« Le déserteur » saisit avec virtuosité l’instant décisif où tout bascule, là où le patriotisme belliqueux s’évanouit dans une conscience de l’intolérable, hurle un désir si naturel de vie sans guerre, d’un destin sans connivence avec la haine et la détestation de l’autre, un film aussi défaitiste qu’optimiste pile à l’heure des grandes interrogations de notre temps.

Le deuxième long-métrage de Dani Rosenberg, après un premier essai foutraque autour du décès paternel (La Mort du cinéma et de mon père aussi, 2021), renoue avec la vigueur du jeune cinéma israélien, une façon de convertir la rage en mouvement.

Tourné avant les massacres du 7 octobre par le Hamas et la guerre des troupes israéliennes à Gaza, le film n’en résonne que plus douloureusement. Au rythme de ses pulsations cardiaques et d’une musique free jazz, Shlomi (Ido Tako, physique et enfantin) court, rampe, grimpe et sillonne Tel-Aviv à vélo.