Jean-Marie Larrieu

L’aîné, c’est Arnaud; Jean-Marie est son cadet d’un an, tous deux natifs des hautes Pyrénées. C’est un grand père cinéaste amateur qui leur donna très tôt le virus de la caméra, en filmant ces paysages en altitude où l’on respire large. Rien d’étonnant donc à ce que, dans leurs dix films (de longs, courts et moyens-métrages), la nature ait un rôle primordial. On y suit des couples qui sortent soudain du quotidien pour se redécouvrir à l’occasion d’une ballade mystique ou d’une escalade contemplative. Dans La Brèche de Roland (2000), un montagnard amateur entraîne femme et enfants dans un décor vivifiant qui le pousse à la confidence. Saveur du dialogue, sensualité exacerbée de l’image, les paysages enflamment les caractères. Un homme, un vrai (2003) est une comédie sentimentale osée en trois actes, entre Paris, Ibiza et le massif pyrénéen. Force poétique de ces tableaux limpides, qui sont comme autant de fables sur les attraits de l’imprévu et des abandons soudains. Les Larrieu excellent dans cet art de la fugue; leurs films nous réapprennent laisser parler les émotions, à sentir - et à ressentir, comme lors de cette séquence de Peindre ou faire l’amour (2005) où l’écran passe au noir total. Un cinéma sensuel, osé, parfois déconcertant, mais impertinent et enivrant…