Réalisation

Loïc Prigent

Comment comprendre un g&eacute;nie comme Alexander McQueen&nbsp;? Avec son style inimitable (une narration enlev&eacute;e et un regard aiguis&eacute; sur les d&eacute;tails qui font sens), Lo&iuml;c Prigent retrace l&#39;&eacute;bouriffante carri&egrave;re du designer anglais, brusquement interrompue par son suicide, en f&eacute;vrier 2010. Le testament d&rsquo;Alexander McQueen explore ses trois derniers d&eacute;fil&eacute;s et r&eacute;v&egrave;le leur extraordinaire processus de cr&eacute;ation. Un an avant sa mort, Alexander McQueen, tr&egrave;s controvers&eacute;, pr&eacute;sente une collection qui reprend tous les codes d&rsquo;une &oelig;uvre initi&eacute;e dans les ann&eacute;es 1990. Morbide, excessif, il met la mode au pilori, concasse et jette tout, pour mieux recommencer. Six mois plus tard, il pr&eacute;sente ce que la critique a d&eacute;crit comme un chef-d&rsquo;&oelig;uvre visionnaire&nbsp;: Plato&rsquo;s Atlantis. Si la collection pr&eacute;c&eacute;dente parlait d&rsquo;une plan&egrave;te envahie par les d&eacute;chets, celle-ci &eacute;voque un monde amphibie, o&ugrave; les visages et les corps ont mut&eacute;. Des coupes des v&ecirc;tements aux chaussures vertigineuses, tout semble in&eacute;dit. Enfin, le 18&nbsp;janvier&nbsp;2010, soit trois semaines avant son suicide, il pr&eacute;sente son tout dernier d&eacute;fil&eacute;, The Bone Collector. Dans un d&eacute;cor d&rsquo;ossuaire, les hommes sont recouverts de tibias, de cr&acirc;nes et de cordes. Spectacle pr&eacute;monitoire&hellip; 
 
Podiums macabres 
Dans ce documentaire &eacute;rudit et inspir&eacute;, des images magistrales de ses nombreux d&eacute;fil&eacute;s, &agrave; la fois danses macabres et commentaires politiques truff&eacute;s de r&eacute;f&eacute;rences, sont compl&eacute;t&eacute;es d&rsquo;images d&rsquo;archives in&eacute;dites, offrant un fascinant aper&ccedil;u de la carri&egrave;re et de la personnalit&eacute; du couturier. Alors que son &oelig;uvre est collectionn&eacute;e, c&eacute;l&eacute;br&eacute;e par des expositions &agrave; guichets ferm&eacute;s, Le testament d&#39;Alexander McQueen donne les cl&eacute;s pour comprendre sa disparition.

Le Testament d'Alexander McQueen

Par l&#39;avis&eacute; Lo&iuml;c Prigent, visite guid&eacute;e d&#39;un vestiaire masculin moins guind&eacute; qu&#39;il n&#39;en a l&#39;air, sur lequel souffle m&ecirc;me un revigorant vent d&#39;extravagance.

&quot;C&#39;est joli, cette ligne cintr&eacute;e, mais il va falloir faire des efforts&quot;, glisse Karl Lagerfeld. L&#39;exploration de Lo&iuml;c Prigent commence par le d&eacute;fil&eacute; de Dior, r&eacute;put&eacute; faire les &quot;meilleurs costumes de l&#39;industrie&quot;. Maniaquerie des finitions, frime &agrave; l&#39;italienne, mati&egrave;res souples permettant toutes les acrobaties, veste moir&eacute;e en soie...&nbsp;: les hommes ont d&eacute;sormais &agrave; leur disposition un arsenal d&#39;options pour am&eacute;liorer l&#39;ordinaire de leur sempiternel veston-pantalon. Mais cette exploration de la garde-robe masculine, cousue &agrave; la fois d&#39;images de la fashion week de janvier 2018 et d&#39;archives, r&eacute;serve d&#39;autres surprises. Si le T-shirt blanc de James Dean garde ses adeptes, d&#39;autres gar&ccedil;ons se montrent plus baroques. Perp&eacute;tuant la tradition bling-bling d&#39;un Louis XIV enrubann&eacute; ou des maharadjahs, les obs&eacute;d&eacute;s de la flamboyance en mettent plein la vue avec leurs tuniques Balmain couvertes de perles, tandis que les footballeurs, des hommes ultra coquets, ont parfois la basket rutilante.

