Venu d’une autre planète malmenée par la sécheresse pour chercher de l’eau sur terre, Newton bâtit un empire industriel grâce à sa maîtrise de technologies futuristes. Riche, il entreprend de construire un vaisseau qui lui permettra de retourner chez lui. Mais la rencontre de Mary-Lou vient bouleverser l’ordre des choses et Newton, déchiré par cet amour véritable, sombre peu à peu.
Adapté du roman "The Man who fell to Earth" de Walter Stone Tevis, le film signe le premier rôle de David Bowie au cinéma.
Adapté du roman "The Man who fell to Earth" de Walter Stone Tevis, le film signe le premier rôle de David Bowie au cinéma.
Premier rôle : David Bowie
Premier rôle : Rip Torn
Premier rôle : Candy Clark
Premier rôle : Buck Henry
Premier rôle : Bernie Casey
Second rôle : Jackson D. Kane
Second rôle : Rick Riccardo
Second rôle : Tony Mascia
Second rôle : Linda Hutton
Réalisation : Nicolas Roeg
Scénario : Paul Mayersberg
Scénario : Walter Tevis
Producteur : Michael Deeley
Producteur : Barry Spikings
Directeur de la photo : Anthony Richmond
Son : Michael Ellis
Décors : Simon Wakefield
Costumes : May Routh
Producteur exécutif : Si Litvinoff
Producteur associé : John Peverall
- Date de sortie en salles : 06 juillet 1977
- Type de film : Long métrage
- Couleur : Couleur
- Langue : Anglais
- Date de production : 1976
- Pays de production : États-Unis
- Titre original : The Man who Fell to Earth
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Critiques (3)
- La Revue du cinéma - Gilles Dagneau, septembre 1977, n°319: L'Homme qui venait d'ailleurs" Avec L’homme qui venait d’ailleurs, son quatrième long métrage, cet ancien directeur de la photographie confirme la nécessité d’une recherche stylistique et ses affinités pour des sujets donnant possibilité à un traitement visuel personnel qui confère à cet univers ainsi créé une sensation de jamais vu. Étrangement fascinant et non conventionnel, ce film élargit les limites de la science-fiction et sait retrouver les chemins de l’émerveillement et de l’étrange qui devrait présider à toute production d’un genre ne faisant bien souvent que plagier, jusqu’à l’appauvrissement total, des conventions éculées. Et c’est là que se situe l’intérêt de ce film qui, sans être une réussite exceptionnelle — car servi par un sujet d’une exceptionnelle richesse pas toujours maîtrisée -, n’en demeure pas moins une tentative passionnante de création authentique.
Par rapport à la science-fiction, Nicolas Roeg refuse donc la mythologie classique des extra-terrestres et les fabulations extravagantes de leur concrétisation. Entre les visiteurs terrifiants qui nous promettent une apocalypse en forme d’extermination expéditive et ces envahisseurs anonymes qui se glissent au cœur de la population terrienne dans un but identique, cet Homme venu d’ailleurs, Thomas Jérôme Newton, apparaît, au contraire, comme un voyageur solitaire, ambassadeur envoyé de l’au-delà et qui s’est fait homme dans le but de sauver sa planète, où vivent sa femme et ses enfants, de la sécheresse.
(…) Si au niveau de sa capacité intellectuelle, Newton est tel que l’on définit souvent les principes de la science-fiction qui le rattachent à un type de société sur-développé — être exceptionnellement intelligent, Newton est en possession de neuf brevets fondamentaux révolutionnaires risquant de rivaliser les plus grandes compagnies américaines — sa personnalité n’est pas sans faille. Là encore, l’originalité du scénario apparaît évidente car à son extraordinaire puissance intellectuelle, correspond, par compensation limitative, une vulnérabilité touchante, une fragilité maladive et une maladresse qui lui confère une image très attachante, en décalage par rapport au commun des mortels. Newton n’est donc pas une super-puissance, dans son ensemble, mais un être avec ses forces et ses faiblesses, loin du héros habituel de la science-fiction.
L’essentiel du film se situe au niveau humain aux dépens de l’aspect scientifique. Le caractère mystérieux se trouve ainsi préservé en développant principalement l’aspect psychologique et moral - se rattachant à un genre plus intimiste et apparemment incompatible avec la science-fiction — quitte à réduire au maximum l’aspect technique. Peu de renseignements nous sont fournis sur les conditions de vie de cette autre planète et, pour avides que nous soyons d’explications rationnelles, Newton, discret en tous points, ne nous en livre que très peu, d’où excitation et stimulation de notre imagination, ce qui constitue un autre point fort du film. (…) C’est que le propos se situe ailleurs. Il est dans le drame individuel que vit cet exilé, visiteur solitaire et nostalgique, en mission sur la terre pour sauver les siens. Le point de vue adopté est celui de Newton et non celui des hommes et le film décrit son contact avec la réalité terrienne, la difficulté pour lui de s’adapter, non pas tellement physiquement, malgré quelques contre-indications comme la nausée dans les ascenseurs ou son inaptitude à boire autre chose que de l’eau, mais psychologiquement.
