03 JUIN 2017

Télérama - Pierre Murat: 10e chambre - Instants d'audience

" ... à la 10e chambre du tribunal correctionnel de Paris, le documentariste ne filme pas des cas a priori spectaculaires. Plutôt des « petites affaires » ­ insulte à agents, conduite en état d'ivresse ­ menées tambour battant. (...) Tout se déroule dans le meilleur des mondes possibles, à condition que chacun se plie au rôle que la société exige. Sinon gare... Soudain, on sent Michèle Bernard-Requin très agacée par un prévenu, intimidé mais ferme, qui a décidé de se défendre lui-même, de prendre des notes durant l'audience et de contester l'accusation point par point. Oui, quand on l'a interpellé, il était bien en possession d'un Opinel. Dans certains cas, un Opinel peut être considéré comme une arme, c'est exact. Mais pas dans le sien. Car la lame de l'Opinel incriminé, madame le juge, n'était pas de taille suffisante pour en faire une arme. Pour la loi, ce n'est qu'un outil. L'homme explique, discute, argumente encore et Michèle Bernard-Requin explose : « Vous n'allez tout de même pas m'apprendre le code ? » lance-t-elle... Comme le masque tombe vite ! En une fraction de seconde, on mesure la frontière qui sépare l'autorité de l'autoritarisme. Et ce film poignant et drôle fait, brusquement, froid dans le dos."

" ... à la 10e chambre du tribunal correctionnel de Paris, le documentariste ne filme pas des cas a priori spectaculaires. Plutôt des « petites affaires » ­ insulte à agents, conduite en état d'ivresse ­ menées tambour battant. (...) Tout se déroule dans le meilleur des mondes possibles, à condition que chacun se plie au rôle que la société exige. Sinon gare...

Soudain, on sent Michèle Bernard-Requin très agacée par un prévenu, intimidé mais ferme, qui a décidé de se défendre lui-même, de prendre des notes durant l'audience et de contester l'accusation point par point. Oui, quand on l'a interpellé, il était bien en possession d'un Opinel. Dans certains cas, un Opinel peut être considéré comme une arme, c'est exact. Mais pas dans le sien. Car la lame de l'Opinel incriminé, madame le juge, n'était pas de taille suffisante pour en faire une arme. Pour la loi, ce n'est qu'un outil. L'homme explique, discute, argumente encore et Michèle Bernard-Requin explose : « Vous n'allez tout de même pas m'apprendre le code ? » lance-t-elle... Comme le masque tombe vite !

En une fraction de seconde, on mesure la frontière qui sépare l'autorité de l'autoritarisme. Et ce film poignant et drôle fait, brusquement, froid dans le dos."