Jean-Luc Godard

Réalisation - Scénario

Biographie

Né en 1930, de nationalité suisse, Jean-Luc Godard est d'abord lié au groupe des Cahiers du cinéma où il rédige des critiques et rencontre d'autres jeunes aspirants cinéastes qui y officient : Truffaut, Rivette, Chabrol...

Après quelques courts-métrages, c'est avec A bout de souffle qu'il connait, immédiatement, une renommée internationale, liée à l'aspect novateur et surprenant de sa mise en scène, pleine de ruptures, d'ellipses, et d'apartés au sein d'un récit banal de série noire, et liée à la présence incendiaire de ses deux acteurs, Jean-Paul Belmondo et Jean Seberg, déjà connus, mais redécouverts, avec l'impression de les voir à la fois totalement naturels et pourtant mythiques à travers leurs gestes et leurs regards. Cette dimension mélangée de naturalisme et de fulgurances poétiques marque la première période du cinéaste qui est portée, entre autres, par un plaisir filmer des visages qu'il aime, notamment les femmes : d'abord Anna Karina, qui apparait comme une muse avec laquelle Godard perpétue les couples réalisateur/actrice qui ont construit la légende du cinéma, puis Marina Vlady, Brigitte Bardot, Anne Wiazemski...

Ce sont alors les titres les plus fédérateurs de sa carrière, où drame, comédie, suspense sont revisités dans un kaleidoscope de citations et de croisements avec l'air du temps (de plus en plus politique) : Vivre sa vie, Made in U.S.A., Alphaville,Le Mépris, Masculin/Féminin, Deux ou trois choses que je sais d'elle, La Chinoise...

Le tournant de mai 68 conduit Godard à une attitude de rupture radicale avec le milieu cinématographique traditionnel. Après Tout va bien (1971, coréalisé avec Jean-Pierre Gorin) distribué par Gaumont et interprété par Jane Fonda et Yves Montand, qui sonne comme une provocation autodestructrice, son propos devient clairement didactique, ses films s'autoproclament "ciné-tracts" et il explore de nouveaux formats (la video) en effaçant son propre nom pour mieux rejoindre des collectifs de réalisation (Dziga Vertov) et travaille en région, notamment à Grenoble, pour échapper aux réflexes de son milieu.

Durant la décennie 1970/1980, Godard reste un point crucial de références pour les amoureux du cinéma, suscitant des débats passionnés et contradictoires, mais ses films demeurent quasiment invisibles et lorsqu'ils sont diffusés sur un réseau aussi large que celui de la télévision (comme pour son "feuilleton" France, Tour/Détour-Voyage de deux enfants diffusé sur la deuxième chaine) ils ne touchent guère le public.

C'est en 1980, avec Sauve qui peut (la vie) que Godard fait un retour en force. La présence de trois acteurs en vogue (Baye-Dutronc-Huppert), le soutien de la critique et la puissance d'évocation du nom du cinéaste ont provoqué un fort désir de redécouvrir l'univers du cinéaste. Suit une période très riche où, produit et distribué par les nouvelles puissance en place (Marin Karmitz-Alain Sarde-le circuit Parafrance-Canal +...), redonnant aux acteurs renommés une place prépondérante (Piccoli, Depardieu, Delon, Brasseur... jusqu'à Johnny Halliday), Godard tourne beaucoup, alternant courts, moyens et longs métrages et prolonge de façon toujours plus personnelle une oeuvre qui est si singulière qu'elle en est difficile à suivre.

Godard reste cependant toujours très ancré dans des thèmes immédiatement contemporains. La politique (les conflits au Moyen Orient, guerre en Serbie) est, chez lui, un terrain d'expérimentation du langage où les images et les sons se répondent, se croisent et cherchent à produire un sens inattendu ou contradictoire. Ses derniers travaux (Histoire(s) du cinéma ou Film Socialisme) retrouvent la notion de "laboratoire expérimental" qui animait Godard à la mi-temps de sa carrière, lorsqu'il signait Numéro deux (1975, coréalisé avec Anne-Marie Miéville).

De tous les cinéastes issus de la "Nouvelle Vague", il est celui qui a poussé la logique de rupture à son terme, tout au long de son oeuvre, sans jamais revenir aux anciens schémas. Ses interviews sont des mines d'idées et de pistes provocantes, qui paraissent parfois plus limpides que ses films. D'où un décalage encore très perceptible entre les fans absolus de son travail, prêts à tous les dérapages poétiques, politiques et idéologiques et ceux qui se demandent encore où mènent ses images. Pour se frayer un chemin dans l'oeuvre, aborder le cinéaste par la biographie (non autorisée) que lui a consacrée Antoine de Baecque, parue en 2010, est la meilleure des solutions.

Philippe Piazzo pour le site universciné.com

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