Liste de lecture deChantal Akerman
0 filmAprès son service militaire, Antoine Doinel, toujours amoureux de Christine, cherche un emploi. Après s'être fait renvoyer d'un travail de veilleur de nuit, il est engagé dans une agence de détective privé où on lui confie une mission dans un magasin de chaussures. Le propriétaire, Mr Tabard, cherche à découvrir la raison de la haine de ses clients et de sa femme à son égard... Truffaut retrouve son personnage des "400 coups" devenu adulte et suit avec légèreté ses aventures amoureuses sur fond de Charles Trénet. Prix Louis Delluc 1968 # Version restaurée et remastérisée HD
Premier rôle : Jean-Pierre Léaud
Premier rôle : Claude Jade
Premier rôle : Delphine Seyrig
Premier rôle : Michael Lonsdale
Premier rôle : Daniel Ceccaldi
Premier rôle : Marie-France Pisier
Second rôle : Claire Duhamel
Second rôle : Harry-Max
Second rôle : André Falcon
Second rôle : Catherine Lutz
Second rôle : Paul Pavel
Second rôle : Serge Rousseau
Second rôle : François Darbon
Second rôle : Albert Simono
Second rôle : Christine Pellé
Second rôle : Jacques Rispal
Second rôle : Martine Brochard
Second rôle : Robert Cambourakis
Réalisation : François Truffaut
Scénario : François Truffaut
Scénario : Claude de Givray
Scénario : Bernard Revon
Producteur : Les Artistes Associés
Producteur : Les Films du Carrosse
Directeur de la photo : Denys Clerval
Montage : Agnès Guillemot
Son : René Levert
Musique originale : Charles Trenet
Musique originale : Antoine Duhamel
Décors : Claude Pignot
Dialogues : François Truffaut
Dialogues : Bernard Revon
Dialogues : Claude de Givray
- Type de film : Long métrage
- Couleur : Couleur
- Langue : Français
- Date de production : 1968
- Pays de production : France
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Critiques (4)
- Le Figaro littéraire - Claude Mauriac, 23/09/1968: Baisers volés" Il y a des films qui rendent un son si juste, qui apparaissent d'une telle qualité que l'on craint que le miracle ne puisse se poursuivre. A la moindre lenteur, ou si une scène semble un peu plus appuyée, un peu moins naturelle que les autres, on s'inquiète. Parfois l’œuvre bascule, et c'en est fini de notre émerveillement. Mais il arrive que le rythme reprenne et que nous retrouvions notre joie un instant menacée (...)
Jean-Pierre Léaud (qui ressemble physiquement à ce qu'était François Truffaut à son âge) interprète dans Baisers volés le même personnage que celui des Quatre Cents Coups. Antoine Doinel, s'il a dix ans de plus, est demeuré aussi juvénile, maladroit et charmant (...)
Si sensible, nuancé, vrai que soit Baisers volés, il y a des séquences plus proches du cinéma que de la vie. Entendez : traitées avec un brio et une intelligence particulières, mais dans le ton habituel des films. Scènes un peu trop bien agencées, à la limite de l’artifice, personnages inventés (...)
Jean Pierre Léaud a, dans Baisers volés, le même naturel, retrouvé dans tous ses films. Il n'a jamais joué d'autres personnages que le sien, d’où sa vérité et son pouvoir sur nous. Nous l'aimons sans le connaître. Il est à l’image de ce que nous avons de plus faible, de plus menacé, de meilleur. "
- Les Lettres françaises - Gérard Langlois, 11/09/1968: Baisers volés" Nous avions laissé, à la fin des Quatre-cents coups, Jean-Pierre Léaud, face à une mer calme, seul décor non clos d’un film entièrement construit en fonction de cadres familiers, quotidiens, étouffants. Cette ultime évasion de Leaud allait au-delà du simple réflexe, du mouvement d’humeur. Inconsciemment l’enfant condamnait son monde et nous criait son envie de vivre. François Truffaut avait su diriger, d’une main assurée, les personnages, issus de sa propre jeunesse, sans pour autant moraliser. Tout jaillissait simplement dans la plus grande authenticité.
Quatre ans plus tard, dans L’Amour à vingt ans, court film mais charnière indispensable dans l’évolution des personnages, le décor perdait un peu d’importance cependant que croissaient en volume et en présence les acteurs, dont un Jean-Pierre Léaud dans sa phase adolescente. Ses changements sans problème de lieux et de métiers, ses soucis constants de se cultiver (il était alors adhérent aux Jeunesse Musicales de France) nous faisaient bien comprendre que l’enfant avait tenu promesse, qu’il tentait de vivre sans s’aliéner.
Baisers volés, qui nous parvient, six ans après, constitue un énorme pas franchi, tant dans l’évolution de chaque personnage, dont un Jean-Pierre Léaud parvenu au stade des grands choix, que dans la vision du cinéaste qui mêle intimement ses souvenirs filtrés par le temps, ce qui les rend plus beaux encore, ses propres impulsions face à des situations tout à fait actuelles et aux tons multiples, et ses rêves, où le quotidien, comme il aime à le répéter, prend un aspect merveilleux.
