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Frédéric Lernoud

Réalisation

Jean-Christophe Victor

Animation

Le dessous des cartes analyse en deux volets le projet d&rsquo;accord de libre-&eacute;change transatlantique entre l&rsquo;Europe et les &Eacute;tats-Unis, d&eacute;sign&eacute; par les acronymes Tafta et TTIP, et visant &agrave; cr&eacute;er la plus grande zone de libre-&eacute;change du monde. Cette premi&egrave;re partie r&eacute;sume le contexte g&eacute;o&eacute;conomique du projet, alors que d&rsquo;importants accords de libre-&eacute;change ont &eacute;t&eacute; conclus r&eacute;cemment ou sont en cours de n&eacute;gociation.

POLITIQUE

Le Dessous des cartes - La mutation du commerce international

La nouvelle enqu&ecirc;te CHOC de Marie-Monique Robin (Le Monde selon Monsanto, Les Moissons du futur...)

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Le nouveau documentaire de Marie-Monique Robin est avant tout l&rsquo;histoire d&rsquo;une cassure. Entre les d&eacute;cideurs politiques et une partie de la population r&eacute;ticente &agrave; se laisser imposer les doxas lib&eacute;rales, les visions du monde tel qu&rsquo;il doit &ecirc;tre men&eacute; semblent irr&eacute;conciliables. Lorsque les premiers ne jurent que par la croissance, r&eacute;p&eacute;tant le terme comme une formule incantatoire, les seconds esp&egrave;rent en d&#39;autres solutions et r&eacute;futent le productivisme et la consommation &agrave; tout prix. Les experts intervenant dans le film sont formels&nbsp;: sous la forme qu&#39;elle a connue au XXe si&egrave;cle, la croissance est termin&eacute;e, elle ne reviendra pas. De nombreux param&egrave;tres ne leur laissent aucun doute, dont la fin de l&rsquo;&egrave;re des &eacute;nergies bon march&eacute; ou la d&eacute;pendance croissante &agrave; la dette. 
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Fous et insoumis 
&quot;Celui qui pense qu&rsquo;une croissance exponentielle infinie est possible dans un monde fini est soit un fou soit un &eacute;conomiste&quot; d&eacute;clare un... &eacute;conomiste, non sans humour.&nbsp;Alors, pendant que les &Eacute;tats s&rsquo;enfoncent dans la crise, des insoumis cr&eacute;ent les pr&eacute;mices d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; fond&eacute;e sur la sauvegarde &eacute;cologique et le d&eacute;veloppement durable. Avec&nbsp;Sacr&eacute;e croissance !, la r&eacute;alisatrice pr&eacute;sente une s&eacute;lection d&rsquo;initiatives r&eacute;ussies et de mod&egrave;les alternatifs viables. Son film &eacute;largit ainsi le champ des possibles en montrant comment on peut r&eacute;futer en action, et pas seulement en paroles, le mod&egrave;le &eacute;conomique dominant. Avec une id&eacute;e force&nbsp;: face au gaspillage mondial, la r&eacute;ponse doit &ecirc;tre locale et solidaire. &Agrave; Toronto, une coop&eacute;rative de fermiers produit des l&eacute;gumes bio pr&egrave;s du centre-ville et vise la souverainet&eacute; alimentaire. &Agrave; Rosario (Argentine), on lutte contre l&rsquo;exclusion sociale en fertilisant d&#39;anciennes d&eacute;charges pour embaucher des mara&icirc;chers d&eacute;butants. Certains villages n&eacute;palais s&rsquo;approchent de l&rsquo;autosuffisance &eacute;nerg&eacute;tique gr&acirc;ce au biogaz et &agrave; la micro-hydro-&eacute;lectricit&eacute;. Au Br&eacute;sil ou en Bavi&egrave;re, des banques communautaires et des monnaies locales bouleversent le rapport &agrave; l&rsquo;argent d&rsquo;un public qui se fait &quot;prosommateur&quot; (producteur et consommateur). Quant au Bhoutan, il d&eacute;veloppe une politique publique r&eacute;volutionnaire instaurant le concept du &quot;Bonheur national brut&quot; (BNB). &quot;L&rsquo;abondance mat&eacute;rielle finira par s&rsquo;arr&ecirc;ter&quot;, rappelle un des intervenants. Et c&#39;est avant qu&#39;il faut changer de paradigme &eacute;conomique, insiste Marie-Monique Robin.

Sacrée croissance !