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Perles chip&eacute;es 
Avec sa sagacit&eacute; costumi&egrave;re, Lo&iuml;c Prigent orchestre un tourbillon d&#39;images savoureuses, dressant un panorama&nbsp;des extravagances des cr&eacute;ateurs comme des habitudes fantasques des gar&ccedil;ons d&#39;aujourd&#39;hui, sans oublier ceux qui travaillent d&#39;arrache-pied pour parer ces messieurs. Depuis les &eacute;tiquettes exhib&eacute;es des sapeurs congolais jusqu&#39;&agrave; un jeune homme bien mis avouant ing&eacute;nument avoir chip&eacute; les perles de sa grand-m&egrave;re, cette exploration donne l&#39;impression qu&#39;un revigorant souffle de libert&eacute; bouscule la penderie masculine, condamn&eacute;e &agrave; l&#39;aust&eacute;rit&eacute; depuis l&#39;&eacute;poque victorienne.

Des hommes stylés

La mode aime la transgression qui fait parfois &eacute;voluer la soci&eacute;t&eacute;, et qui, surtout, garantit des profits juteux. Porno chic, transparences, bikinis, seins nus, voire exhibition de parties g&eacute;nitales&nbsp;: c&#39;est quand la mode nous d&eacute;shabille qu&#39;elle s&#39;av&egrave;re la plus scandaleuse, m&ecirc;me si, &agrave; force de surench&egrave;re, certaines audaces ne provoquent plus qu&#39;une indiff&eacute;rence blas&eacute;e.

Scandales de la Mode

Maria Grazia Chiuri est la premi&egrave;re femme &agrave; &ecirc;tre nomm&eacute;e &agrave; la t&ecirc;te de la prestigieuse maison de couture Dior. Depuis 2016, cette directrice artistique venue d&#39;Italie r&eacute;volutionne le monde de la mode. Pendant des mois, Lo&iuml;c Prigent a suivi Maria Grazia Chiuri et ses &eacute;quipes pour la confection de la collection&nbsp;&quot; Croisi&egrave;re &quot;, dont le d&eacute;fil&eacute; grandiose s&#39;est d&eacute;roul&eacute; cette fois-ci au mythique Stade panath&eacute;na&iuml;que d&#39;Ath&egrave;nes en mai 2021. De Paris &agrave; Ath&egrave;nes, en pleine pand&eacute;mie, la cam&eacute;ra de Lo&iuml;c Prigent s&#39;est immisc&eacute;e dans toutes les &eacute;tapes de la cr&eacute;ation&nbsp;: des dessins aux premiers essayages, des premi&egrave;res id&eacute;es de Maria Grazia Chiuri jusqu&#39;aux coulisses de ce d&eacute;fil&eacute; spectaculaire.

Une femme à la tête de Dior

Dans les ann&eacute;es 1950, Christian Dior r&eacute;invente la silhouette de la femme. Les lignes folles de ses merveilleux dessins, d&eacute;voil&eacute;s par Lo&iuml;c Prigent, t&eacute;moignent de dix ann&eacute;es de cr&eacute;ation foisonnantes. 

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Des tailles de gu&ecirc;pe corset&eacute;es, des hanches exag&eacute;r&eacute;es, des jupes amples et bouffantes&nbsp;: le style Dior r&eacute;volutionne la mode d&#39;apr&egrave;s-guerre. Finie l&#39;&eacute;poque du rationnement, l&#39;inventeur du fameux new-look d&eacute;roule des m&egrave;tres de tissus &ndash; suscitant au passage la pol&eacute;mique &ndash; pour habiller la femme. De 1947 &agrave; 1957, &quot;une explosion de f&eacute;minit&eacute;&quot; d&eacute;file sur les podiums. De la mythique &quot;Junon&quot;, une robe longue du soir perl&eacute;e encore r&eacute;alis&eacute;e dans ses ateliers pour des clientes fortun&eacute;es, &agrave; l&#39;embl&eacute;matique tailleur Bar, le couturier renouvelle tout en &eacute;l&eacute;gance ses silhouettes de saison en saison. Mais &agrave; force d&#39;encha&icirc;ner &agrave; un rythme effr&eacute;n&eacute; les collections, celui qui aime se d&eacute;crire comme &quot;un paysan normand bedonnant&quot; s&#39;&eacute;puise. Parti en Italie en ao&ucirc;t 1957 pour une cure de remise en forme &ndash; alors que sa voyante lui a d&eacute;conseill&eacute; ce voyage &ndash;, Christian Dior ne reviendra jamais. Deux ans avant sa mort, il avait pris soin d&#39;embaucher le jeune Yves Saint Laurent pour lui succ&eacute;der.