Ainsi, grâce à son personnage fétiche, Truffaut n’a pas vieilli ou plutôt il a su bien vieillir, ce qui est encore plus difficile. Les velléités qui avaient pu l’animer, dix ans auparavant, ont disparu pour laisser place à une plus grande réflexion, une douce nostalgie des choses sans fard, un esprit caustique cent fois plus percutant. Son personnage, aussi, a pris un certain recul, coupé tout cordon ombilical et transformé ses rapports avec son père nourricier.
Il prend ses propres responsabilités, assume ses propres erreurs. Nous avons même l’impression qu’il conduit littéralement le film et comme il n’a point perdu son goût du changement, ses soucis de connaissances, sa peur d’un décor sans air, nous allons pouvoir le suivre au cœur de mille situations un brin cocasses, puisque c’est encore un jeune un peu farceur (...)
Truffaut a toujours tenu ses paris et réalisé des films suivant ses théories : dosage et changement de ton. Par un seul changement de ton, il donne aux répliques les plus quotidiennes, aux situations les plus connues, un poids extraordinaire, une signification sans ambiguïté (...) Une autre particularité des films de Truffaut réside dans l’utilisation de scènes secondaires où une allusion suffit à situer l’œuvre dans le temps. (...)
J’avais aussi parlé de la magie des couleurs, magie qui trouvera sa plénitude lors d’une apparition, placée sous le double signe aérien de la chaussure et de la musique (admirables notes choisies par Antoine Duhamel) en la personne de Delphine Seyrig, la plus magique des actrices françaises, au timbre de voix si émouvant. Dès cet instant, Léaud, qui ne cessait de courtiser une jeune fille un brin coquette (Claude Jade, un visage qu’on aura plaisir à revoir) ne peut plus souffrir son monde, son travail, ses habitudes.
La fuite est proche, mais en un instant inoubliable la déesse aura su redevenir une femme, qui comblera d’émotion le garçon, ébahi. " Nous sommes tous des êtres exceptionnels, chacun notre tour, et irremplaçables ". Là encore, l’extrême pudeur de François Truffaut haussera la scène à un niveau proche du ton minnellien. Les deux adolescents pourront désormais envisager l’avenir en toute sérénité.
La fillette ayant compris que les baisers volés, les billets doux, tout comme dans la chanson de Trenet, véritable inspiration de cette œuvre juvénile, n’ont qu’un temps, mais qu’il est bon de s’en souvenir. L'homme ne peut vivre coupé de son monde intérieur. "
- Positif - Michel Perez, novembre 1968, n°99: Baisers volés" On le dit partout, Baisers volés est une œuvre importante parce qu’elle renoue avec les formes narratives traditionnelles, parce qu'elle a toutes les apparences de la facilité et de l’insouciance alors qu’elle est savamment élaborée et d’une exigence rare, parce qu’elle s’obstine à plaire et y parvient par des moyens dont il n’y a pas à rougir, parce qu’elle est pudique, discrète, émue, aimable et mélancolique, parce qu’elle a le ton des pages les plus heureuses des journaux intimes sans être jamais vaine ou prétentieuse. On le dit partout, Baisers volés est de la meilleure veine de son auteur, celle des 400 Coups, de L’Amour à vingt ans et de La Peau douce.
(…) On oppose la modestie de Baisers volés à l’arrogance formelle des Gauloises bleues, à ses prétentions novatrices. Les deux films sont sortis à huit jours d’intervalle. Voyez-vous, il semble impossible d’aimer les Gauloises et le Truffaut, de les confondre dans une même admiration. Annie Girardot, pourtant, semble venir des 400 Coups, mais que d’esbroufe avant de parvenir à ses moments de vérité, que de répugnance à la simplicité, que de chichis, que d’efforts pour nous persuader qu’on est vrai, qu’on ne dit que ce qui doit être dit, qu’on va tout droit à l’essentiel.
On vous dira certainement que Baisers volés est un film mineur, une parenthèse souriante dans une œuvre qui se veut autrement ambitieuse à l’ordinaire, on vous dira que c’est une chanson et qu’il est des chansons qui, bien sûr, n’ont pas de prix. On vous dira que c’est un très bel exercice d’autobiographie poétique et que ces confidences faites sous le voile de la fiction relèvent d'un art que plus personne ne se soucie de pratiquer. On vous dira qu’avec la matière de Baisers volés, Truffaut pouvait faire un film autrement grave, autrement important et qu’il est peut-être dommage de le voir limiter son propos à ces esquisses, à ce carnet de souvenirs auxquels il prête les couleurs d’une fiction consolante.
