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16 JANVIER 2023

Je danse, donc je suis - Entretien avec Françoise Marie

Dans ce troisième volet de Graines d’étoiles, Françoise Marie retrouve les danseurs, aujourd’hui adultes, qu’elle suit depuis leurs premiers pas à l’école de l’Opéra de Paris. Cette immersion exceptionnelle s’appuie sur un solide rapport de confiance entre la documentariste et ces jeunes artistes. Entretien.

Media

Que vouliez-vous raconter dans ce troisième volet ?

Françoise Marie : Après m’être intéressée aux petits rats de l’école de danse, puis au début de leur parcours professionnel cinq ans plus tard, je les retrouve aujourd’hui, âgés de 25 ans environ, au milieu de leur carrière, face à des choix déterminants. Je voulais raconter les différentes voies empruntées par chacun. Certains sont devenus solistes, d’autres attendent de monter en grade, d’autres encore ont quitté l’Opéra. Depuis le début, leur maturité me fascine. La danse, comme tous les sports de haut niveau, est une vocation qui les confronte précocement à la compétition et à la discipline. Cela génère chez eux une grande capacité de réflexion.

Certains s’accomplissent en dehors de l’Opéra, expérimentant d’autres façons de danser…

Françoise Marie : À l’école de danse, les élèves n’ont qu’un idéal : devenir étoile. Tout le cursus est orienté vers ce but ultime. Mais quand ils sont contraints de quitter cette formation, n’ayant pas le niveau, ou qu’ils échouent à entrer dans le corps de ballet, une révolution copernicienne s’opère. En donnant la parole à ceux qui explorent d’autres approches, d’autres sensations corporelles, je voulais montrer que l’Opéra ne constitue pas l’unique façon de s’épanouir. D’autant que le concours annuel, auquel les danseurs doivent se soumettre s’ils veulent progresser dans la hiérarchie, ne permet pas réellement de mesurer la sensibilité et la créativité des candidats, dans la mesure où il procède par défaut, par la comptabilisation des fautes. Pour parvenir à s’exprimer, certains ont besoin de s’affranchir du cadre contraignant de l’Opéra.

Comment avez-vous gagné la confiance des danseurs ?

Françoise Marie : L’Opéra est un lieu difficile d’accès, par sa culture, mais aussi en raison de l’emploi du temps surchargé des danseurs. Le fait que je filme moi-même, parfois accompagnée d’un ingénieur du son, m’offre une extrême flexibilité, me permettant de me plier à leurs horaires. Lors du premier volet, j’ai aussi veillé attentivement à protéger la parole des élèves alors qu’ils n’étaient que des adolescents. Ils ont pu constater que je respectais mes engagements et cela a créé une grande confiance entre nous. Si bien que les interviews ressemblaient parfois à des discussions à bâtons rompus. Ils étaient heureux d’avoir une opportunité de prendre du recul sur leur parcours. On a construit ensemble les conditions de cet échange.

 

Propos recueillis par Laetitia Møller