Liste de lecture deChristian Rouaud
45 films1966. L'Amérique Latine souffre du néo-colonialisme occidental. Nul changement, selon Fernando Solanas, ne se fera sans une prise de conscience des masses et la révolution qui s'ensuivra. Une fresque documentaire et révolutionnaire en trois actes, dans les pas d'Ernesto "Che" Guevara. Dans cette première partie, Néocolonialisme et violence (95 mn) Getino et Solanas analysent les causes du mal et dénoncent notamment l’ingérence des États-Unis et de l’Europe en Amérique latine.
Premier rôle : María de la Paz
Premier rôle : Fernando Ezequiel Solanas
Premier rôle : Edgardo Suárez
Premier rôle : Ernesto "Che" Guevara
Second rôle : Eva Perón
Second rôle : Juan Domingo Perón
Second rôle : Zedong Mao
Réalisation : Fernando Ezequiel Solanas
Réalisation : Octavio Getino
Scénario : Octavio Getino
Scénario : Fernando Ezequiel Solanas
Producteur : Edgardo Pallero
Producteur : Fernando Ezequiel Solanas
Directeur de la photo : Juan Carlos Desanzo
Directeur de la photo : Fernando Ezequiel Solanas
Montage : Norma Torrado
Montage : Juan Carlos Macías
Montage : Antonio Ripoll
Son : Octavio Getino
Son : Abelardo Kuschnir
Son : Aníbal Libenson
- Type de film : Long métrage
- Couleur : Noir et blanc
- Langue : Espagnol
- Date de production : 1966
- Pays de production : Argentine
- Titre original : La Hora de Los Hornos - Parte 1
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Critique (1)
Le Nouvel Observateur - Jean-Louis Bory, 1969: L'Heure des brasiers - Partie 1 : Néocolonialisme et violence
"Ces séquences vous frappent en plein visage. Inoubliables : elles vous poursuivent. Le film entier est de cette tension-là. (...) Il s’agit avant tout d’un film pédagogique, et la pédagogie est avant tout l’art de la répétition. (...)
Solanas ne s’en tient pas non plus au documentaire. Lui aussi œuvre en historien — comment comprendre la situation intérieure d’un pays sans analyser son histoire ? Solanas ne s’arrête pas à l’histoire. Il ne se contente pas d’ouvrir des perspectives, qu’il appartient à l’histoire de réaliser ou non. Il dégage une leçon immédiatement applicable. Une « moralité » pour aujourd’hui. Des motifs d’action éclairés par une argumentation politique. Du documentaire, du cours d’histoire avec analyse économique, sociale et politique, découle, à chaque moment entremêlée, une leçon de révolution, théorie et pratique. (...)
La leçon donnée par Solanas et son équipe vaut pour l’Argentine. Mais pas pour l’Argentine seulement. Pour les pays du continent latino-américain, qui sont tous dans la même situation que l’Argentine — ou dans une situation pire. (...)
L’importance de ce film ne tient pas à sa durée, mais à son propos, et à sa forme, qui répond exactement à ce propos. Ce film ne relève pas du simple spectacle, mais de l’acte. Pamphlet, tract, manifeste, c’est un film de guerre. Du cinéma-combat. Les ennemis, que ne singularise aucun uniforme puisque ce sont des civils et des Argentins, les voici. Voici leurs noms, leurs visages, leurs fortunes, l’immensité de leurs domaines, de leurs troupeaux, leurs liens économiques et culturels avec l’étranger. Voici leur cimetière, ville de mausolées grandiloquents, peuple de statues cabotines : parfaite image d’un monde pour qui assurer le passé est la seule perspective d’avenir et dont les fastes funéraires traduisent l’orgueil funèbre. L’objectivité n’a rien à faire ici, c’est évident. Peut-on être objectif quand on se bat à mort ? Il faut se salir les mains. (...)
Le spectacle devient acte, par la participation des spectateurs. Emporté, lyrique, baroque, violent par le tumulte même de ses images qui parfois font craquer le corset pédagogique, ce film-torche, suscitant les étincelles de la discussion et de la prise de conscience, se fait brasier. Parfait exemple de cinéma ouvert et par là profondément mobilisateur."
Solanas ne s’en tient pas non plus au documentaire. Lui aussi œuvre en historien — comment comprendre la situation intérieure d’un pays sans analyser son histoire ? Solanas ne s’arrête pas à l’histoire. Il ne se contente pas d’ouvrir des perspectives, qu’il appartient à l’histoire de réaliser ou non. Il dégage une leçon immédiatement applicable. Une « moralité » pour aujourd’hui. Des motifs d’action éclairés par une argumentation politique. Du documentaire, du cours d’histoire avec analyse économique, sociale et politique, découle, à chaque moment entremêlée, une leçon de révolution, théorie et pratique. (...)
La leçon donnée par Solanas et son équipe vaut pour l’Argentine. Mais pas pour l’Argentine seulement. Pour les pays du continent latino-américain, qui sont tous dans la même situation que l’Argentine — ou dans une situation pire. (...)
L’importance de ce film ne tient pas à sa durée, mais à son propos, et à sa forme, qui répond exactement à ce propos. Ce film ne relève pas du simple spectacle, mais de l’acte. Pamphlet, tract, manifeste, c’est un film de guerre. Du cinéma-combat. Les ennemis, que ne singularise aucun uniforme puisque ce sont des civils et des Argentins, les voici. Voici leurs noms, leurs visages, leurs fortunes, l’immensité de leurs domaines, de leurs troupeaux, leurs liens économiques et culturels avec l’étranger. Voici leur cimetière, ville de mausolées grandiloquents, peuple de statues cabotines : parfaite image d’un monde pour qui assurer le passé est la seule perspective d’avenir et dont les fastes funéraires traduisent l’orgueil funèbre. L’objectivité n’a rien à faire ici, c’est évident. Peut-on être objectif quand on se bat à mort ? Il faut se salir les mains. (...)
Le spectacle devient acte, par la participation des spectateurs. Emporté, lyrique, baroque, violent par le tumulte même de ses images qui parfois font craquer le corset pédagogique, ce film-torche, suscitant les étincelles de la discussion et de la prise de conscience, se fait brasier. Parfait exemple de cinéma ouvert et par là profondément mobilisateur."
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emilili88@hotmail.com12 juin 2021