03 JUIN 2017

L'Express - Sophie Grassin: Smoking

"Alain Resnais est l'exception culturelle à lui seul. Il a traduit Duras (Hiroshima mon amour), miré des rats (Mon oncle d'Amérique), enrhumé Ruggero Raimondi (La vie est un roman). Avec Smoking/No Smoking (4 h 40, deux films), il interactive le cinéma. Et, par douze postulats, ligote ses neuf personnages-jouets OU BIEN à un pilori de foire, OU BIEN à une remise en feu, à l'épicentre, en tout cas, d'un cimetière silencieux. (...) Jeux de cartes, jeux de rôles, Smoking/No Smoking manipulent le temps, méandre de l'enfermement. (...) Corseté dans ce canevas. Resnais taquine l’abîme des choix et les choix en abyme, brode des hypothèses, tire les ficelles. (...) Car, outre un travail sur les clichés, ce qu’il y a d’intellectuellement séduisant dans l’entreprise tient à son vertige d’interchangeabilité. Le saint OU BIEN. (...) L’ultraformalisme paraissait vivifiant. Mais son lent, très lent traitement s’empêtre au fond des embranchements. Resnais avait d’abord prévu six « longs »-métrages de 1 h 10, inexploitables en salles. II a dû renoncer. Pourtant, il a couru au bout de son idée. « Parfois, je m’affole d’avoir si peu tourné : 17 films en trente-sept ans, le chiffre n’a rien de brillant. Souvent, je me demande comment des producteurs m’ont suivi - ou précédé. Enfin... j’ai l’impression de parler comme un petit scout exemplaire, allez, je me tais ». M. Resnais est un mystère, l’héritier des surréalistes, le dernier des aventuriers."

"Alain Resnais est l'exception culturelle à lui seul. Il a traduit Duras (Hiroshima mon amour), miré des rats (Mon oncle d'Amérique), enrhumé Ruggero Raimondi (La vie est un roman). Avec Smoking/No Smoking (4 h 40, deux films), il interactive le cinéma. Et, par douze postulats, ligote ses neuf personnages-jouets OU BIEN à un pilori de foire, OU BIEN à une remise en feu, à l'épicentre, en tout cas, d'un cimetière silencieux. (...)

Jeux de cartes, jeux de rôles, Smoking/No Smoking manipulent le temps, méandre de l'enfermement. (...)

Corseté dans ce canevas. Resnais taquine l’abîme des choix et les choix en abyme, brode des hypothèses, tire les ficelles. (...)

Car, outre un travail sur les clichés, ce qu’il y a d’intellectuellement séduisant dans l’entreprise tient à son vertige d’interchangeabilité. Le saint OU BIEN. (...)

L’ultraformalisme paraissait vivifiant. Mais son lent, très lent traitement s’empêtre au fond des embranchements. Resnais avait d’abord prévu six « longs »-métrages de 1 h 10, inexploitables en salles. II a dû renoncer. Pourtant, il a couru au bout de son idée. « Parfois, je m’affole d’avoir si peu tourné : 17 films en trente-sept ans, le chiffre n’a rien de brillant. Souvent, je me demande comment des producteurs m’ont suivi - ou précédé. Enfin... j’ai l’impression de parler comme un petit scout exemplaire, allez, je me tais ». M. Resnais est un mystère, l’héritier des surréalistes, le dernier des aventuriers."