Jeune prodige du célèbre ballet du Kirov, Rudolf Noureev est à Paris en juin 1961 pour se produire sur la scène de l'Opéra. Fasciné par les folles nuits parisiennes et par la vie artistique et culturelle de la capitale, il se lie d'amitié avec Clara Saint, jeune femme introduite dans les milieux huppés. Mais les hommes du KGB chargés de le surveiller ne voient pas d'un bon œil ses fréquentations "occidentales" et le rappellent à l'ordre. Confronté à un terrible dilemme, Noureev devra faire un choix irrévocable, qui va bouleverser sa vie à jamais et le faire entrer dans l’Histoire.

proposé par :

Critique (1)

La Croix - Corinne Renou-Nativel: Noureev
"L’acteur et réalisateur Ralph Fiennes signe un film sur un moment clé de la vie du danseur soviétique dans la paranoïa de la Guerre froide avec un interprète exceptionnel pour le rôle-titre.
Certaines destinées résument à elles seules une époque. L’existence de Rudolph Noureev est de celles-là, mais plus encore : ce danseur d’exception est devenu un mythe avant même sa disparition précoce à 54 ans. Ralph Fiennes lui consacre son troisième film, mais sa fascination est née il y a vingt ans de la lecture d’une biographie. « Ce qui m’intéressait, c’était la volonté de Noureev d’accomplir son destin et la cruauté des épreuves qu’il a surmontées, et encore le contexte du fossé idéologique entre l’Est et l’Ouest au plus fort de la guerre froide », explique-t-il.
Le cinéaste voulait se concentrer sur la période parisienne du danseur lors d’une tournée en 1961 de la compagnie du Kirov, mais son scénariste, David Hare (The hoursThe reader), l’a convaincu d’étendre le récit à son enfance et ses études à Leningrad.
Ces retours dans le passé posent les étapes de l’affirmation d’une personnalité forte et soulignent le rôle essentiel dans son art de ce danseur étoile qui refusait de demeurer cantonné à une fonction de faire-valoir des ballerines.
À Paris, la presse et le public n’ont d’yeux que pour Noureev. Encadré comme toute la troupe par les membres du KGB, il n’en fait qu’à sa tête : après les représentations, il découvre les nuits parisiennes en compagnie d’une jeune femme, Clara Saint (Adèle Exarchopoulos), en deuil de son fiancé, le fils d’André Malraux qui vient de se tuer dans un accident de voiture. Lors de ce séjour, il se voit contraint de prendre brutalement une décision qui déterminera son destin.
Ralph Fiennes interprète avec une sobriété intrigante Alexandre Pouchkine, l’envoûtant maître du Kirov, si magnanime envers ce jeune danseur de talent. Il a le bon goût de parler et de faire parler ses acteurs dans la langue de leur personnage – russe, français ou anglais – pour les échanges entre les natifs des deux pays. À l’évidence, il manque à son film un peu de relief, une frénésie plus en adéquation avec le mythe Noureev.
Il signe pourtant un récit à l’image particulièrement élégante qui évite l’écueil de l’hagiographie en conservant la part d’arrogance et d’égoïsme de son héros et s’achève sur un suspense à la hauteur des enjeux narratifs. Immense atout du film, le charismatique Oleg Ivenko l’emporte haut la main sur tous les fronts : il incarne Noureev, à qui il ressemble, avec la même intensité comme acteur et comme danseur. Sa fougue incandescente fait de chaque scène de ballet un moment à part."

vos avis (23)

Tout voir