Mathieu Amalric

Premier rôle - Réalisation

Biographie

Il voulait être réalisateur, mais c'est comme acteur qu'il connaît d'abord le succès dans une série de films de plus en plus variés (de Desplechin à Besson), prenant toujours le risque d'expériences hors du commun (57000 kms entre nous, Histoire de Richard O...). Mais après trois films qu'il met en scène avec le même goût de l'aventure, voilà enfin consacré son oeil de cinéaste grâce à Tournée...

Fils de Jacques Amalric, journaliste au monde, et de Nicole Zand, critique littéraire au même journal, Mathieu Amalric naît en 1964. Il fait sa première apparition devant la caméra chez Otar Iosseliani en 1984 avec Les Favoris de la lune. A la charnière des années 80 et 90, après une année d’hypokhâgne, il revient sur les plateaux de tournage (de João César Monteiro, Louis Malle, Romain Goupil), tantôt comme cantinier, tantôt comme régisseur, puis comme stagiaire mise en scène et assistant-réalisateur.

Remarqué pour la première fois à l’écran dans Le Journal d’un séducteur de Danièle Dubroux en 1995, il démarre alors pour de bon sa carrière d’acteur et les films s’enchaînent. L’année suivante, avec Comment je me suis disputé... (ma vie sexuelle), il est pour la seconde fois chez Desplechin (il faisait déjà une apparition dans La Sentinelle). Sa prestation lui vaut le César du meilleur espoir en 1997. Il tournera les années suivantes chez Téchiné, Assayas, Biette ou encore les frères Larrieu.

Non content d’être intronisé à de nombreuses reprises “acteur le plus doué de sa génération”, Amalric ne cesse de clamer que c’est réalisateur qu’il veut être. Aussi joint-il le geste à la parole en 1997 avec son premier long-métrage, le plutôt autobiographique Mange ta soupe. Il n'incarne pas le premier rôle et préfère se choisir un double à l’écran, le regretté Jean-Yves Dubois. Mange ta soupe met en scène les vicissitudes d'une famille d’intellos éclatée. Cette entrée en matière est saluée par la critique et Amalric est félicité par Godard.

Il lui faut attendre 2001 pour remettre ça avec Le Stade de Wimbledon, superbe adaptation de Daniele Del Guidice réalisée, comme son premier film, avec des moyens minimaux. Mathieu Amalric filme Jeanne Balibar, sa compagne d’alors, muée en mystérieuse thésarde, à la recherche d’un écrivain qui n’aurait pas écrit ; voyage en Italie rossellinien, mais en solo et dans lequel, pour le fond beaucoup, pour la forme un peu, Antonioni se serait invité. Il y a dans cette quête une folie larvée, une détresse qui couve, et si le film semble d'abord n'avoir rien à voir avec Mange ta soupe, cela n'est qu'une apparence...

Arte propose alors à Amalric de réaliser un film dans le cadre de sa série Masculin/Féminin. La Chose publique (2003), présenté à la Quinzaine des réalisateurs, raconte l’histoire d’un cinéaste à qui Arte demande de réaliser un film sur les rapports hommes-femmes. Le cinéaste est cette fois incarné par Jean-Quentin Châtelain. Si l’on se dit que la part autobiographique est irréductible dans le cinéma d’Amalric, le propos du film n’en a pas moins une portée nationale, comme le voulait son titre. Il y est question de parité à l’heure où la loi vient d’être votée, d’éclatement du noyau familial - encore -, de la situation du cinéma et du flux des images.

En 2004, Mathieu Amalric est à nouveau le double d'Arnaud Desplechin dans Rois et Reine. Pour sa performance, il reçoit cette fois le César du meilleur acteur. Les années qui suivent ne sont pas moins riches. Au festival de Cannes, en 2007, il défend trois films à la fois : Le Scaphandre et le Papillon de Julian Schnabel (Basquiat, Miral), La Question humaine de Nicolas Klotz (La Blessure, Paria, La Nuit sacrée) et Actrices de Valéria Bruni-Tedeschi ; et jouer le méchant face à 007 dans Quantum of Solace ou tourner avec Luc Besson dans Adèle Blanc Sec ne l'éloigne pas d'un cinéma plus exigeant et minoritaire. Il tient ainsi les premiers rôles dans les fragiles De la guerre de Bertrand Bonello et L’Histoire de Richard O. de Damien Odoul (2007) et rejoint la troupe d’Alain Resnais dans Les Herbes folles (2009). En 2008 il retrouve Desplechin pour incarner le douloureux et hilarant Henri dans Un conte de Noël.

Depuis La Chose publique, Amalric n’a cessé de répéter qu’il écrivait un film et que bientôt il serait temps de le tourner. “Mais, confie-t-il lui-même, je ne résiste pas à quelqu’un qui a envie de me filmer” et, d’année en année, Tournée est reporté pour cause de tournage. Ce n’est finalement qu’en 2009 qu’est donné le premier coup de manivelle. Film d’errance comme l’était Le Stade de Wimbledon, Tournée met en scène les strip-teaseuses féministes, charnues et américaines du New Burlesque, coachées par le dépassé Joachim Zand, (au patronyme emprunté à la mère d’Amalric). Producteur français sans-le-sou ayant laissé femme et enfants derrière lui à son départ pour le Nouveau monde, Joachim est cette fois incarné par Amalric lui-même. Le film remporte le Prix de la mise en scène à Cannes en 2010 avant de devenir un succès critique et public qui assoit, pour de bon cette fois, l’Amalric-réalisateur.

 

Filmographie (1)