Eté 1980. Barbara est chirurgien-pédiatre à Berlin-Est. Soupçonnée de vouloir passer à l’Ouest, elle est mutée par les autorités dans une clinique au milieu de nulle part. Isolée, méfiante, Barbara est bientôt troublée par les attentions de son médecin-chef. Est-il amoureux ? Ou chargé de l’espionner ?... "Le" grand film allemand de 2012 : Ours d'argent au Festival de Berlin. Toute l'atmosphère d'un pays rongé par l'inquiétude retranscrite par l'un des jeunes cinéastes les plus remarqués.
Premier rôle : Nina Hoss
Premier rôle : Ronald Zehrfeld
Premier rôle : Rainer Bock
Premier rôle : Christina Hecke
Second rôle : Peter Weiss
Second rôle : Carolin Haupt
Second rôle : Deniz Petzold
Second rôle : Rosa Enskat
Second rôle : Jasna Fritzi Bauer
Réalisation : Christian Petzold
Scénario : Christian Petzold
Scénario : Harun Farocki
Directeur de la photo : Hans Fromm
Montage : Bettina Böhler
Musique originale : Stefan Will
Costumes : Angelika Götz
Acteur catalogue : Michael Weber
Producteur exécutif : Florian Koerner von Gustorf
- Date de sortie en salles : 02 mai 2012
- Type de film : Long métrage
- Couleur : Couleur
- Langue : Allemand
- Date de production : 2011
- Pays de production : Allemagne
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Critiques (4)
- Le Monde - Thomas Sotinel: Barbara" C'est plutôt l'atmosphère que réussit à instaurer le réalisateur qui saisit le plus fortement. Un sens de l'économie remarquable, un usage délibéré de la répétition et une reconstitution à la fois méticuleuse et dépouillée du décor made in RDA permettent, en l'occurrence, à Christian Petzold d'instiller ce climat propre à la société totalitaire, où la suspicion généralisée règle les rapports sociaux et où l'abjection, domestiquée, devient pure affaire de routine. Cette terreur quotidienne est d'autant plus efficacement suggérée que le réalisateur n'a pas cherché à effacer les éventuelles beautés qui les entourent, ni le charme bucolique, dépeint dans une gamme chaude et automnale, de la nature qui lui sert d'écrin.
Il est d'autant plus intéressant de comparer le film avec les deux plus grands succès contemporains connus par le cinéma allemand dans son évocation de la RDA : Good Bye Lenin ! (2003), de Wolfgang Becker, et La Vie des autres (2006), de Florian Henckel von Donnersmarck. Entre la satire enjouée et nostalgique du premier et le drame paranoïde finement ciselé du second, ce que parvient à toucher Barbara est d'une autre nature, peut-être plus juste et plus profonde. Quelque chose qui montrerait l'horreur dans sa trivialité." - Télérama - Frédéric Strauss: Barbara" Tout en elle émeut, tout de suite. Sa beauté. Son air buté. Sa solitude. Sa colère rentrée, sa tristesse mal dissimulée. Tout en elle intrigue, sitôt qu'elle apparaît (...) Avec cette femme, le réalisateur allemand Christian Petzold retrouve son actrice fétiche, la remarquable Nina Hoss, et sa plus chère obsession : le sentiment que notre univers quotidien n'est peut-être qu'une illusion et notre existence une coquille vide, comme dans Fantômes (2005) et Yella (2007).
L'Allemagne de l'Est finissante est le cadre idéal d'une irréalité ordinaire, société où tout est théorique, où ne reste que le décor. Rues, couloirs d'hôpital, chemin sous les arbres, tous les lieux que traverse Barbara distillent une atmosphère étouffante, menaçante. Christian Petzold y fait résonner une vacuité absurde, et aussi la peur que le moindre geste soit vu, dénoncé. Rien ne doit déranger l'ordre immobile, les apparences immuables.
Tout ce que fait Barbara, dès lors, devient signe. Ses trajets en vélo. L'attention qu'elle porte à une patiente nerveuse, révoltée. L'attention qu'elle refuse de porter à un collègue médecin qui, lui, la regarde. Aux yeux de cet homme, beau personnage plein d'une générosité toujours retenue, Barbara devient fascinante. Comme elle l'est pour l'agent local de la Stasi. Et pour le réalisateur, et pour nous aussi bien. Son mystère habite le film, son secret guide le récit. Pour elle, la bannie, poussée dans un cul-de-sac de la RDA, une histoire se recompose. Pas seulement celle d'une résistance à un régime politique destructeur (comme on le voyait dans La Vie des autres).
A travers ce retour sur le passé de son pays, Christian Petzold soulève des questions qui dépassent les idéologies : la vraie vie est-elle toujours ailleurs ? Le présent est-il si vide et l'avenir si radieux ? Comme toutes les muses, cette Barbara a le pouvoir d'inspirer bien des pensées." - Les Inrockuptibles - Jean-Baptiste Morain: Barbara"En remettant à Barbara l’Ours d’argent de la mise en scène, le jury de la dernière Berlinale, présidé par Mike Leigh, a eu le nez fin. Barbara est le film d’un metteur en scène, un vrai, d’un agenceur de plans, d’un fin directeur d’acteurs, bref d’un cinéaste capable de donner de la tension à la moindre image.
