" Avant ce sublime exercice de style sur les dangers de l'amour fou, Bertrand Blier avait réalisé dix films très verbaux. Ici, ses mots d'auteur font mouche, nerfs centraux de scènes d'anthologie (...) Mais, pour la première fois, le cinéaste de la provocation fait parler les images. Jamais travail de montage n'avait reflété d'aussi près les mouvements contradictoires du coeur amoureux, avec ses revirements, ses anticipations et ses accélérations volontaristes.
Si l'ensemble paraît ondoyant, plein de ralentis romantiques et de raccourcis idéalistes, où les désirs semblent devenir réalité, Bertrand Blier remplace finalement sa légendaire noirceur grinçante par un désespoir sans appel. Les acteurs parlent dans le vide et commentent leurs actions, sans se soucier de savoir s'ils ont un interlocuteur. Comment symboliser la solitude de plus belle façon ?
C'est un film sur la décomposition, au sens propre comme au sens figuré : à la fragmentation de scènes répond la destruction interne d'un homme qui va tout perdre pour avoir tout voulu gagner."

" Cela crevait les yeux, mais il aura fallu du temps pour que chacun s'en persuade. Bertrand Blier (50 ans et toutes ses dents) est à coup sûr l’un de nos dix meilleurs metteurs en scène hexagonaux. (...) Si la trame est simple, le traitement en est magistral. Blier le développe en forme d’exercice de style brillantissime sur plusieurs niveaux, jouant des conventions du spectade et se jouant du spectateur avec une sorte de gravité allègre où tous les coups (de théâtre) sont permis. (...)
Ce théâtre de l’absurde et de l’incongru, au texte superbement écrit, est une leçon de cinéma qui vous laisse béat d’admiration, sinon béant d’émotion."

"A partir d'un romanesque sujet qui varie peu du si conventionnel trio bourgeois, tout un théâtre du sentiment emerge, via les arabesques d’une forme, qui sans tomber dans la préciosité introduit de beaux pleins et de beaux déliés dans une calligraphie apparemment orthodoxe. (...)
Le comble, dans cette liberté incroyable de la forme qui se fiche des conventions, qui pour cette tragi-commedia dell’arte à l’usage des temps modernes va, sans prévenir, jusqu'à introduire avant-propos, considérations générales de l'auteur et, parfois même, des didascalies dans le texte."