d&eacute;b&acirc;cle de 1940, la mise en &oelig;uvre par P&eacute;tain de la politique de collaboration avec l&#39;occupant donne lieu &agrave; des lois antis&eacute;mites. D&#39;abord exclus de presque toutes les professions, les juifs sont ensuite spoli&eacute;s de leurs biens, puis arr&ecirc;t&eacute;s et d&eacute;port&eacute;s. D&egrave;s mai 1941, Abram est intern&eacute; au camp de Pithiviers dans le Loiret. D&eacute;port&eacute; &agrave; Auschwitz-Birkenau, il n&#39;en reviendra pas. Pas plus qu&#39;Estera, d&eacute;tenue &agrave; Drancy et d&eacute;port&eacute;e &agrave; son tour en juillet 1942. Gis&egrave;le, sa s&oelig;ur, d&eacute;cide de faire quitter Paris &agrave; ses neveux, dont elle a d&eacute;sormais la charge. Elle les confie &agrave; une jeune femme qui doit les faire passer en zone libre. Gr&acirc;ce &agrave; elle, Bernard et Jeannette vont vivre&hellip;

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Avant que Bernard, son p&egrave;re, n&#39;accepte en 2006 de participer &agrave; une collecte de t&eacute;moignages de la Fondation pour la m&eacute;moire de la Shoah, l&#39;&eacute;crivain et documentariste Micha&euml;l Prazan en savait peu sur ce qu&#39;avait &eacute;t&eacute; son enfance meurtrie. Dans ce film en forme d&#39;enqu&ecirc;te, le t&eacute;moignage de Bernard tient une large place. Alors septuag&eacute;naire, il raconte l&#39;histoire de ses parents, sa vie d&#39;enfant cach&eacute; en zone libre, priv&eacute; d&#39;&eacute;cole et ballot&eacute; de ferme en ferme. Mais il en dit peu sur la &quot;passeuse&quot; qui lui a fait franchir la ligne de d&eacute;marcation, et sur les relations troubles de cette derni&egrave;re avec le gestapiste fran&ccedil;ais Pierre Lussac. Au terme de minutieuses recherches, le r&eacute;alisateur parvient &agrave; la retrouver &agrave; Houlgate, sur la c&ocirc;te normande. Th&eacute;r&egrave;se L., rescap&eacute;e des camps, raconte &agrave; son tour. Fruit d&#39;un patient travail d&#39;enqu&ecirc;te, de recoupements et de doutes, le film de Micha&euml;l Prazan repr&eacute;sente aussi le vibrant cri d&#39;amour d&#39;un fils &agrave; son p&egrave;re.

La passeuse des Aubrais, 1942

L'Armée rouge

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Michaël Prazan

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