Le portrait subtil d'une romancière à la personnalité complexe dont l'œuvre a inspiré de nombreux cinéastes.
"C'était une lectrice insatiable, relève Laura Varnam, maître de conférences en lettres anglaises à la University College d’Oxford. Les sœurs Brontë ont eu une très grande influence sur son travail et elle a continué de les lire jusqu'à la fin de sa vie. Elle aimait aussi les auteurs français : Maupassant, Zola…" Née en 1907, Daphné Du Maurier a grandi à Hampstead, un quartier chic de Londres où ses parents, bourgeois-bohèmes, mènent grand train. Acteur et scénariste, son père, Gerald Du Maurier, est une vedette populaire de la scène britannique. Né à Paris, George, son grand-père, a été romancier (Peter Ibbetson), musicien et dessinateur satirique ; il a aussi pratiqué l'hypnose. "Sa famille était très fière de son sang français", souligne Tatiana de Rosnay, qui lui a consacré une biographie*. Nimbée d'étrange et bousculant les conventions, l'œuvre de Daphné Du Maurier a séduit de nombreux réalisateurs, Alfred Hitchcock en tête, qui portera à l'écran L'auberge de la Jamaïque, Les oiseaux et, entre les deux, Rebecca, l'un de ses plus célèbres romans.
 
Nature d'exception
Du berceau familial londonien à Meudon, d'Alexandrie à New York, nombreux sont les lieux qui ont joué un rôle clé dans l'existence de Daphné Du Maurier. Mais sa terre d'élection, indissociable de son œuvre, reste la sauvage Cornouailles, balayée par les vents. Dès 1943, elle s'installe près de Fowey, d'abord à Menabilly, immense bâtisse qui fait écho au manoir de Manderley, où elle confronte l'héroïne de Rebecca aux affres de la jalousie, puis Kilmarth, où, anoblie par la reine d'Angleterre, elle s'est éteinte en 1989. Mêlant archives, films, commentaires de spécialistes et témoignages de proches, dont Tessa Montgomery, l'une de ses deux filles, Élisabeth Aubert Schlumberger esquisse le portrait subtil d'une romancière troublante, indépendante et discrète, qui fut sa vie durant partagée entre son mari militaire et ses coups de cœur féminins, et que l’on entend ici, toujours alerte, dans l'une des rares interviews qu'elle accorda à la BBC à la fin de sa vie. * Manderley for ever, éd. Héloïse d'Ormesson.

proposé par :

vos avis (2)