Jacques Nolot

Scénario - Réalisation - Premier rôle

Biographie

Fils d'un coiffeur du Gers, Jacques Nolot fuit les racines familiales "hostiles" dès qu'il le peut et rejoint Paris. Gigolo, comédien, scénariste et finalement réalisateur épisodique de trois films qui dessinent son parcours avec crudité et humour.

Jacques Nolot est né en 1943 à Marciac, dans le Gers. Fils de coiffeur, à 16 ans, il vend les légumes à l'épicerie de Marciac, qu'il quitte très vite pour monter à la capitale. Il travaille alors dans un Félix Potin, se fait entretenir et "éduquer" par une cliente qu'un jour il a livré à domicile, et s'inscrit à des cours de théâtre où il rencontre Didier Flamand, qui le fera, plus tard, jouer dans ses créations (extraordinaires) comme Prends bien garde aux Zeppelins (1980) et La Manufacture (1985)... ainsi que dans tout aussi mémorable court-métrage La Vis (1993).

21 ans, le bon âge pour être gigolo. "Pour hommes", précise-t-il. Il découvre le Festival de Cannes. Rencontre Roland Barthes, qui lui présente André Téchiné.

24 ans, il a une belle voiture. Sort beaucoup. Est très mal vu des jeunes comédiens. Ce train de vie est bousculé par mai 68. Presque par hasard, il rejoint les occupants de l'Odéon.

De 1972 à 1981, beaucoup de théâtre, de tournées et quelques apparitions insignifiantes au cinéma jusqu'à une séparation amoureuse qui provoque une dépression et déclenche l'envie d'écrire. Il va puiser dans ses souvenirs d'adolescent "différent" dans une province hostile. Jacques Nolot tourne un second rôle dans Hôtel des Amériques d'André Téchiné et celui-ci veut tourner son récit autobiographique, La Matiouette, qu'il a interprété pour le théâtre. "Pas une pièce écrite, mais dite. Crachée, presque", dit Nolot. Une pièce née d'une longue impro, enregistrée, et ensuite retravaillée pour son adaptation sur scène.Le projet de filmer La Matiouette prend forme en 1982, grâce à la télévision qui le produit à l'intérieur d'une collection intitulée "Cinéma de chambre". Production légère, 50 minutes et seulement deux acteurs : Jacques Nolot dans le rôle du frère resté au pays et qui a repris le salon de coiffure familial, et Patrick Fierry dans le rôle du frère devenu acteur à Paris et de retour au village. La critique salue ce moyen-métrage : son écriture, son interprétation et la mise en scène, pour la première fois très dépouillée, de Téchiné.

1983. C'est aussi l'année du décès maternel. Jacques Nolot revient à Marciac pour accompagner sa mère pendant les deux derniers mois de sa vie. Ce qui forme la trame essentielle de son premier long-métrage comme réalisateur, quinze ans plus tard : L'Arrière-pays.

1986. Réalisation d'un court-métrage Manège, avec Frédéric Pierrot. Un avant-goût de La Chatte à deux têtes (2001).

1989. J'embrasse pas  (... "mais je suce ! ", s'amusait à commenter Jacques Nolot, à la sortie du film). Scénario autobiographique sur sa "montée à Paris", tourné par André Téchiné. Pour Jacques Nolot, le film édulcore la réalité. Il avait écrit une première version, intitulée Le Premier pas, qui n'avait pas trouvé de financement. Téchine a retravaillé le script, en développant notamment le personnage de la prostituée interprétée par Emmanuelle Béart.

Entre Nolot et Téchiné, les retrouvailles sont régulières. Il traverse ses films en tant que comédien dans : Hôtel des Amériques (1981) puis Rendez-vous (1985), Le Lieu du crime (1986), Les Innocents (1987), Ma Saison préférée (1993), Les Roseaux sauvages (1994), Les Témoins (2007); et le moyen-métrage La Matiouette (1982).

1993. Décès paternel. Ecriture de La Robe à cerceau. Devient un court-métrage tourné par Claire Denis avec Jacques Nolot et Dani. On retrouve Jacques Nolot, comédien, dans deux autres films de la cinéaste : J'ai pas sommeil (1994) et Nénette et Boni (1996)

Entre 1996 et 1998, L'Arrière-pays voit le jour. Avec l'aide de la chef-opératrice de Claire Denis, Agnès Godard.

1999. Tournage dans les bras de Charlotte Rampling dans Sous le sable, de François Ozon

2001. Ecriture de La Chatte à deux têtes; texte né dans la douleur après la mort de Saïd, son fils adoptif. Tournage sur le fil, en 21 jours, avec un très petit budget. Lieu unique : un cinéma porno de la Place Clichy (Le Méry), qui avait fermé, et seulement trois personnages principaux (deux hommes, une femme) au centre d'une ronde d'homme seuls, de travestis, tous en quête de sexe et d'affection.

2007. Avant que j'oublie, troisième long-métrage, présenté à la Quinzaine des réalisateurs-Cannes. Jacques Nolot y interprète le rôle principal, et s'y livre plus que jamais. L'argent, le sexe et la maladie, y font figure de partenaires à part entière.