A vrai dire, on le savait déjà de Christian Petzold, qui depuis Contrôle d’identité en 2001 a été le précurseur de la nouvelle vague allemande, marquant le retour de la rigueur formelle dans le cinéma d’outre-Rhin. Après une petite période de doute, son retour, avec Jerichow (2008) et surtout Yella (2007), tous deux sortis en même temps en France, creusait un peu plus le sillon d’un cinéma passionnant, haletant, attaché à l’écriture cinématographique comme celui d’Hitchcock, et posant sur la société de l’Allemagne de la postréunification un regard critique, voire ironique (...) La qualité du film de Petzold repose sur l’équilibre créé entre les deux forces qui le traversent, l’amour et le politique (la vie dans une dictature), dont la commune problématique repose donc sur la confiance (...)
Sans vanter le moins du monde les mérites du passé communiste (le climat de méfiance généralisé du film ne cherche à tromper personne), la mise en scène s’arroge le droit d’en montrer aussi les aspects positifs, avec ses propres armes – d’abord par l’image, aux couleurs vives qui mettent en valeur les paysages, les visages des personnages. Finie la grisaille généralisée des pays de l’Est qui était la norme choisie uniformément par les productions de l’Ouest – sans doute pas par hasard…
Le film de Petzold montre avec une réelle subtilité d’analyse, en évitant soigneusement de jamais tomber dans la métaphore, que la défiance entre les citoyens d’une même dictature s’accompagne d’une vertu insoupçonnée : l’attention aux autres. Certes, tout un chacun peut être un agent de la Stasi (nom qui n’est d’ailleurs jamais prononcé dans le film) mais cette autosurveillance généralisée engendre aussi parfois une solidarité inattendue entre victimes d’un même régime.
Un peu comme Ingrid Bergman dans Les Enchaînés d’Hitchcock, Barbara va bientôt se retrouver face à un dilemme : réaliser son rêve de s’évader de son pays (car il est possible) ou assumer la responsabilité de rester dans le sien pour tenter, à son niveau, d’améliorer la société comme elle ne va pas (Barbara sauve plusieurs de ses jeunes malades du pire).
Or ces deux décisions contradictoires coïncident justement avec les hésitations, les va-et-vient de ses sentiments. Qui aime-t-elle réellement ? Son amant passionné de l’Ouest plein aux as ou le Dr André, en qui la confiance s’installe au gré de leurs réussites médicales, mais aussi de leurs discussions ?
La réponse que ce beau personnage de femme donnera aux mille questions qui l’écartèlent sera magnifique, courageuse, ouverte, poignante. Et surtout habilement amenée par une succession de scènes à l’agencement réglé comme du papier à musique, au premier abord mystérieuses (la très belle séquence où Barbara rencontre la maîtresse d’un collègue de Jörg, son amant de l’Ouest), et qui pourtant rendent peu à peu compréhensibles les hésitations de Barbara, sa compréhension d’un monde toujours plus compliqué que ne le disent les idéologues de tous bords.
“Oh, Barbara, quelle connerie la guerre”, disait une chanson de Prévert. La Barbara de Petzold ne résout pas le conflit entre l’Ouest et l’Est. Mais elle incarne à elle seule les errements, les haines et les douleurs passées, profondes, souvent tues, de tout un peuple."
- Libération - Julien Gester: Barbara" On a rarement vu fiction totalitaire présenter une plastique si radieuse. Ouvert à tous les chatoiements et les lumières de la campagne environnante, le film est d’une beauté aussi époustouflante qu’il est glaçant (...). Ici, dans chaque bruissement, chaque interférence au souffle impassible du vent, dans chaque silence même, sembler gronder un danger, et l’orfèvrerie du travail sonore drape le film du climat de paranoïa coupante de l’époque.
Barbara s’est vu décerner le prix de la mise en scène au dernier festival de Berlin, et l’on ne saurait imaginer récompense mieux ajustée, tant Petzold y déploie une virtuosité totale. Agité de courts-circuits incessants, de ruptures du récit dans le mouvement, de l’irruption d’intrigues concurrentes ou de parasitage de l’image par le son, ce portrait de femme clivée trouve une forme éblouissante dans son art souverain du contre-chant."
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Tout voirvos avis (10)
Tout voir- KYLE01 avril 2023
- cyrille05 février 2023
- Philippe15 octobre 2020Très touchant. Juste. Le caractère morne de la campagne est-allemande sous la chape des pénuries et de la Stasi. L'esprit des citoyens est-allemands hors espions de la Stasi bien restitué.
- ELISABETH03 avril 2020
- Vincent23 mars 2020Vivre en RDA en 1980 n'est pas chose facile, surtout quand on rêve de passer à l''ouest. Barbara est un beau film du genre, mais un peu froid et d'un scénario gentiment mélo.
- Emilie07 novembre 2019Magnifique film, magnifique actrice
- Anna21 avril 2018Trop chouette!
- Magali20 mars 2018
- brigitte08 septembre 2017très beau
- 07 juin 2017