Un jour, un chef d'entreprise demande à ses employés de choisir entre leur prime annuelle de mille euros ou virer une de leurs collègues, Sandra. Cette femme qui fait parfaitement son travail ne supporte pas l'injustice qu'on lui fait. Sans formation, elle ne peut pas se permettre de perdre son emploi. Soutenu par Manu, son mari, elle va alors tenter de convaincre ses collaborateurs de renoncer à leur prime pour qu'elle puisse rester dans l'entreprise. Elle ne dispose que d'un week-end pour les persuader. Si certains de ses collègues acceptent sans hésiter, d'autres, aux fins de mois difficiles, renaclent et refusent de l'aider...
Premier rôle : Marion Cotillard
Premier rôle : Fabrizio Rongione
Premier rôle : Pili Groyne
Premier rôle : Simon Caudry
Premier rôle : Catherine Salée
Second rôle : Baptiste Sornin
Second rôle : Christelle Cornil
Second rôle : Alain Eloy
Second rôle : Myriem Akheddiou
Second rôle : Fabienne Sciascia
Réalisation : Jean-Pierre Dardenne
Réalisation : Luc Dardenne
Scénario : Jean-Pierre Dardenne
Scénario : Luc Dardenne
Producteur : Jean-Pierre Dardenne
Producteur : Luc Dardenne
Producteur : Denis Freyd
Directeur de la photo : Alain Marcoen
Montage : Marie-Hélène Dozo
Son : Jean-Pierre Duret
Décors : Igor Gabriel
Costumes : Maïra Ramedhan-Levi
Co-producteur : Valerio De Paolis
Co-producteur : Peter Bouckaert
Producteur exécutif : Delphine Tomson
- Date de sortie en salles : 20 mai 2014
- Type de film : Long métrage
- Couleur : Couleur
- Langue : Français
- Date de production : 2013
- Pays de production : Belgique
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Critiques (4)
- Les Inrockuptibles - Romain Blondeau: Deux jours, une nuit"A mesure que les années passent, et que les Palme d’or s’accumulent, constituant l’un des palmarès les plus intimidants du cinéma contemporain, les frères Dardenne semblent s’ouvrir à des registres plus populaires, se défaire d’une forme de radicalité et de noirceur qui innervait leurs premiers films. Dans Le Gamin au vélo, déjà, ils faisaient le pari d’une intrigue limpide, résolument plus lumineuse, tandis qu’ils accueillaient un nouveau visage issu du cinéma commercial (Cécile de France y trouvait alors son meilleur rôle).
Cette impulsion populaire, qu’il ne faudrait surtout pas prendre pour une compromission, est encore ce qui guide leur dernière livraison cannoise, Deux jours, une nuit, dans laquelle les deux frères belges atteignent une alchimie merveilleuse entre le documentaire, le film à suspense et la fable sociale telle qu’Hollywood savait en produire par le passé. On pourrait parler de film-somme, tant les Dardenne y résument ce qui constitue l’ADN de leur cinéma, tout en cherchant une formulation plus transparente. (...)
Entretenant jusqu’à son issue un suspense habile, Deux jours, une nuit déploie ainsi chaque rencontre de Sandra avec ses collègues selon un système de boucles et de répétitions, une horlogerie complexe dont la beauté est de toujours dissimuler ses rouages. Toute la richesse du film tient dans les variations infimes de ces rencontres, qui dessinent au final une sorte d’éventail des comportements humains (...).
Par quel miracle, dès lors, le film échappe-t-il à l’écueil de l’exposé dialectique ou, pire, à celui du panel sociologique ? On pourrait tenter de l’expliquer par les qualités habituelles du cinéma des Dardenne (le raffinement de leurs dialogues, la précision de leur mise en scène), ou alors évoquer la performance bouleversante de Marion Cotillard, dont le jeu en rétention tient le pathos à distance. Mais il y a autre chose. Il y a cette force supérieure qui anime depuis toujours les Dardenne, une forme d’empathie dans le regard, une expérience du monde qui fait qu’aucune scène, même la plus mélodramatique, ne paraîtra jamais fabriquée ou artificielle. Appelons cela leur cœur intelligent." - La Croix - Arnaud Schwartz: Deux jours, une nuit"Deux jours, une nuit, porté par une Marion Cotillard transformée, remarquablement dirigée et pleinement investie dans son rôle, est une expérience bouleversante à vivre. L’une des prouesses – non la moindre – de la comédienne tient dans sa capacité à faire passer, avec beaucoup de justesse, toute la complexité d’un état mêlant extrême fragilité intérieure, sentiment de révolte qui ne trouve pas à s’exprimer et profonde dignité face à ce qu’il lui est donné de traverser. (...)