Dans le rôle de Newton, David Bowie est, de par sa composition exemplaire, responsable, en grande partie, de la réussite du film. Avec sa longue silhouette et un visage long, coiffé de cheveux roux, une démarche parfois très sûre, parfois maladroite, d’où une aisance évidente à laquelle s’opposent des instants où il ressent soudain, perdu dans ce monde qui n’est pas le sien, un malaise physique, il incarne magistralement cet homme venu d’ailleurs dont les tics nerveux trahissent une origine différente.
Nicolas Roeg justifie sans peine le choix de David Bowie : « Thomas Jérôme Newton, étant un extra-terrestre, doit ne ressembler à personne. Il me fallait donc un acteur « hors catégorie », une personnalité. Et Bowie n’est devenu ce personnage mondialement connu que parce qu’il a cristallisé les fantasmes de millions de gens. Newton, venant d’ailleurs, doit avoir une manière de se mouvoir, de respirer, de parler, d’exprimer ses pensées et ses sentiments, tout à fait différente de la nôtre. Or, Bowie a tout cela naturellement. »
Nicolas Roeg a de toute évidence utilisé le personnage physique de Bowie en accentuant dans le sens requis les cadrages et une mise en scène qui le mettent en valeur. De son côté, Bowie s’est constitué un personnage sensible différent de ce que l’on pouvait attendre de lui en recherchant une vérité intérieure par une discrétion de jeu éloignée de ses habitudes scéniques. Il a su abandonner pour son premier film, tout un passé et une mythologie forgés à grand renfort d’imagination coup de poing, ce qui prouve l’éventail de ses possibilités ici éclatées.
(…) La dernière image nous plonge dans l’amertume totale de ce personnage, ô combien attachant dans son innocence d’enfant. Celle-ci nous laisse cependant sans réponse. Qu’est-il advenu des siens ? Les rejoindra-t-il jamais ? Newton abaisse devant nous son chapeau à la manière des cow-boys de l’Ouest. Pas de réponse. Le mystère demeure total."
- Transfuge - Damien Aubel, n°91 - Octobre 2015: L'Homme qui venait d'ailleurs" Nous sommes tous des David Bowie, à en croire Nicolas Roeg, agent provocateur et maître agitateur du ciné British des années soixante-dix (...) Oui, tous les hommes sont à l’image du grand flandrin aux cheveux carotte de L’Homme qui venait d’ailleurs (1976). Un extraterrestre à la maigreur maladive littéralement tombé dans une Amérique accro à la petite lucarne. Comme Bowie l’était paraît-il sur le tournage à ses dix grammes de coke quotidiens. Nous sommes tous des étrangers, et cette étrangeté-là est le trou noir autour duquel gravite le maelstrôm d’images et de sensations que sont les films de Nicolas Roeg.
Des étrangers, voire plus : des barbares. Comme Roeg lui-même, dont le coup d’essai à la réalisation, Performance (cosigné avec Donald Cammell), inaugure les années soixante-dix, venait saccager tous les commandements et les modes d’emploi du cinéma. Mais cet arbre magnifiquement tordu ne doit pas masquer la forêt (...)
Histoire d’amour entre l’homme venu d’ailleurs et une petite femme de chambre, réquisitoire-bazooka contre une Amérique lobotomisée par la modernité, le film gagne pourtant à être regardé superficiellement. Au sens étymologique : à la surface.
Car Roeg crée un véritable palais de verre : miroirs, lunettes, écrans, on a l’impression que les choses et surtout les êtres ne peuvent jamais être directement présents. Qu’il y a toujours quelque chose qui s’interpose. Qu’on est toujours à l’écart, étrangers là encore, aux autres, à soi. Comme lors de cette scène magnifique où Bowie ôte ses faux yeux humains, devant le double miroir de sa salle de bains : entre le monde et lui, entre lui-même et lui-même, s’insèrent toujours des filtres, des médiations."
- Télérama - François Gorin, 06/11/2010: L'Homme qui venait d'ailleurs" Curieux film, qui paraît d'abord broder sur une seule figure : David Bowie, pop star parachutée sur la planète cinéma comme son personnage d'alien dans l'Amérique des années 1970. Le maquillage blafard, la teinture orange vif stylisent un peu plus ce frêle égaré, dont l'incarnation terrestre est un mystérieux magnat de la technologie de l'image. (...)
Ce film lui offre le rôle qui lui va le mieux."
vos avis (2)
- Bruno11 juillet 2024Un extraterrestre débarque sur Terre avec des brevets qui le rendent immédiatement riche. Son objectif : arriver à sauver sa planète qui manque cruellement d’eau. Si Bowie donne effectivement l’impression de venir d’ailleurs dans un monde d’humains taraudé par ses démons habituels (sexe, argent, violence), le film lasse vite et sa construction un peu étrange n’aide pas. Une déception pour ma part.
- patrick13 novembre 2023