En Uruguay, où il vit avec sa femme et son fils Thomas, Orlando Vargas subit des pressions du pouvoir. Surveillé en permanence par un policier, il semble indifférent au danger qui le guette. Seul Thomas sera le témoin d'une rage qu'il cherche à noyer dans l'alcool. Il décide de partir avec sa famille à Joséfina, le dernier village en bord de mer avant le Brésil. Là bas, tout se précipite : le jour de son arrivée, Orlando ne rentre pas chez lui... Premier long-métrage d'un ancien collaborateur de Jonathan Nossiter ("Mondovino"), "Orlando Vargas" prend sa source dans l'histoire personnelle du réalisateur, fils d'un diplomate uruguayen destitué par la dictature et qui mourut prématurément lorsqu'il revint dans son pays et vit ses amis lui tourner le dos. Cette figure paternelle inspire celle du héros du film, un homme qui voyage vers le silence et disparait progressivement du monde qui l'entoure. Un homme qui efface toute trace de lui pour ne laisser qu'un insaisissable désarroi.

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Critique (1)

Le Monde - Jean-Luc Douin: Orlando Vargas
" Orlando Vargas dépasse de loin l'anecdote pour accéder à une élégie universelle. Plus encore que de l'irrémédiable solitude d'un homme traqué, il s'agit de la trace qu'il laisse, du désarroi transmis à ceux qui ne cessent de guetter un indice de ce qu'il fut.
Avant de se dissiper quelque part entre ces vagues houleuses, ce vent violent, ces ciels troublés, Vargas a loué une villa à Joséfina, près de la frontière brésilienne. C'est là que, un jour, on ne le voit pas revenir, c'est là qu'une voiture de police rôde, là que sa femme et son fils ont la patience de temporiser l'heure et le jour d'un hypothétique retour, et la sagesse, tout espoir englouti, de lui survivre en puisant dans ce qui leur reste de souvenirs, d'admiration ou de respect, et dans ce qu'il avait voulu leur transmettre.
Ce que Juan Pittaluga filme alors est de l'ordre de l'indicible. La mer se déchaîne, l'épouse a froid, le fils reste des heures sans bouger face à l'horizon, habité par une réflexion de son père : "Tu rêves pour moi !" Surréaliste, l'image d'un cadavre de phoque échoué sur la plage agit comme un révélateur. Le deuil va commencer..."