Sur ce simple fruit s&rsquo;est b&acirc;ti un empire. Raconter l&#39;&eacute;pop&eacute;e &eacute;difiante de la banane, entre l&#39;Am&eacute;rique centrale et les &Eacute;tats-Unis, c&#39;est revenir aux sources d&#39;un mod&egrave;le plus que jamais d&rsquo;actualit&eacute; &ndash; un capitalisme se jouant des fronti&egrave;res et des lois nationales pour assurer &agrave; ses actionnaires des profits maximaux, jusqu&rsquo;&agrave; menacer la d&eacute;mocratie. Quand elle appara&icirc;t au tournant du XXe si&egrave;cle sur le march&eacute; nord-am&eacute;ricain, la banane, denr&eacute;e rare et ch&egrave;re, est r&eacute;serv&eacute;e &agrave; une &eacute;lite ais&eacute;e. Minor Cooper Keith, entrepreneur visionnaire et dur en affaires, va faire d&#39;elle un produit de consommation populaire, sur lequel il &eacute;difiera la premi&egrave;re multinationale au monde. B&acirc;tisseur du chemin de fer costaricain, il promet au lendemain de la Premi&egrave;re Guerre mondiale aux jeunes nations d&#39;Am&eacute;rique centrale un d&eacute;veloppement bas&eacute; sur la monoculture et l&#39;exportation de la banane, en &eacute;change de terres achet&eacute;es &agrave; vil prix, souvent confisqu&eacute;es aux petits paysans indiens, de l&#39;usage gratuit des lignes ferroviaires qu&#39;il construit et d&#39;une quasi-exemption d&#39;imp&ocirc;ts. 
 
&quot;Le Poulpe&quot; 
N&eacute;e en 1899, l&#39;United Fruit Company (UFC) constitue trente ans plus tard une puissance r&eacute;gionale incontest&eacute;e, &eacute;dictant ses propres lois sur d&#39;immenses plantations qui s&#39;&eacute;tendent jusqu&#39;en Colombie. &quot;Le Poulpe&quot;, comme on la surnomme, fait venir de Jama&iuml;que une main-d&#39;&oelig;uvre corv&eacute;able &agrave; merci, pourchasse les syndicalistes et fait pression sur les gouvernements des r&eacute;publiques &quot;banani&egrave;res&quot;. Quand, en 1933, quatre ans apr&egrave;s la mort de Keith, un self-made-man n&eacute; en Moldavie, Samuel Zemurray, alias &quot;le tsar de la banane&quot;, reprend les r&ecirc;nes du mastodonte, il amplifie ces m&eacute;thodes, notamment gr&acirc;ce aux services du p&egrave;re des spin doctors Edward Bernays. En 1954, avec l&#39;appui du gouvernement Eisenhower, tous deux chasseront du pouvoir au Guatemala le social-d&eacute;mocrate Jacobo &Aacute;rbenz Guzm&aacute;n, coupable d&#39;avoir nationalis&eacute; pour sa r&eacute;forme agraire des milliers d&#39;hectares de l&#39;UFC. La guerre civile d&eacute;clench&eacute;e alors fera plus de cent mille morts jusqu&#39;en 1996&hellip; 
Les multinationales d&#39;aujourd&#39;hui ont repris les pratiques inaugur&eacute;es par l&#39;UFC en Am&eacute;rique latine&nbsp;: int&eacute;gration verticale, poursuite du monopole, privatisation des ressources, &eacute;vitement fiscal. La monoculture intensive d&#39;un produit d&#39;exportation, qui &eacute;puise les sols et empoisonne les travailleurs, reste elle aussi en vigueur dans une grande partie du monde. Gr&acirc;ce &agrave; un montage d&rsquo;archives rares, le film retrace pr&egrave;s d&#39;un si&egrave;cle de r&egrave;gne sans partage. Des sp&eacute;cialistes (Geoffrey Jones, historien des multinationales &agrave; la Harvard Business School, Ga&euml;l Giraud, &eacute;conomiste &agrave; l&rsquo;Agence fran&ccedil;aise pour le d&eacute;veloppement, et la philosophe C&eacute;cile Renouard, enseignante &agrave; l&rsquo;Essec) commentent cette histoire &eacute;difiante et en partie oubli&eacute;e, illustration &eacute;clairante des d&eacute;rives du capitalisme.

La loi de la banane

Chaque jour en France, trois personnes se donnent la mort parce qu&#39;elles n&#39;arrivent plus &agrave; rembourser leurs pr&ecirc;ts. Claudine Schnegg est l&#39;une de ces victimes. En ao&ucirc;t 2009, cette m&egrave;re de quatre enfants se suicide, d&eacute;pass&eacute;e par une dette de plus de 200 000 euros, apr&egrave;s avoir contract&eacute; vingt-sept cr&eacute;dits diff&eacute;rents en seulement trois ans. Dans une soci&eacute;t&eacute; d&#39;abondance o&ugrave; la tentation est omnipr&eacute;sente, les organismes de cr&eacute;dit, mais aussi la grande distribution, recourent &agrave; des techniques toujours plus subtiles pour attirer les consommateurs dans le pi&egrave;ge des emprunts faciles. En 2010, la loi Lagarde visait &agrave; prot&eacute;ger les emprunteurs en encadrant notamment les cr&eacute;dits &quot;revolving&quot;, ces pr&ecirc;ts renouvelables &agrave; taux tr&egrave;s &eacute;lev&eacute;s, pr&eacute;sents dans 90 % des cas d&#39;endettement. Mais les publicit&eacute;s agressives et les pratiques mensong&egrave;res persistent.

