" … la première demi-heure du film de Cavalier nous comble au-delà de tout espoir. C'est l'actualité la plus brûlante qui envahit l'écran et le sens critique est aboli devant cette ouverture où les menées fascistes sont montrées avec une précision documentaire où l'on voit un commando de l'O.A.S. À l'entrainement et où visiblement deux événements politique véritables ont servi de base à cette séquence au cours de laquelle on tente d'assassiner, au moyen d'un bazooka, un parlementaire parisien.
Ce fils d'industriel, autoritaire, raciste, et quelque peu paranoïaque, est fort bien incarné par Jean-Louis Trintignant dont le jeu gagne en rigueur sans perdre son modernisme. Dans le rôle de son épouse, Romy Schneider, que Visconti nous avait révélée dans Boccace 70, fait preuve d'une grande sensibilité. L'image des personnages est nuancée, jamais caricaturale, sans complaisance sentimentale. Bref, tout ceci révélerait une étonnante hauteur de vue. Si...
S'il n'y avait pas la suite (…) l'épouse et le vieil aimi tomberont amoureux l'un de l'autre et l'histoire se terminera dans la violence, par un duel entre les deux hommes (…) on retire l'impression que les crimes de l'O.A.S. Sont destinés à couvrir des rivalités commerciales (la machination n'a été montée que pour nuire au père du jeune tueur !) et non point à préparer un coup d'état, ni à instaurer une dictature.
Transformer un adversaire en fantoche, ce n'est pas l'amoindrir, mais dissimuler le danger qu'il représente. Est-ce bien le but que poursuivait Alain Cavalier ? (…) la vérité, c'est qu'une analyse sociale prometteuse se trouve réduite ici à un banal conflit sentimental et policier. "