Le film m’a touché par sa forme poétique et sa sensibilité, mais je garde un malaise persistant. J’ai l’impression qu’il ne fait pas entendre la voix de l’Inde dans toute sa diversité, mais celle d’une élite occidentalisée — éduquée, urbaine, déjà alignée sur les codes culturels des festivals européens. La souffrance qu’il décrit est réelle, mais elle semble racontée selon un langage et un regard destinés à conforter la vision que l’Occident se fait de l’Inde : un pays en crise, écrasé par ses traditions, aspirant à la modernité libérale. On sent plus la classe favorisée qui parle vers l’Occident, que le peuple indien qui parle depuis lui-même. Cela crée un décalage : est-ce encore un témoignage intérieur, ou déjà une forme de propagande globalisée ?

En attendant All we imagine as light (Grand prix du Festival de Cannes 2024)... Un documentaire politique et esthétique, qui relie, avec talent, intimisme et histoire collective. C'est très rare et immanquable. Payal Kapadia est déjà entrée dans l'histoire du cinéma.

Passionnant émouvant superbe