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R&eacute;volutionnaire 
Apr&egrave;s <a href="https://arte-magazine.arte.tv/programme/32105">&quot;</a>Les dessins d&#39;Yves Saint Laurent&quot;, Lo&iuml;c Prigent d&eacute;voile pour la premi&egrave;re fois les croquis de Christian Dior, conserv&eacute;s pr&eacute;cieusement &agrave; Paris dans un lieu tenu secret. De ses esquisses dans les pages mode du Figaro, quand il &eacute;tait fauch&eacute;, aux &eacute;bauches de ses innombrables cr&eacute;ations en passant par ses carnets d&#39;id&eacute;es, ce documentaire &eacute;blouissant nous plonge dans l&#39;effervescence des ann&eacute;es 1950. Avec les sons de l&#39;&eacute;poque, les dessins, d&eacute;j&agrave; plein de mouvements, prennent litt&eacute;ralement vie. Riche d&#39;anecdotes &eacute;mouvantes d&#39;anciennes couturi&egrave;res, d&#39;intimes de &quot;Monsieur Dior&quot;, mais aussi de sp&eacute;cialistes de la mode, le film c&eacute;l&egrave;bre le talent d&#39;un r&eacute;volutionnaire qui a construit un empire en seulement dix ans.

 
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Les dessins de Christian Dior

L’histoire exceptionnelle de l’ascension de l’un des plus célèbres noms de la mode à travers 10 ans d’archives filmées et jusqu’aux coulisses de son dernier défilé. Les magnifiques scénographies de Jacquemus inondent la presse et les réseaux sociaux. Adulé par les stars internationales, il est souvent comparé à Jean Paul Gaultier dans les années 1980. A seulement 33 ans, Simon Porte Jacquemus est le fondateur et le directeur artistique de sa marque éponyme Jacquemus – toujours indépendante et n’appartenant à aucun gros groupe de luxe. Il commence à se faire connaître en 2015, lorsqu’il remporte le Prix du Jury LVMH. Son sac le Chiquito, un mini sac de la largeur d’une carte bleue, devient rapidement un bestseller depuis sa création en septembre 2018. Son discours est resté le même depuis ses débuts : créer des vêtements pour des femmes libres, des femmes sexy. &nbsp;Sa cabine de mannequins est métisse, il est l’un des premiers créateurs à laisser les cheveux des mannequins de peau noire au naturel, non lissés, et il refuse les mannequins trop maigres. En 2022, son chiffre d'affaires a atteint les 200 millions d'euros, soit le double de l'année précédente et il devrait atteindre 500 millions d'euros d'ici 2025. Tout en suivant la préparation qui précède son prochain défilé, le film retrace cette incroyable success-story à la française. Sur les pas de ce génie de la mode contemporaine&nbsp;: du processus créatif et du travail avec ses équipes, au cœur d’un défilé face un exceptionnel parterre de stars : Vincent Cassel, Dua Lipa, Angèle, Sophie Marceau, Pamela Anderson, Victoria et David Beckham, entre autres...

Jacquemus, le prince Soleil

Comment le surdou&eacute; Olivier Rousteing, n&eacute; en 1985, r&eacute;invente les fondamentaux de la mythique maison Balmain.