Baisers volés, pourtant, parle des dernières années de l’adolescence infiniment mieux que les 400 Coups ne parlaient des dernières années de l’enfance. Il illustre à merveille cet aphorisme populaire qui prétend que les meilleures années de la vie sont aussi les plus tristes et qu’il est affreux d’avoir vingt ans. Baisers volés parle de l’apprentissage de la vie qui est l’apprentissage de la mort ; ce film dit qu’il n’y a pas de grandes espérances, que l’amour est terriblement difficile, que l’enthousiasme meurt de son propre excès, que le désespoir est parfaitement vain.
(…) Il y a dans Baisers volés cette crainte perpétuelle d’être trop heureux, ou trop malheureux, cette réticence à reconnaître l’événement qui font d’Antoine Doinel le symbole des incertitudes adolescentes mais qui participent également d’une philosophie de la vie. Il y a certes une pointe de puritanisme dans cet entêtement à ne rien vouloir nommer ; il y a peut-être plus de paresse que de résignation, plus d’orgueil inavoué que d’humilité dans cette acceptation passive des êtres et des choses qui risque de faire paraître le garçon de Truffaut un personnage médiocre, soucieux de ne point provoquer la vie et de demeurer dans son coin.
Un instant, nous voyons Antoine Doinel au bord du vertige. Quand devant sa glace, il s’acharne à nommer, précisément, ses sujets de préoccupation les plus urgents. Nous l’entendons répéter, avec une insistance impudique probablement unique dans l’œuvre de Truffaut, le nom des deux femmes qui occupent ses pensées et le sien propre : Antoine Doinel, Antoine Doinel, Antoine Doinel... Il y a là comme une incantation, destinée à faire surgir une ombre du néant. Qu’elle s'incarne enfin, que cet ectoplasme se matérialise, qu’il s’arrache aux régions brumeuses du rêve.
Ce plan, qui semble appartenir à un film de Cocteau constitue le seul vrai temps fort de ce Baisers volés en demi-teinte et marque sans doute l’expérience capitale des années adolescentes de son héros. Un moment, nous pouvons croire que le jeune homme et son reflet vont se réunir, s’identifier définitivement l’un à l’autre et que va se matérialiser devant nous cette difficile et fugace accession à l’âge d’homme dont on croit volontiers qu’elle participe de la révélation. Semblablement, nous croyons que ses rêves imprécis d’idéal féminin vont, une fois réalisés, marquer un tournant de sa destinée. Mais les rêves sont de la substance dont sont faits les jours de pluie ; eux aussi se fanent, disparaissent au creux de la main comme l’eau qu’on ne peut jamais retenir. Seuls subsistent, vivants et féroces, ceux que la vie ne nous accorde jamais.
(…) On a bien compris que je crois très fort que Baisers volés nous entretient de choses infiniment importantes. Cela est très rare dans le cinéma qu’on nous fait, en France. On n’a pas envie de l’analyser, encore moins d’en parler de la façon dont on parle des films. Mais on n’en finit plus d’y rêver." - Télérama - Anne Dessuant: Baisers volés" Il lit Le Lys dans la vallée, de Balzac, et s'enfuit après avoir gaffé auprès d'une dame. Il envoie ses lettres d'amour par pneumatique et balance à une fille transie d'amour : « L'amour et l'amitié, ça marche avec l'admiration, et moi je ne vous admire pas. » Antoine Doinel est un romantique maladroit et cruel. On le retrouve ici à l'âge où l'on vole les derniers baisers avant de s'engager dans une vie de couple. Toujours en train de courir, se cognant aux réverbères et à ses amours passées, Antoine s'assoit enfin sur un banc, à la fin du film, avec celle qui deviendra sa femme.
François Truffaut filme cette parenthèse enchantée sur le rythme de la chanson de Charles Trenet Que reste-t-il de nos amours ? Il virevolte le long des façades haussmanniennes, s'arrête sur la tour Eiffel ou le Sacré-Coeur, et fait de Paris un petit village dédié aux amoureux. En de longs plans-séquences, Truffaut offre à chacun de ses acteurs un solo, comme dans un orchestre. Ainsi Michael Lonsdale, qui se demande, avec son ineffable détachement poli, pourquoi on le déteste. Ou encore Delphine Seyrig donnant à Doinel un cours de séduction. Beaucoup plus embarrassant, le monologue de Jean-Pierre Léaud, qui se regarde dans un miroir et psalmodie le nom des trois personnages principaux du film, jusqu'à l'écoeurement... Dans la série des Doinel, le drame couve toujours sous le marivaudage."
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vos avis (7)
Tout voir- Laurent07 septembre 2022Le charme des années 60,un film nostalgique.on passe un bon moment.
- Pauline06 juillet 2021Extra !
- 18 février 2021
- Adele01 juillet 2020
- ELISABETH12 juillet 2019
- LOIC24 septembre 2018Un chef d'oeuvre absolu pour tous les amoureux du Paris des années 60.
- remy09 mai 2018