" On voit tout de suite le danger : faire "branché", "jeunes" (voir les émission télé qui leur sont destinées) et ne faire de typage social qu'un truc de scénario. Doillon évite le piège en s'appuyant sur l'acteur-personnage Gérald Thomassin, ses mots, ses mimiques, ses attitudes. Le résultat est fulgurant : c'est celui de la rencontre entre le théâtre (celui de Doillon avec son art de mettre en scène l'hystérie, qui à chaque film s'affine un peu) et le social. Chacun stimule l'autre, le régénère. On est du côté du cinéma tant aimé : Renoir, Vigo, Pialat..."

" Et c'est un film immense. Un film juste, tellement juste qu'il en devient intimidant. Evident dans chacun de ses mots, de ses gestes, de ses regards, au point qu'il finit par annihiler toute vélléité critique. Car c'est le fait des oeuvres vraies d'échapper à leur auteur et au public, pour vivre leur vie, irréductibles à tout analyse, rebelles, mystérieuses."

" Anconina, le "pro", vacille sous nos yeux, comédien vaincu par un gosse en roue libre, mais il est magnifique quand son désarroi rejoint celui de son personnage. La fatalité sociale n'est ici pas plus exploitée que la psychologie condesendante. Fable obscure mais foudroyante d'évidence. Le Petit criminel va dominer longtemps l'histoire du cinéma français."

" Ce petit criminel est tout vibrant d'humanité souffrante. Vérité des gestes et puissance de la parole. Tout le film est tissé des relations déroutantes qui s'instaurent entre l'enfant, le flic et l'adolescente. Mouvement de coeur et mouvement de caméra : Doillon réinvente le nouveau romanesque."

" Voilà un homme, un enfant, et puis une presque femme encore enfant, et le reste du monde... Trois êtres qui se croisent, qui se cherchent, qui se touchent sans jamais vraiment se rejoindre, dans la solitude et l'aveuglement de leurs utopies respectives. Instants volés : Doillon capte sa vérité avec une caméra si discrète qu'elle en est par instants indécente - une caméra, en tout cas, d'une admirable justesse."