Le cinéma des Dardenne, ancré dans le réel, sobre, économe de ses effets, fuyant toute facilité, atteint ici un degré rare de densité. (...)
Derrière cette trame inspirée par une Europe en crise, à travers les rencontres qui se succèdent, les cinéastes offrent une vertigineuse plongée au cœur de l’humain. Mains tendues, gêne, honte, regrets, excuses, refus agressifs… Un geste inattendu, une parole redonnent un peu d’espoir, mais l’abattement demeure : « Ils ont raison, j’suis rien du tout. »
Solidarité, générosité se brisent sur la dureté de la vie, les factures à payer. Habité de très beaux personnages, Deux jours, une nuit s’interroge aussi sur ce monde qui donne à chacun l’impression qu’il lui faut prendre la place d’un autre s’il veut travailler. On ne sort pas de ce film-là. On le garde en soi."
- Télérama - Pierre Murat: Deux jours, une nuit"On se croirait dans Douze Hommes en colère, ce vieux film où un Henry Fonda superbe et généreux retournait, un à un, les membres d'un jury pour innocenter un faux coupable. Sidney Lumet transformait en huis clos noir et blanc son pamphlet humaniste. Jean-Pierre et Luc Dardenne en font, eux, un périple ensoleillé : ils ont découvert la lumière avec Le Gamin au vélo et semblent ne plus vouloir s'en passer. Et donc, Marion Cotillard (d'une précision rare dans le plus petit geste, la moindre intonation) marche, court, prend le bus, roule en voiture, bref, elle avance sans cesse, même si les plans-séquences des deux réalisateurs semblent, par moments, la faire tourner en rond. Sandra, en fait, c'est leur Rosetta, avec quelques bosses de plus (...).
Elles pourraient être répétitives, ces rencontres successives. Mais, si les mots se ressemblent, le décor diffère, et les regards, les silences, la distance entre les corps. (...) A aucun moment, d'ailleurs, les Dardenne ne jugent personne. Ils semblent, au contraire, éprouver une infinie commisération pour ceux qui se retrouvent devant Sandra, à la défendre ou la rejeter. Tous ont leurs raisons : la vie ne leur a pas fait de cadeaux, pourquoi en feraient-ils aux autres ? Les Dardenne fustigent plutôt ce qui les a faits tels qu'ils sont devenus : cette société qui pousse les êtres à se réduire, à se flétrir, à se nier. Ils n'en sont pas très fiers, au demeurant, et c'est leur mépris vis-à-vis d'eux-mêmes qui suscite leur agressivité envers autrui. La peur est si forte, aujourd'hui, les contraintes sont si rudes que le meilleur de l'homme s'évapore...
Mais on décèle, désormais, chez les Dardenne — parallèlement à l'apparition du soleil dans leurs films —, non pas un goût pour le miracle (le mot les ferait fuir), mais le reflet d'une transcendance possible. Dans Le Gamin au vélo, un petit garçon que l'on croyait mort se relevait le plus naturellement du monde et s'en allait vivre sa vie. La « transcendance », ici, c'est le lien qui unit Sandra à son mari. Il l'aime, il l'aide, il la soutient, il la pousse, il l'entraîne. En les contemplant, les frères filment ce qu'ils craignent de voir disparaître chez les autres : la complicité. Ces deux-là gagnent ou perdent, qu'importe, puisqu'ils luttent ensemble. Par eux, pour eux, le film devient radieux."
