Du printemps 2014 à l’été 2015, Anthony Butts a filmé la sécession en Ukraine de la République autoproclamée de Donetsk et sa lente dérive vers la guerre, au plus près d’une poignée de combattants et d’activistes de la première heure. Une immersion saisissante dans la réalité de la guerre civile, sur fond de bras de fer entre l’Europe et la Russie.
 
En suivant leur révolte contre le gouvernement intérimaire de Kiev, issu du mouvement de “Maïdan”, son film montre combien, pour la majorité des russophones du Donbass, bassin industriel en déshérence, la chute de l’URSS reste synonyme de pauvreté et d’humiliation.
 
Dignité perdue
Boris, ancien apparatchik au rancart, “Lénine”, ouvrier au chômage depuis des années, Tatiana, pâtissière licenciée sans ménagement, s’engagent ainsi corps et âme dans le mouvement sécessionniste, comme s’il allait leur rendre leur dignité perdue. Plus jeunes, Felix et Roma, eux, avouent sans fard être motivés par les espoirs d’honneurs et de richesse faciles qui se dessinent autour du nouveau patron de la ville, Denis Pouchiline. Depuis un référendum aux résultats “corrigés” du 2 mai 2014 (89 % de “oui”), dont on voit les éloquents préparatifs, cet ancien escroc est désormais le chef d’une “République populaire de Donetsk”, autoproclamée comme lui, et qu’aucune nation, pas même la Russie tutélaire qui fournit pourtant subsides et combattants “bénévoles”, n’a accepté de reconnaître. Anthony Butts capte à la fois l’euphorie de la prise de pouvoir et la manière dont elle sombre dans la violence, tandis que le peuple de Donetsk perd peu à peu ses illusions devant la corruption et la brutalité du nouveau dirigeant et de sa milice. Une immersion saisissante dans la réalité de la guerre civile, sur fond de bras de fer entre l’Europe et la Russie.

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vos avis (1)

Laurent17 juin 2022
Un reportage très intéressant sur cette partie Est de l'Ukraine qui montre la complexité des origines du conflit de 2022. Il n'y a pas de hasard, mais beaucoup de bazar.