Dans les pas de Saliha, mère d'un jeune djihadiste mort en Syrie, ce portrait sensible fait résonner la douleur des familles de "radicalisés", aujourd'hui inaudible.
 
En août 2013, du jour au lendemain, Sabri, le fils de Saliha, a quitté leur maison confortable de Bruxelles pour partir en Syrie "faire le djihad". Il avait 19 ans. Trois mois plus tard, ses parents, ses frères et sa petite sœur ont appris tout aussi brutalement son décès "présumé", puisque la mort des jeunes Européens enrôlés par Daech et disparus en Syrie n'est pas reconnue par les États dont ils sont ressortissants.
De Sabri, que sa famille dévastée continue d'aimer et de pleurer, ne reste qu'une chambre vide, peuplée de souvenirs déconnectés du combat mortifère qu'il a embrassé. Face à ce deuil difficile, Saliha et son mari se lient avec d’autres personnes, en France et en Belgique, dont les enfants sont partis en Syrie. Ensemble, ils s'épaulent, cherchant à comprendre comment leurs fils et filles ont pu si rapidement couper des liens qui, pour les parents, se sont transformés en plaie vive.
Du Parlement belge aux classes de lycée, Saliha prend la parole pour témoigner de son deuil et agir, à sa manière, contre les réseaux djihadistes. Luttant contre l'ostracisme qui frappe les familles, elle dénonce aussi le "laxisme" des autorités vis-à-vis des recruteurs. Dans un double mouvement, Jasna Krajinovic filme son intimité avec les siens, et la suit dans ses rencontres publiques. Avec tact et sensibilité, elle nous permet d'entendre et de comprendre une douleur devenue difficilement audible.

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Eddy19 mars 2023