Debout sur la montagne

"Debout sur la montagne relève à la fois de la comédie et du drame existentiel. Les personnages campent des profils sociologiques derrière lesquels de nombreux trentenaires désabusés ou désenchantés pourraient se retrouver. Il y a beaucoup de tendresse dans la façon dont Sébastien Betbeder filme ses drôles de protagonistes. Le cinéaste ne verse jamais dans la caricature ou le ridicule, ce qui est plutôt difficile quand on aborde des antihéros comme ces trois personnages. On ressent un cinéma à la Blier, où la poésie des dialogues flirtent avec les décors bucoliques. Il y a peut-être un peu d’excès dans la représentation de la montagne et de ses habitants, mais enfin on a le droit à un cinéma sorti de Paris, où les gens composent avec des existences simples, parfois difficiles. Bien sûr, les patients ou les familles de patients souffrant de maladies mentales se révolteront contre l’image que donne le personnage de Stan. Qu’importe ! Sébastien Betbeder refuse le pathos. Il opte pour une histoire drôle et attentionnée impliquant des gens auxquels, finalement, le cinéma, ne s’intéresse guère. Les scènes de voiture sont assez nombreuses dans le film. Elles emmènent le spectateur jusqu’en Normandie, ce qui n’est pas pour lui déplaire. On regrettera seulement un effet très studio où les comédiens tournent le volant, une caméra plantée sur le devant du véhicule et des images floues autour pour donner l’impression que le voyage est réel. L’effet semble si grossier qu’il est même décent de penser que le cinéaste l’a délibérément choisi, pour rajouter de la poésie à son récit. En tout cas, la montagne est splendide. On la visite enneigée, avec ces magnifiques plans de pics immenses. Les maisons sont aussi superbement filmées et l’on ressent, derrière l’œil de la caméra, un attachement inégalé à la culture alpine."

"Dans le petit monde de la comédie française qui aime exposer ses muscles à grands coups de stars à l’affiche et de scores maousses au box-office, certaines exceptions moins tape-à-l’oeil parviennent heureusement à faire entendre leur voix, comme Sébastien Betbeder, l’homme de 2 automnes 3 hivers et Marie et les naufragés. Avec une constante : son cinéma est mû par ses personnages qui donnent le ton et le rythme du récit. Avec les maladresses et les coups de mou inhérents à ce style de films, mais aussi avec ce lien fort qu’il tisse tout naturellement avec le spectateur. Son Debout sur la montagne met en scène les retrouvailles de trois amis d’enfance qui ont grandi ensemble dans la montagne avant que la vie ne les éloigne. Un enterrement dans leur village natal fait se reformer ce trio autrefois joyeux car gorgé d’innocence. Est-il possible de retrouver ce bonheur et cette candeur-là à l’âge adulte quand les aléas de la vie vous ont cabossé, quand certains de vos rêves se sont définitivement envolés ? Betbeder tente d’en apporter la réponse avec un mélange délicat entre rires et larmes, épicé par un soupçon de fantastique. Avec un trio d’acteurs – William Lebghil, Izïa Higelin et Bastien Bouillon – aussi attachants que leurs personnages. Le fil du récit est ténu, un sentiment d’ennui guette ici ou là. Mais le charme fou et le geste maîtrisé d’un cinéaste dans le contrôle de ce chaos émotionnel font la différence."

"Une météorite brille de tous ses feux, mais seulement quand elle le décide. Le reste du temps elle n’est qu’un gros caillou sombre : Debout sur la montagne, de Sébastien Betbeder, serait-il un film fantastique ? Trois enfants, une fille et deux garçons, revenant en flash-back dans cette histoire de trentenaires qui se retrouvent après des années d’absence : un film sur les paradis perdus ? De splendides paysages de montagne : ode à la nature ? Le film est tout cela à la fois, une réflexion, grave et légère, sur l’inadaptation au monde qui vient. C’est ce qui fera son charme pour ceux qui ne craignent pas d’être parfois désarçonnés par un mode de narration inhabituel. "