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Pr&eacute;venir et gu&eacute;rir face &agrave; ce ph&eacute;nom&egrave;ne, des associations comme Cr&eacute;sus, en France, se mobilisent pour aider les surendett&eacute;s. Encore peu d&eacute;velopp&eacute;s en Europe, des programmes d&#39;&eacute;ducation financi&egrave;re voient &eacute;galement le jour, comme en Allemagne o&ugrave; les lyc&eacute;es dispensent d&eacute;sormais des cours de gestion budg&eacute;taire. En Espagne, des citoyens m&egrave;nent des actions collectives pour combattre les expulsions massives de familles, harcel&eacute;es par leurs cr&eacute;anciers. En suivant plusieurs accident&eacute;s de la vie sur le chemin de la reconstruction, aux quatre coins de l&#39;Europe, cette enqu&ecirc;te fouill&eacute;e, &eacute;tay&eacute;e par les analyses d&#39;&eacute;conomistes et de sociologues, d&eacute;passe la vision fataliste qui entoure la probl&eacute;matique du surendettement pour explorer des solutions.

Morts à crédit

&quot;Course suicidaire et inconsciente&quot;, selon Edgar Morin, l&#39;acc&eacute;l&eacute;ration financi&egrave;re et technologique, d&eacute;connect&eacute;e du rythme de l&rsquo;homme, m&egrave;ne notre syst&egrave;me &agrave; l&#39;&eacute;puisement et vers des catastrophes tout &agrave; la fois &eacute;cologiques, &eacute;conomiques et sociales. Mais alors que des algorithmes accentuent de mani&egrave;re exponentielle la sp&eacute;culation financi&egrave;re hors de tout contr&ocirc;le, aux quatre coins de la plan&egrave;te des citoyens refusent de se soumettre au diktat de l&#39;urgence et de l&rsquo;imm&eacute;diatet&eacute;, pour redonner sens au temps. En Europe, aux &Eacute;tats-Unis, en Am&eacute;rique Latine ou encore en Inde, Philippe Borrel (Un monde sans humains ?) est all&eacute; &agrave; la d&eacute;couverte de ces initiatives, individuelles et collectives, qui proposent des alternatives bas&eacute;es sur d&rsquo;autres paradigmes.

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Reprendre le contr&ocirc;le

Au Rajasthan, le Barefoot College fond&eacute; par Bunker Roy recrute des femmes de milieux ruraux pour les former &agrave; l&#39;ing&eacute;nierie solaire&nbsp;; les villes de Romans-sur-Is&egrave;re et de Bristol ont mis en place une monnaie locale pour r&eacute;sister &agrave; la toute-puissance des banques&nbsp;; &agrave; Ithaca, au nord de New York, des coop&eacute;ratives font leur preuve pour relocaliser l&#39;&eacute;conomie... &Agrave; rebours du &quot;train fou&quot; du mod&egrave;le dominant, ces alternatives citoyennes, qui rejoignent les analyses de philosophes, sociologues, &eacute;conomistes et scientifiques, pourraient bien &ecirc;tre les pionni&egrave;res du monde de demain. Autant de gestes qui remettent l&rsquo;homme au c&oelig;ur du syst&egrave;me.

L'urgence de ralentir

Octobre 1929 : le krach de Wall Street &agrave; New York provoque une crise financi&egrave;re mondiale sans pr&eacute;c&eacute;dent et marque le d&eacute;but de la Grande d&eacute;pression, entra&icirc;nant ch&ocirc;mage de masse et mont&eacute;e du populisme en Europe. 90 ans apr&egrave;s, notre syst&egrave;me &eacute;conomique a-t-il chang&eacute; ? Comment, de nos jours, notre temps est devenu une valeur marchande (Le temps c&rsquo;est de l&rsquo;argent ; L&#39;urgence de ralentir) ? Quel avenir pour les anciennes villes industrielles (Braddock America; City of Dreams) ? Entre cours de gestion budg&eacute;taire &agrave; l&rsquo;&eacute;cole contre l&rsquo;endettement (Mort &agrave; cr&eacute;dits !) et &eacute;conomie solidaire (Sacr&eacute;e croissance ! ; Food Coop), d&eacute;couvrez aussi comment citoyens et collectifs mettent en place des solutions pour combattre la spirale de la crise &eacute;conomique.

D'une crise à l'autre

Le Dessous des cartes - La mutation du commerce international

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