07 JUIN 2017

Télérama - Mathilde Blottière: Ne me libérez pas, je m'en charge

" Comment rester un homme libre quand on passe sa vie en cage ? Souvent filmé en gros plan, Vaujour raconte : le mitard, les matons, la solitude, le déni d'humanité et la nécessité de contrer la folie par une « hygiène mentale » irréprochable. Mais au-delà du vécu, c'est la personnalité qui intrigue et passionne : espiègle et mélancolique, gouailleur et lyrique, intelligent et retors. Son histoire commence d'une manière terriblement banale : un « fils de rien » qui voulait échapper à l'usine et que quelques rapines sans gravité (« des conneries pour casser l'ennui ») ont mené tout droit en prison. La violence du monde carcéral fait le reste : à l'ombre, le caïd du dimanche se transforme en vrai gangster. Entre la trivialité un peu triste du présent de Vaujour, que Fabienne Godet filme dans des intérieurs fanés, et son passé extraordinaire - des complices amoureuses, un ex-codétenu devenu frère d'armes -, le contraste est aussi poignant qu'édifiant. Peu à peu, Michel Vaujour effrite sa propre « légende », écornant la mythologie du milieu et de ses pseudo-codes d'honneur..."

" Comment rester un homme libre quand on passe sa vie en cage ? Souvent filmé en gros plan, Vaujour raconte : le mitard, les matons, la solitude, le déni d'humanité et la nécessité de contrer la folie par une « hygiène mentale » irréprochable. Mais au-delà du vécu, c'est la personnalité qui intrigue et passionne : espiègle et mélancolique, gouailleur et lyrique, intelligent et retors.

Son histoire commence d'une manière terriblement banale : un « fils de rien » qui voulait échapper à l'usine et que quelques rapines sans gravité (« des conneries pour casser l'ennui ») ont mené tout droit en prison. La violence du monde carcéral fait le reste : à l'ombre, le caïd du dimanche se transforme en vrai gangster.

Entre la trivialité un peu triste du présent de Vaujour, que Fabienne Godet filme dans des intérieurs fanés, et son passé extraordinaire - des complices amoureuses, un ex-codétenu devenu frère d'armes -, le contraste est aussi poignant qu'édifiant. Peu à peu, Michel Vaujour effrite sa propre « légende », écornant la mythologie du milieu et de ses pseudo-codes d'honneur..."