- Libération - Gérard Lefort et Olivier Séguret: Deux jours, une nuit" Mille euros ? Selon vos moyens, cette somme, cette question, vous éventre ou ne vous fait pas plus d’effet que le prix d’une nouvelle paire d’escarpins. Mais dans ce dernier cas, vous êtes minoritaire. Il manque 1 000 euros à pratiquement tout le monde aujourd’hui : à la fin de la semaine, du mois, de l’année. Mille euros, pour une écrasante proportion de citoyens, même européens, mêmes belges, c’est énorme, vital, indispensable. C’est une des premières qualités de Deux Jours, une nuit que de pratiquer la vérité de ces prix-là. A Seraing, ville-monde de Luc et Jean-Pierre Dardenne, 1 000 euros, c’est le montant d’un devis pour la construction d’une pauvre terrasse attenante à un pavillon ouvrier. Mille euros, c’est le montant pour un an de la facture de gaz et d’électricité. Dès lors, quand les 1 000 euros deviennent une prime suspendue comme à un hameçon au-dessus du vivier d’une petite entreprise de Wallonie, la déflagration humaine est atomique (...)
Dans la réalité de l’Europe en crise, l’histoire, le plus souvent, s’arrêterait là, dans un cul-de-sac en forme de chômage très prolongé. La beauté du geste cinématographique des Dardenne consiste à exercer une sorte de droit de suite. Non, ils ne veulent pas en rester là. Non, la fameuse idéologie capitaliste du «on n’a pas le choix» ne passera pas par eux. Poursuivre, c’est avancer à marche forcée, à temps compté, pister Sandra tout un week-end, au fil d’un porte-à-porte où, VRP d’elle-même, elle doit «vendre» l’invendable : que ses collègues, un par un, renoncent à la prime pour qu’elle puisse conserver son boulot.
Pour incarner cette rebelle du compte à rebours, il fallait une actrice de combat dans un corps de commando. Il n’est vraiment pas exagéré de proclamer que Marion Cotillard est une Sandra exceptionnelle, en donation totale et permanente de tout ce qu’elle est, non seulement pour aider un film à petit budget avec son aura de superstar internationale, mais aussi et surtout, entre incarnation et sublimation, pour faire vivre une personne, lui faire gagner ses galons de personnage, la rendre à la fois singulière et proche.
Comme une petite Rosetta devenue grande, Sandra est l’amie de nos propres tourments, la compagne de nos désarrois et de nos espérances, publics ou privés, la résonance du film propageant son irradiation bien au-delà d’un fait divers social localisé (...)
Deux jours, une nuit ne montre pas du doigt, ne traite personne de salaud, il pousse même l’élégance jusqu’à ne juger personne et surtout pas le patron. Mais le face-à-face avec Cannes se fait sans sommation, et le film est une sorte d’astre Melancholia à lui tout seul : une météorite admirée aussi par ceux sur qui elle fonce (...) les Dardenne (...) entres les palmes d’or, grand prix, prix du scénario et d’interprétation, ce sont les cinéastes les plus récompensés de l’histoire de la compétition. Mais c’est bien là le tour de dingue qu’ils arrivent à renouveler et subjuguer. Dans ce dénuement, cette simplicité, cet atelier de vertus où se croisent et s’équilibrent les diagonales de l’humain, du social, de l’économique, du politique et du physiologique (craindre, trembler, pleurer, exulter), ils cisèlent un cinéma qui n’a rien à envier à la puissance mystificatrice d’un blockbuster. Sans les moindres effets spéciaux (...) Deux jours, une nuit prend aux tripes avec violence, gifle nos sensibilités cognitives et confère à Sandra le charisme et l’aura d’une Wonder Woman...
vos avis (9)
Tout voir- Véronique14 septembre 2023
- Manon21 mars 2023
- Margherita27 décembre 2020
- martine20 janvier 2020.
- ELISABETH13 janvier 2020
- Christian12 janvier 2020Marion Cotillard, excellente, totalement convaincante, avec un léger accent wallon pour ce film ultra-réaliste, (Oscar de la meilleure actrice en 2008).
- Christine10 janvier 2020Film vrai qui évoque la déliquescence de nombreux milieux professionnels, la destruction organisée des hommes et des femmes qui y sont soumis mais aussi les nécessaires combats que chacun doit mener pour rester debout.
- Séverine07 juin 2017
- Christelle07 juin 2017