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02 JUIN 2020

Ramdam - Une histoire de famille

La comédie "Ramdam" traite avec humour de la question de l’islam en France au travers d’un village du Sud-Ouest pour porter un regard critique et amusé sur notre société. Entretien avec Zangro, son réalisateur.

Media

Quelle est la genèse du film ?

Zangro : Ramdam est issu d’un travail que je mène depuis mes débuts, comme réalisateur, mais aussi en tant que producteur et intervenant sur le terrain, autour de la question de l’islam en France. Après une websérie et le pilote d’une série de vingt-six minutes récompensé au Festival de La Rochelle en 2017, ARTE nous a proposé de réaliser un film. Avant cette superbe proposition, je me suis heurté aux refus des diffuseurs que les thématiques d’identité, de mixité et d’intégration effraient, et cette crispation est plus grande encore dès qu’il s’agit d’associer islam et humour.

 

Comment convaincre dans ces conditions ?

Zangro : En sachant de quoi on parle. Si Ramdam est une comédie, rien n’y est fantasmé. J’ai grandi dans ces quartiers et côtoyé des imams, dont l’un, Fouad Saanadi, est d’ailleurs devenu scénariste sur ce projet. Les mosquées y regorgent d’histoires. J’avais donc dans mon environnement la matière nécessaire au scénario. Le film traite avant tout des rapports humains, thème universel. L’idée était de se placer au-dessus de la mêlée (le rugby est important dans Ramdam !), pour démystifier l’image erronée d’une communauté musulmane homogène. Les problèmes qu’elle rencontre pourraient survenir dans n’importe quel village, et chacun peut s’y reconnaître.

 

Comment le personnage d’Amine est-il né ?

Zangro : Dans les précédentes étapes du projet, le personnage principal était déjà imam. Imaginer un professeur d’université qui devient imam malgré lui permettait d’une part d’amener le spectateur à découvrir avec lui les dessous d’une mosquée, et d’autre part de croiser deux visions de la religion : une approche théorique, idéale, et l’autre plus concrète, quotidienne. Le rôle des imams que je fréquente consiste surtout à créer du lien ; ils font plus de psychologie que de religion... Ramdam met en scène un homme qui apprend à écouter. Amine pense qu’il a tout à dire, mais il a tout à entendre. Le film s’achève là-dessus: un fils qui écoute son père pour la première fois.

 

C’est aussi un récit familial...

Zangro : Le conflit qui oppose Amine à son père raconte un morceau de l’histoire de l’immigration en France. Ce dialogue de sourds entre générations traduit aussi la dimension schizophrénique des rapports que la République entretient avec l’islam. Ramdam s’interroge sur la possibilité de construire une grande famille sur un ton humoristique, mais aussi sur le fil de l’émotion. Car pour moi, il n’y a pas de comédie sans drame…

 

Propos recueillis par Jonathan Lennuyeux-Comnène