Mai 68. Les symboles de l'autorité sont contestés par des millions de grévistes et d'étudiants. William Klein filme au jour le jour assemblées, débats improvisés, manifestations, barricades, bagarres de rues, palabres, utopie en marche, espoirs, résignations, malentendus. Filmé en noir et blanc, caméra au poing, ce document sur la grande rébellion française du XXème siècle est une référence de l'histoire du cinéma documentaire.

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Critique (1)

Jeune Cinéma n° 111 - Jean Delmas : Grands soirs et petits matins
« Le film de William Klein est construit sans préoccupation de la succession chronologique des faits pour donner une image globale de mai-juin 68 en ménageant au spectateur un accès de plain-pied par le concret, le vécu de ces jours-là, pour atteindre, à la fin du film seulement, le noyau politique du mouvement. Au début donc par touches juxtaposées, des aspects divers de ce qu’on pourrait appeler la « vie quotidienne » de mai-juin 68, si différente de la grise vie quotidienne habituelle. Des images - très belles - des manifs (celle du 30 mai à la Gare de Lyon), des barricades la nuit. Mais aussi des aspects plus modestes - plus intimes, pourrait-on dire. Par exemple la mise au point d’un slogan à Censier, une crèche sauvage, la cantine de la Sorbonne. Ou encore cette scène tellement vraie dans ses contradictions : à un comité de grève lycéen une mère téléphone, inquiète de son fils ; une fille du comité rigolant un peu mais gentiment, répond avec un trésor de patience […] Mais ce quotidien n’empêche pas de mettre en place l’événement qui le dépasse.
On a vu partout l’image de la rencontre ouvriers-étudiants aux grilles de Citroën. Mais nulle part, je crois, elle n’est développée comme ici avec des phrases chargées de conviction personnelle, de pouvoir émotionnel, surprises dans ce dialogue que brisent les grilles de l’usine. Nulle part on ne ressent autant ce moment comme un sommet du drame politique de mai-juin 68 avec ces grilles interposées donnant, au niveau du symbole, l’image d’une double prison. De même le film ne néglige pas la dimension politique. Présente partout, dans les petits meetings de rue ou les réunions de comités, elle s’amplifie en conclusion par des déclarations de Cohn-Bendit, Geismar, Vigier, Weber, Ben Saïd, Krivine. »
 
Juin 1968 

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