Le 20 janvier 1981, 52 membres de l’ambassade des États-Unis à Téhéran sont libérés après une captivité de quatre cent quarante-quatre jours. Racontée par ceux qui l’ont vécue, une crise qui a traumatisé l’Amérique et bouleversé les équilibres politiques au Moyen-Orient. 
Le 4 novembre 1979, quelques mois après le soulèvement populaire qui a renversé le Chah d’Iran, des étudiants islamistes prennent d’assaut l’ambassade américaine à Téhéran. L’ayatollah Khomeiny, à la tête du pays, salue une "deuxième révolution encore plus grande que la première" et réclame l’extradition de l’ancien monarque, traité pour un cancer à New York. Le 19 novembre, il ordonne néanmoins la libération de treize personnes – des femmes et des Afro-Américains. De son côté, le président américain Jimmy Carter, en signe de bonne volonté, demande au Chah de poursuivre ses soins au Panamá. Mais après l’échec de la commission onusienne chargée de dénouer la crise, le chef de file des démocrates, en campagne pour un second mandat, durcit le ton. Début avril 1980, il décrète un embargo total sur l’Iran et la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays, avant de déclencher une opération militaire de sauvetage qui tourne à la catastrophe (huit soldats tués). Sorti renforcé de cet épisode, Khomeiny élimine peu à peu toute opposition et fait durer la crise afin de peser sur l’élection américaine. Mais l’offensive irakienne lancée contre son pays en septembre, ainsi que la victoire à la présidentielle de Ronald Reagan, qui a brandi la menace d’une intervention militaire, contraignent le guide suprême à accélérer les négociations. Un accord sera finalement conclu grâce à la médiation de l’Algérie, quelques minutes après la prestation de serment du nouveau président, le 20 janvier 1981.

Bras de fer 
Fin stratège, l’ayatollah Khomeiny a su tirer profit de l’affaire – alimentée par un sentiment anti-américain accumulé depuis des décennies – pour humilier la première puissance mondiale et asseoir sa théocratie. Entrelaçant images d’archives, séquences d’animation et analyses d’acteurs de premier plan (l’un des cinquante-deux otages et l’un de leurs geôliers, ainsi que des diplomates et responsables politiques), Ben Salama restitue les étapes de ce long bras de fer, entre pourparlers officiels et tractations secrètes. Ce faisant, il offre un retour détaillé, de l’intérieur, sur l’une des plus graves crises diplomatiques de l’histoire contemporaine, dont les séquelles demeurent vivaces aujourd’hui : révélatrice de la vulnérabilité de l’Amérique, objet d’orgueil pour la République islamique, qui ne cesse de la glorifier pour se légitimer, cette prise d’otages a marqué le début du chaos au Moyen-Orient. 

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