Le cinéma ment, pas le sport… Au début des années 80, le tennisman John McEnroe est copié dans toutes les écoles, étudié sous toutes les coutures, filmé sous tous les angles. Lors du tournoi de Roland Garros 84, il a tutoyé la perfection, et pourtant…
Premier rôle : Mathieu Amalric
Réalisation : Faraut Julien
Scénario : Faraut Julien
Producteur : William Jéhannin
Producteur : Raphaëlle Delauche
Montage : Andrei Bogdanov
Musique originale : Zone Libre
Musique originale : Krow
- Date de sortie en salles : 11 juillet 2018
- Type de film : Long métrage
- Couleur : Noir et blanc et couleur
- Langue : Français
- Date de production : 2017
- Pays de production : France
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Critiques (3)
- Critikat - Thomas Choury : L'Empire de la Perfection(...) L’Empire de la perfection est une œuvre parente du film de Philippe Pareno et Douglas Gordon, "Zidane, un portrait du XXIe siècle" dans lequel les deux vidéastes avaient isolé le footballeur français pendant un match entier en le scrutant dans tous les angles à l’aide de dix-sept caméras numériques. Et de Zidane à McEnroe, les effigies se confondent : même nervosité, même instabilité, même génie du geste, même sensation vertigineuse d’un homme capable d’arrêter le temps. Comme accablé par le dispositif braqué sur lui – il était parfaitement complice de l’expérience – le joueur du Real Madrid mettait littéralement le point de montage final du film en se faisant expulser après de nombreux sautes d’humeur. Le rapport entre le tennisman américain et les caméras qui l’observent en continue sur le court est diamétralement opposé : elles l’épient sans son consentement et à plusieurs reprises, McEnroe se sent envahi, débordé par ces ennemis trop visibles – un plan le montre particulièrement anxieux au moment de poser pour une photo de famille, gêné physiquement par l’objectif qui cherche à figer son image que lui-même n’arrive pas à maîtriser. Alors, souvent il craque, s’en prend à l’arbitre, demande qu’on coupe les caméras, hurle « shut up » dans le micro du stade et refuse de reprendre le match. Lui aussi, d’une certaine façon, arrête la machine infernale du temps, mieux, décide du moment de sa reprise et du rythme. Mais, la condition de McEnroe face à celle de Zidane est tragique. Si le second peut sortir du terrain pour mettre un terme au film, le sport continue, sans lui. A l’inverse, le joueur de tennis est piégé, il peut à sa guise ralentir ou accélérer, il ne peut pas s’échapper, condamné à faire face, encaisser et résister, coûte que coûte.
- La Croix - Jean-Claude Raspiengeas : L'Empire de la PerfectionExhumant les centaines de bobines accumulées par Gil de Kermadec qui dormaient à la cinémathèque de l’INSEP, Julien Faraut s’est livré à un étonnant travail de montage au service d’une mise en forme suprêmement originale, admirative autant qu’ironique, sur le travail de Gil de Kermadec et le jeu, dans tous les sens du terme, de McEnroe. Ce champion obsessionnel, atrabilaire, enfermé en lui-même, ne supportait aucune contrariété. Il contestait bruyamment les décisions des arbitres, réclamait des preuves introuvables, se mettait le public à dos. Il prenait même à partie l’équipe de tournage, pourtant discrète, de Gil de Kermadec, la menaçait, l’insultait, l’accusant de le déconcentrer. Toute cette comédie culmina pendant la finale de Roland-Garros 1984 qui l’opposait à Ivan Lendl. John McEnroe produisit, ce jour-là, un tennis de rêve, sidérant de facilité. Soudain, cette belle machine s’enraya et McEnroe perdit sa magie sans raison apparente. Son naufrage s’accompagna d’un surcroît de rage contre la terre entière, en réalité tournée contre lui-même. Incrédule, de champion invincible, il se transforma en sujet pathétique d’une impuissance qu’il ne pouvait admettre, souffrant de voir le match lui échapper et sa domination brisée. L’affrontement devint épique. C’est le climax de ce film prodigieux, tout à la fois documentaire, film de fiction, relevant autant de l’ethnologie que de la science comportementale. Il faut dire que le sujet s’y prête et que les images soigneusement accumulées par Gil de Kermadec, avec un luxe de précautions et de rigueur formelle, retrouvées par miracle, deviennent un matériau extraordinaire entre les mains de Julien Faraut. Il les complète par des entretiens avec les opérateurs et preneurs de son de ces tournages in vivo, et de psychologues du comportement chez les sportifs de haut niveau. Le commentaire très subtil, servi par la voix idéale de Mathieu Amalric, achève de faire de ce film un document exceptionnel, envoûtant, excitant, sur la science et la psyché d’un champion que l’on croyait victime de ses émotions. En réalité, McEnroe se servait de ses explosions imprévisibles pour déstabiliser ses adversaires et puiser, dans cette tension permanente, un surcroît de ruse et de force.
- Le Nouvel Obs - Nicolas Schaller : L'Empire de la PerfectionDe 1976 à 1985, Gil de Kermadec a filmé les matchs de Roland-Garros en 16 mm pour étudier la technique des grands joueurs. C’est en découvrant ses images parmi des archives que Julien Faraut a eu l’idée de ce documentaire exceptionnel sur les rapports entre tennis et cinéma vus à travers la figure de John McEnroe. "L’essence des grands films, c’est l’invention du temps", écrivait Serge Daney. Or qu’a fait McEnroe, ce comédien qui ne faisait pas semblant, sinon modeler le temps de chaque match selon ses colères et imposer sa propre dramaturgie ? Guidé par cet angle moins fumeux qu’il n’en a l’air, Faraut compose un passionnant patchwork réflexif, narré par Mathieu Amalric. On y comprend pourquoi le champion américain inspira à Tom Hulce son interprétation de Mozart dans "Amadeus" de Milos Forman, on y revit la légendaire finale de 1984 contre Ivan Lendl réinventée en pur suspense de cinéma grâce aux ellipses et au jeu sur les points de vue… A ne pas manquer.
vos avis (2)
- Consultation sur place16 novembre 2022votre évaluation 0 sur 5
- raphael03 septembre 2020votre évaluation 2 sur 5Bof il y avait matière à décortiquer le phénomène Mc Enroe, le film passe 80 % du temps sur les crises légendaires de Mc Enroe, son jeu n'est pas ou peu analysé, les commentaires sont monocorde on dirait vraiment un reportage d'ARTE après 23h. Dommage . Pour fan uniquement.