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1945. Pierre Balmain fonde sa maison et r&eacute;enchante la France de l&rsquo;apr&egrave;s-guerre sur le th&egrave;me &quot;Paris est une f&ecirc;te&nbsp;!&quot;, entre chic et extravagance. Aujourd&rsquo;hui, son digne h&eacute;ritier, Olivier Rousteing, r&egrave;gne sur les collections, avec un leitmotiv &ndash; &quot;&eacute;blouir malgr&eacute; les crises&quot; &ndash; pour de ferventes adeptes, dont sa muse Rihanna. Cuir, raphia, rotin, plastique&nbsp;: le magicien cr&eacute;e, en tours et d&eacute;tours de mains, des robes du soir aux bustes sur&eacute;lev&eacute;s pour femmes &agrave; la silhouette conqu&eacute;rante. Pulls en fourrure, fourreau en cordage, recolori&eacute; au feutre jaune pendant trois jours&nbsp;: entre passementerie et copi&eacute;s-coll&eacute;s tendance, la ligne Balmain triomphe toujours, m&ecirc;me si Constance Jablonski, top en vogue, s&rsquo;&eacute;vanouit, le corps (un peu trop) serr&eacute; par une de ses ceintures. 
 
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Adr&eacute;naline et hyst&eacute;rie 
Lo&iuml;c Prigent a plant&eacute; ses cam&eacute;ras agiles dans les coulisses survolt&eacute;es de la mythique maison avant un d&eacute;fil&eacute;. Des ateliers &agrave; l&rsquo;H&ocirc;tel de Ville de Paris, o&ugrave; a lieu le fashion show Balmain, premi&egrave;re d&rsquo;atelier, couturiers, assistants, secr&eacute;taires, comptables et stagiaires partagent passion et savoir-faire, raffinements et ultimes bricolages. Une petite tour de Babel, pleine d&rsquo;&eacute;motions, o&ugrave; Serbe, Croate, Italien, Japonais ou Am&eacute;ricain &oelig;uvrent de concert pour la c&eacute;r&eacute;monie, orchestr&eacute;e par le g&eacute;nial prodige. Laquelle d&eacute;bute, comme il se doit, dans l&rsquo;hyst&eacute;rie avec cinquante minutes de retard, et s&rsquo;ach&egrave;ve par une ovation.

La Ligne Balmain

&Agrave; travers de nombreuses archives, une radiographie irr&eacute;v&eacute;rencieuse de la garde-robe d&rsquo;outre-Manche, entre tradition et excentricit&eacute;s, par un Lo&iuml;c Prigent en verve.

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En mati&egrave;re vestimentaire, les Anglais semblent pouvoir tout se permettre, en s&#39;abritant derri&egrave;re leur flegme l&eacute;gendaire.&nbsp; 
Une d&eacute;ferlante de mauve, turquoise, verveine et citron vient pimenter des rues invariablement rouge et gris &ndash; on apprend d&#39;ailleurs au passage que la brique est devenue un mat&eacute;riau obligatoire apr&egrave;s l&#39;incendie de 1666 qui ravagea une Londres toute de bois b&acirc;tie.&nbsp;

 
Tel un fantasque ethnologue, Lo&iuml;c Prigent passe au crible la culture britannique, de l&#39;obsession du th&eacute; &agrave; l&#39;argot chaloup&eacute; de Manchester, et en observe les extravagantes r&eacute;percussions en mati&egrave;re d&#39;habillement.&nbsp; 
Dans un pays qui ch&eacute;rit ses traditions, tous les tissus d&#39;ameublement des appartements cosy, du chintz aux voilages, se retrouvent un jour ou l&#39;autre sur les podiums, o&ugrave; se recyclent aussi les passementeries et les casques en poils d&#39;ours des soldats. 
En ex&eacute;g&egrave;te rigoureux, Lo&iuml;c Prigent a compil&eacute; des masses d&#39;archives savoureuses et rapport&eacute; des images de d&eacute;fil&eacute;s non moins fantasques.&nbsp; 
Il a &eacute;cum&eacute; les rues, les raouts et les moelleux int&eacute;rieurs anglais. Mais comme saisi par l&#39;excentricit&eacute; d&#39;un pays qui a vu na&icirc;tre le punk, les chapeaux d&eacute;lirants et les tailleurs turquoise, il a tout pass&eacute; &agrave; la centrifugeuse et en a tir&eacute; un r&eacute;jouissant inventaire &agrave; l&#39;humour acide, dans lequel se c&ocirc;toient punks d&eacute;cha&icirc;n&eacute;s et dames placides,&nbsp;chav&nbsp;foulant joyeusement aux pieds la respectabilit&eacute; de la marque Burberry et traders ravis de se ridiculiser au cours de la &quot;journ&eacute;e du pull de No&euml;l affreux&quot;.

Loïc Prigent

Filmographie (8)