Télérama - Anne Dessuant: Baisers volés
" Il lit Le Lys dans la vallée, de Balzac, et s'enfuit après avoir gaffé auprès d'une dame. Il envoie ses lettres d'amour par pneumatique et balance à une fille transie d'amour : « L'amour et l'amitié, ça marche avec l'admiration, et moi je ne vous admire pas. » Antoine Doinel est un romantique maladroit et cruel. On le retrouve ici à l'âge où l'on vole les derniers baisers avant de s'engager dans une vie de couple. Toujours en train de courir, se cognant aux réverbères et à ses amours passées, Antoine s'assoit enfin sur un banc, à la fin du film, avec celle qui deviendra sa femme. François Truffaut filme cette parenthèse enchantée sur le rythme de la chanson de Charles Trenet Que reste-t-il de nos amours ? Il virevolte le long des façades haussmanniennes, s'arrête sur la tour Eiffel ou le Sacré-Coeur, et fait de Paris un petit village dédié aux amoureux. En de longs plans-séquences, Truffaut offre à chacun de ses acteurs un solo, comme dans un orchestre. Ainsi Michael Lonsdale, qui se demande, avec son ineffable détachement poli, pourquoi on le déteste. Ou encore Delphine Seyrig donnant à Doinel un cours de séduction. Beaucoup plus embarrassant, le monologue de Jean-Pierre Léaud, qui se regarde dans un miroir et psalmodie le nom des trois personnages principaux du film, jusqu'à l'écoeurement... Dans la série des Doinel, le drame couve toujours sous le marivaudage."
" Il lit Le Lys dans la vallée, de Balzac, et s'enfuit après avoir gaffé auprès d'une dame. Il envoie ses lettres d'amour par pneumatique et balance à une fille transie d'amour : « L'amour et l'amitié, ça marche avec l'admiration, et moi je ne vous admire pas. » Antoine Doinel est un romantique maladroit et cruel. On le retrouve ici à l'âge où l'on vole les derniers baisers avant de s'engager dans une vie de couple. Toujours en train de courir, se cognant aux réverbères et à ses amours passées, Antoine s'assoit enfin sur un banc, à la fin du film, avec celle qui deviendra sa femme.
François Truffaut filme cette parenthèse enchantée sur le rythme de la chanson de Charles Trenet Que reste-t-il de nos amours ? Il virevolte le long des façades haussmanniennes, s'arrête sur la tour Eiffel ou le Sacré-Coeur, et fait de Paris un petit village dédié aux amoureux. En de longs plans-séquences, Truffaut offre à chacun de ses acteurs un solo, comme dans un orchestre. Ainsi Michael Lonsdale, qui se demande, avec son ineffable détachement poli, pourquoi on le déteste. Ou encore Delphine Seyrig donnant à Doinel un cours de séduction. Beaucoup plus embarrassant, le monologue de Jean-Pierre Léaud, qui se regarde dans un miroir et psalmodie le nom des trois personnages principaux du film, jusqu'à l'écoeurement... Dans la série des Doinel, le drame couve toujours sous le marivaudage."