Il est le démiurge le plus prolifique de la pop britannique. Retour sur la carrière d’un touche-à-tout insatiable, qui, de Blur à Gorillaz, a su s’affranchir de l’anglocentrisme pour s’ouvrir au monde.  
 
Qui aurait pu prévoir, après les débuts de Blur en 1989, que Damon Albarn deviendrait une des figures emblématiques de la pop britannique, avec quarante disques à son actif ? Après deux albums au succès mitigé, Parklife, en 1994, rebat les cartes. Le quartette londonien se retrouve alors chef de file de la britpop, ce courant alternatif qui porte l’identité anglaise en étendard et revendique son patrimoine musical comme ferment. Avec sa gueule d’ange, sa nonchalance et son arrogance futée, Damon Albarn voit sa popularité grimper en flèche. Vite à l’étroit dans le carcan anglocentré de cette nouvelle vague, malgré l’ahurissant succès de Blur, ce multi-instrumentiste accompli va se tourner vers d’autres horizons, craignant comme la peste le surplace créatif. Avec le graphiste Jamie Hewlett, il crée Gorillaz en 1999, premier groupe virtuel composé d’avatars en animation : un modèle de brassage des genres et d’inventivité débridée. Jamais rassasié, l’hyperactif Damon Albarn prend la tête d’un nouveau supergroupe, The Good, The Bad and the Queen, ou compose un opéra en... mandarin. Mais surtout, il fait de l’Afrique sa nouvelle terre d’élection avec l’album Mali Music (2002) ou avec le collectif musical Africa Express. Une aventure de plus pour ce globe-trotter, chantre de la mondialisation heureuse.

Chroniqueur des faillites anglaises 
Loin de se contenter d’égrener les grandes lignes d’une carrière flamboyante, ce documentaire riche en archives resitue Damon Albarn à sa juste place : celle d’un musicien surdoué, mais aussi d’un chroniqueur social hors pair. Le leader de Blur n’a jamais décorrélé son art de la marche du monde, toujours soucieux aussi des soubresauts outre-Manche. De la morosité des années 1990 aux clivages du Brexit, le réalisateur Adrien Pavillard s’attache au contexte sociopolitique qui a inspiré sa musique pour lui redonner toute sa profondeur. Le portrait sensible d’une personnalité généreuse qui a su s’ouvrir au monde tandis que son pays se repliait sur lui-même.

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