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Fear and Desire

De Stanley Kubrick (1953)
votre évaluation 2 sur 5
2/5
2 notes
1H01Cinéma / DrameÉtats-Unis
SD
HD
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proposé par :

Critiques (2)

Les Inrockuptibles - Serge Kaganski: Fear and Desire
"Petit événement : le film inaugural de Stanley Kubrick sort pour la première fois en salle. Ce premier long métrage du maître était jusque-là invisible (sauf dans de médiocres conditions sur internet) parce que le cinéaste refusait de le montrer.
On a du mal à comprendre cette peur, ce non-désir de Kubrick. Fear and Desire est l’un des rares films américains totalement indés des 50’s, produit avec l’argent de la famille et réalisé avec une mini-équipe en dehors de tout système officiel, avant Cassavetes.
Mais surtout, c’est un film beau et fort qui n’a rien d’un brouillon embarrassant. Certes pas un chef-d’œuvre parfait (ce qui gênait peut-être un auteur devenu obsessionnellement perfectionniste) mais un premier film passionnant et maîtrisé dont beaucoup de réalisateurs seraient fiers.
 Le sens visuel, la netteté des plans, l’énergie du filmage sont là, ce qui n’étonne guère sachant que Kubrick était photographe professionnel. On trouve aussi dans Fear and Desire tout ce qui fera plus tard le grand cinéma kubrickien : une voix off marquante, une situation de conflit et de dérèglement, le goût de l’abstraction, la chorégraphie de la violence, la force expressionniste des visages, un regard lucide et froid sur l’humanité, un refus du sentimentalisme.
Les Sentiers de la gloire, Docteur Folamour, Full Metal Jacket mais aussi 2001 ou Orange mécanique sont déjà en gésine dans cette énième relecture du thème de “la patrouille perdue”. Le reniement de ce film par son auteur rappelle que les grands cinéastes ne sont pas toujours les meilleurs spectateurs ou les juges les plus pertinents de leur propre travail.
Renoir n’aimait pas La Règle du jeu et s’est longtemps désintéressé d’Une partie de campagne. Pialat jugeait sévèrement tous ses films. À cette aune, la faible estime en laquelle Kubrick semblait tenir Fear and Desire apparaît comme un indicateur fiable de l’intérêt de ce film."
avoir-alire.com - Adrien Lozachmeur: Fear and Desire
"La peur et le désir : ce premier film est en quelque sorte programmatique. Et effectivement nos 4 soldats ont déjà tout des personnages kubrickiens. Le lieutenant semble le plus évolué mais lorsqu’une jeune fille est faite prisonnière, ses propos paraissent suspects. Un des soldats devient fou en citant Shakespeare. Le sergent se sacrifie dans un fantasme héroïque alors que son action n’est qu’un trait supplémentaire d’une guerre absurde et atroce. Voilà pour le fond. On peut faire le même constat pour la forme, on y trouve déjà des touches kubrickiennes. Le film est cérébral, encore plus abstrait que les films à venir. On n’est jamais touché par un personnage de Kubrick et là c’est plus vrai que jamais. Cette approche est logique et va de pair avec le fond. Si l’Homme est enchaîné à ses pulsions, il ne peut qu’être dépeint de façon froide et distancée, comme une machine. Par ailleurs, on peut déjà remarquer l’aisance technique du réalisateur dans certaines scènes. Par exemple la façon dont il filme les combats au corps à corps et les cadavres est très intéressante et renvoie à son expérience de photographe. Ces scènes sont hyper découpées et chaque plan pourrait constituer un cliché remarquable. La façon dont elles sont montées crée un effet glaçant qui rompt avec l’insignifiance de la trame principale. Et puis il y a tout de même quelques sorties de route assez surréalistes. On assiste ainsi à un monologue d’un général allemand qui s’adresse à son doberman ayant un grade de lieutenant. C’est filmé sérieusement mais on sent poindre la folie des personnages de Docteur Folamour. Ces saillies brillantes font de Fear and desire un étrange objet cinématographique à défaut d’un grand film. Mais c’est finalement surtout une pièce historique de premier plan, un premier brouillon qu’on aurait tort de négliger si on veut comprendre l’oeuvre dans son unité. Souhaitons que cet exemple qui montre qu’il faut du temps et du travail avant de maîtriser son moyen d’expression saura inspirer à un futur maestro toutes les vertus nécessaires à sa propre maturation. On aurait bien besoin d’un nouveau visionnaire de la trempe d’un Kubrick."

vos avis (2)

Laurent21 avril 2023
votre évaluation 1 sur 5
Très mauvais pour ne pas dire nul !
Arman28 décembre 2022
votre évaluation 2.5 sur 5