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15 JUILLET 2019

Le Mexique en panoramique

"Le Mexique dans l'objectif" arpente le pays dans les pas de ses photographes. Zoom sur trois clichés saisissants qui en révèlent les complexités entre magie et tragédie.

Media

 

Federico Gama

 

Celui qui a grandi dans le quartier traditionnel de Tacubaya portraiture depuis plus de trente ans la jeunesse marginalisée de Mexico. Dans sa série “Mazahuacholoskatopunk”, ce photographe social, né en 1963, s’empare de la question indigène, qui mine toujours le pays, au travers des silhouettes à crête de jeunes Mazahua. Rejetant les tenues traditionnelles de leurs parents, ces garçons et ces filles, comme étrangers dans la cité, gomment leurs origines autochtones et rurales, et trouvent le courage de s’affirmer dans une esthétique fusionnant “cholo” (mouvement inspiré des gangs mexicains en Californie), punk et skate. Sublimée par la composition verticale et le contraste des couleurs, cette jeune femme donne un fier profil à une contre-culture identitaire aussi hybride que complexe.

 

Mayra Martell

 

Formée à la photographie à Mexico, Mayra Martell, 40 ans, est retournée aiguiser son regard dans sa terre natale de Ciudad Juárez, à la frontière des États-Unis, tristement connue comme “la ville qui tue les femmes”. Depuis le début des années 1990, quelque 1500 femmes auraient été assassinées dans cette agglomération rongée par la prostitution, la guerre des cartels et la corruption. Mayra Martell, qui a elle-même été brièvement kidnappée, tente de rendre leur identité à ces victimes englouties dans les statistiques et l’oubli. Ses poignants clichés dévoilent l’intimité (chambres, vêtements, objets...), figée par l’impossibilité du deuil, de ces jeunes filles enlevées par des réseaux criminels, exploitées sexuellement et souvent exécutées. Nombre d’entre elles ont disparu à Colonia Anapra, en périphérie de la ville : un décor fantomatique semé de croix de bois et de larmes, capturé dans un tragique noir et blanc granuleux.

 

 

Pedro Valtierra

 

Du Salvador au Guatemala, Pedro Valtierra, célèbre photojournaliste né en 1955, a braqué son objectif sur les conflits majeurs qui ont déchiré l’Amérique latine. Après avoir documenté le soulèvement zapatiste au Chiapas en janvier 1994, il retourne dans la région suite à la tuerie d’Acteal : le 22 décembre 1997, un groupe paramilitaire –le gouvernement arme alors des milices contreinsurrectionnelles – a massacré 45 personnes, dont une majorité de femmes et d’enfants, dans l’église du hameau. Lors de la cérémonie d’hommage aux victimes, les survivantes se dressent contre l’armée régulière, qui n’est pas intervenue pour stopper la boucherie. Des femmes en révolte dont le photographe saisit ici, sous le voile des regards douloureux, la dignité discrète.