Nikita Mikhalkov

Réalisation - Scénario - Producteur

Biographie

Dans les années 80, le petit jeu consistait à débattre sur les deux frères russes Nikita Milkhalkov (né en 1945) et Andrei Konchalovsky (né en 1937) pour déterminer lequel avait le plus de talent...

Presque trente ans plus tard, l'un et l'autre ne suscitent plus le même genre d'empoignades. C'est l'hostilité... ou l'indifférence. Konchalovsky, après avoir séduit le monde avec Le Bonheur d'Assia émigra aux Etats-Unis où son regard d'auteur se dilua peu à peu dans un savoir-faire presqu'anonyme (de Maria's Lovers-1984 à Gloss-2009, faisant au passage le grand écart entre un film d'action standard pour Stallone, Tango et Cash, et une incursion dans le "folklore" russe avec Riaba ma poule). Pour Mikhalkov, dont la carrière fut régulièrement marquée à la fois par le succès critique et public avec Les Yeux noirs (Prix du jury à Cannes), Urga (Lion d'or à Venise), Soleil trompeur (Prix à Cannes et Oscar du meilleur film étranger...), Le Barbier de Sibérie..., la sensibilité et l'efficacité de ses mises en scène sont désormais discutées en fonction de son propos. Lequel est jugé réactionnaire et d'une nostalgie tsariste déplacée.

Lorsque Mikhalkov célébrait une Russie "éternelle" à travers l'adaptation de grands auteurs ou dans un style très sobre et délicat dans la première partie de sa carrière avec L'Esclave de l'amour, Partition inachevée pour piano mécanique, Cinq soirées..., cet attachement aux "valeurs" traditionnelles de son pays avaient un accent de contre-pouvoir face à la pesanteur du système soviétique. Aujourd'hui, l'oeuvre du cinéaste se prolonge d'une action politique et syndicale (il est Président de l'Union des cinéastes russes, est un proche de Poutine et ses propos sont virulents à l'égard de ses détracteurs) qui lui vaut une impopularité grandissante. 

Alors que la suite de son film-clé, Soleil trompeur, est présentée au festival de Cannes 2010, ses collègues russes ont ainsi rédigé et fait circuler, un mois plus tôt, une pétition cinglante dont l'intitulé est " On ne l'aime pas !". On ne saurait être plus clair. Les détails du désamour suivent à profusion dans le texte qui a fait le tour d'internet et des rédactions : « verticalité du pouvoir monarchique (...), style totalitaire de la gestion (...), réunions qui ont lieu dans des lieux secrets, à huis clos (...), la recherche obsédée de l'ennemi intérieur et la mise à pied des insoumis (...) mentalité unitariste, faux patriotisme et servilité (...) » Le problème serait réglé, si le monsieur n'avait aucun talent. Or, il en a énormément.  Mais à quelle fins ?