28 FÉVRIER 2011
Séraphine Louis, dite Séraphine de Senlis, “sans rivale”...
Repères biographiques d'une artiste que le cinéma a fait redécouvrir au grand public.
1864Naissance de Séraphine le 2 septembre, à Arsy-sur-Oise. Son père est un petit horloger, sa mère est fille de ferme. Enfant, Séraphine se partage entre l'école (on la dit bonne élève) et les champs (elle est bergère).1877À 13 ans, Séraphine est placée comme bonne à Paris. Plus tard employée dans une institution de jeunes filles, elle s'initie à l'art en observant lescours du professeur de dessin.1882À 18 ans, Séraphine est engagée comme bonne à tout faire chez les sœurs du couvent de Saint-Joseph-de-Cluny, à Senlis, où elle va rester vingt ans.1902Séraphine se place comme bonne.1905C'est son ange gardien qui, selon elle, suggère à Séraphine de dessiner puis de peindre. Très pieuse, Séraphine est familière de ces apparitions et de ces “voix” qui l'accompagneront jusqu'à la fin de sa vie.1912Rencontre avec le collectionneur allemand Wilhelm Uhde, qui loue à Senlis un appartement de deux pièces où Séraphine fait une heure de ménage tous les matins. Invité chez des petits bourgeois locaux, Uhde est séduit par une nature morte représentant des pommes. Apprenant qu'il s'agit d'une œuvre de Séraphine, il l'encourage très vivement à travailler.1914Déclaration de guerre. Départ d'Uhde pour l'Allemagne après la saisie de ses biens.1927De retour en France, Wilhelm Uhde s'installe à Chantilly. Alors qu'il visite une exposition de peintres locaux à l'Hôtel de Ville de Senlis, il “redécouvre” Séraphine et décide de soutenir sa carrière. Pour faciliter le travail de Séraphine, Uhde lui fait régulièrement livrer de grandes toiles et des couleurs et la soutient financièrement. C'est le début de la notoriété, des premiers articles dans les journaux, des premières ventes...1929Wilhelm Uhde organise à Paris l'exposition “Les peintres du Cœur sacré”. Quelques toiles de Séraphine côtoient celles du douanier Rousseau. De nombreuses œuvres entrent dans des collections privées, des amateurs la visitent à Senlis, on parle d'elle... C'est une période de relative opulence où Séraphine donne libre cours à son tempérament “fantasque”, dépensant sans compter...1930La crise économique complique encore la situation financière de Wilhelm Uhde, déjà précaire. Ces considérations matérielles, qui échappent totalement à Séraphine, plongent celle-ci dans un état d'anxiété et d'incompréhension.1931Les “extravagances” d'hier ont pris des proportions telles qu'on peut y voir les signes d'une véritable altération mentale. Séraphine parle toute seule, harangue les passants, annonçant la fin du monde, divaguant, hurlant à la persécution...1932Le 31 janvier, Séraphine fait scandale à Senlis. Les gendarmes la conduisent à l'hôpital de la ville, où le diagnostic est sans appel : “Idées délirantes systématisées de persécution, hallucinations psycho-sensorielles, troubles de la sensibilité profonde...” Le 25 février, Séraphine est internée à l'asile psychiatrique de Clermont-de-l'Oise. Elle refusera désormais de peindre. La même année, ses œuvres sont exposées à Paris au sein de l'exposition “Les primitifs modernes”.1934Dans son ouvrage “Cinq maîtres primitifs” (1949), Wilhelm Uhde date la mort de Séraphine à cette année 1934, information sur laquelle on se perd en interprétations...1937 et 1938Exposition “Les maîtres populaires de la réalité”, à Paris, puis Zurich et enfin au MOMA de New-York.1942Exposition “Les primitifs du XXe siècle” à Paris. Mort de Séraphine, le 18 décembre, à l'hôpital psychiatrique de Clermont-de-l'Oise. Elle a 78 ans. On l'enterre dans la fosse commune.1945Sur l'initiative de Wilhelm Uhde, première exposition entièrement consacrée à Séraphine, Galerie de France à Paris.
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