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03 JUIN 2017

Télérama - Jacques Morice: Saltimbank

"Avancer sans pouvoir deviner ce qui sera dit dans la minute qui suit, où l'on sera et avec qui, c'est le plaisir que l'on retirait du cinéma très singulier de Jean-Claude Biette, réalisateur et critique (...) Biette faisait du spectateur un flâneur sans boussole, tout juste guidé par une petite musique de mots intrigants, promesses d'escapades fortuites et de rencontres avec des atypiques, comme ces frères Saltim, banquiers tirés à quatre épingles (...) Du Fouquet's à la banlieue parisienne en passant par Berlin, le film chemine tranquillement, au gré d'une logique qui tient à rester secrète. Qu'importe la finalité de tout cela, les dialogues sont un régal. Les personnages, récitants de leur propre vie, disent leurs tracas et leurs desiderata, dissertent aussi bien sur la cuisine que sur Oncle Vania. Ici, on devise, on radote, parfois on n'écoute que d'une oreille ou bien l'on parle tout seul ; le vrai personnage à l'honneur ici, c'est la langue, mieux, le multilinguisme (car il y a de l'anglais, de l'italien, de l'allemand...). Peu à peu, les thèmes de ce drôle de cirque poético-financier où théâtre de la vie et vie du théâtre ne font qu'un affleurent : le désir de trouver son rôle et de bien le jouer, la difficulté d'en changer, le poids de la représentation sociale (...) Théorique, politique, esthétique, le cinéma de Biette ? Oui, mais sous une forme très légère, jamais absconse, une sorte d'incitation constante à la curiosité et au gai savoir. Biette avait inventé le contraire de l'ennui : un art furtif du dépaysement."

"Avancer sans pouvoir deviner ce qui sera dit dans la minute qui suit, où l'on sera et avec qui, c'est le plaisir que l'on retirait du cinéma très singulier de Jean-Claude Biette, réalisateur et critique (...) Biette faisait du spectateur un flâneur sans boussole, tout juste guidé par une petite musique de mots intrigants, promesses d'escapades fortuites et de rencontres avec des atypiques, comme ces frères Saltim, banquiers tirés à quatre épingles (...)

Du Fouquet's à la banlieue parisienne en passant par Berlin, le film chemine tranquillement, au gré d'une logique qui tient à rester secrète. Qu'importe la finalité de tout cela, les dialogues sont un régal. Les personnages, récitants de leur propre vie, disent leurs tracas et leurs desiderata, dissertent aussi bien sur la cuisine que sur Oncle Vania.

Ici, on devise, on radote, parfois on n'écoute que d'une oreille ou bien l'on parle tout seul ; le vrai personnage à l'honneur ici, c'est la langue, mieux, le multilinguisme (car il y a de l'anglais, de l'italien, de l'allemand...). Peu à peu, les thèmes de ce drôle de cirque poético-financier où théâtre de la vie et vie du théâtre ne font qu'un affleurent : le désir de trouver son rôle et de bien le jouer, la difficulté d'en changer, le poids de la représentation sociale (...) Théorique, politique, esthétique, le cinéma de Biette ? Oui, mais sous une forme très légère, jamais absconse, une sorte d'incitation constante à la curiosité et au gai savoir. Biette avait inventé le contraire de l'ennui : un art furtif du dépaysement."