"Imaginez toutes les cathédrales de France réunies dans une grande forêt." Au Cambodge, la forêt tropicale a envahi l'ancienne capitale khmère, mais les vestiges des sanctuaires érigés par les souverains successifs, entre le VIIIe siècle et l'abandon d'Angkor en 1431, témoignent de son influence passée. Comment la cité est-elle née et s'est-elle développée jusqu'à devenir la plus grande ville jamais édifiée au XIIIe siècle ? Près de cent cinquante ans après leur découverte, ses ruines émouvantes et spectaculaires commencent tout juste à livrer leurs secrets. Grâce à un laser révolutionnaire, des scientifiques ont réussi à relever les empreintes laissées par les bâtiments disparus, et à reconstituer la topographie des lieux et les vagues d'expansion de la ville. Mais c'est à un archéologue français que l'on doit la résolution d'une énigme tenace : en étudiant le site de Koh Ker, où fut déplacée la capitale au cours d'une parenthèse de vingt ans, Éric Bourdonneau a levé le voile sur le fonctionnement des temples, le sens de leur architecture et de leur statuaire, dominée par des représentations des dieux Shiva et Yama. Monuments funéraires, ces constructions avaient pour vocation de préparer le passage des rois khmers dans l'au-delà. Une théorie que confirment les statues et moulages légués par Louis Delaporte – l'un des premiers explorateurs de la cité cambodgienne – et exhumés de la cave de l'abbaye de Saint-Riquier, dans la baie de Somme, par Pierre Baptiste, conservateur au musée Guimet. De son côté, aiguillé par la découverte d'un tronc d'arbre sacré à Angkor Thom, l'archéologue Jacques Gaucher aurait identifié le centre historique, politique et religieux de l'empire…

Trésors inestimables
Captivant de bout en bout, Angkor redécouvert propose un tour d'horizon des dernières avancées scientifiques en retraçant, non sans suspense, les étapes qui ont conduit les archéologues français à percer les mystères de la cité endormie, dont la beauté fascinante habite le film. Le documentaire met ainsi en évidence le rôle fondamental des dessins et moulages rapportés par Louis Delaporte pour la recherche actuelle. Conservés en France, ces trésors apparaissent d'autant plus inestimables qu'un champignon altère inexorablement le grès des monuments d'Angkor, menaçant, à terme, d'engloutir à jamais les secrets de la civilisation khmère.

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